Chapitre 4

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  J'étais assise à la table de la cuisine. Cela faisait plus d'une heure que la pluie tambourinait contre la vitre. Il fallait que je change de « tactique ». Jusqu'à maintenant, je pensais qu'il allait falloir que je survive jusqu'à retrouver la civilisation. Mais en y réfléchissant, ça n'allait pas être très compliqué. J'avais tout un magasin à disposition et même plusieurs si je voulais. Le seul problème que je pourrais donc rencontrer à l'avenir, c'est l'ennui. Les humains, même en voie de disparition, étaient conçus pour s'occuper lorsqu'ils n'avaient rien à faire. Mais sans personne, c'est plus compliqué. J'avais des loisirs et des passions dans la vie. J'aimais beaucoup faire du sport, de la cuisine, du bricolage, mais je préférais encore plus rester avec mes amies. Là, il n'y avait pas moyen, elles avaient disparues avec tous les autres.

  Comment vivre sa vie à fond lorsqu'il n'y a plus personne pour la partager avec soi ? En plus, je n'étais qu'en troisième, je n'avais pas encore passé la conduite accompagnée. Il n'y avait qu'un seul moyen de locomotion que je maitrisais : le vélo. Waouh. Je n'allais pas partir bien loin avec ça. Et puis, à quoi bon partir ? J'étais chez moi, j'avais toujours vécu ici. Je ne trouverais sûrement personne où que j'aille. Le courant, les lignes téléphoniques ne marchaient plus. C'était bien la preuve qu'il n'y avait plus personne pour gérer les usines.

  J'étais fatiguée. J'avais eu beaucoup de mal à trouver le sommeil depuis le « Phénomène ». On ne peut pas bien dormir lorsqu'il nous arrive quelque chose qu'on ne comprend pas. Je commençais à somnoler. J'avais envie de dormir. Mais pas maintenant. Pas maintenant que l'idée venait de me traverser l'esprit. Avec un sourire, j'allai chercher un morceau de papier et un stylo. Quand j'étais petite, j'étais toujours déterminée à finir ce que je commençais. Et cela n'avait pas changé. Il fallait absolument que j'aille au bout de ce projet. Ce projet qui rendrait peut être ma vie un peu plus joyeuse, et sans l'aide de personne.

  Pourquoi devais-je me lamenter sur ce qu'il me manquait au lieu de me concentrer que ce que je pouvais obtenir ? J'étais toute joyeuse, et je me rendis compte que c'était peut être la première fois que je souriais depuis plus de trois jours. Je commençai à écrire. Au bout d'une demi-heure de réflexion, je pensais avoir fait le tour des idées qui me trottaient dans la tête. Dès qu'il ferait beau, je pourrais commencer. Mais ce n'était pas le cas. Et je ne voulais pas tellement arriver très vite à la fin, autant profiter. Alors j'allai me coucher dans mon lit et m'endormis aussitôt.

  Un flash. Des pleurs de bébé. Une maman qui berçait cet enfant. Voila ce que j'aperçus en l'espace de moins d'une seconde. Le noir. Puis une autre apparition. Quatre filles, plus jeunes que moi, qui rigolaient. Cette fois cela dura environ trois secondes. Je crus apercevoir une cantine de collège. Encore du noir. Et encore une autre image. Des pompiers. Une ambulance garée devant une maison. Des cris de fille. Et de nouveau du noir. Et de nouveau une image. Une fille. Elle pleurait. Elle était dans une petite chambre, assise par terre. Cette fille. Au dernier moment, j'aperçus son visage.

  J'ouvris les yeux avec difficulté. Je m'assis. J'étais encore choquée du rêve que je venais de faire. Le visage de cette fille... était le mien.

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