J'avais cette horrible sensation que l'on ressent quand la situation nous échappe. Quand on n'a plus aucun contrôle de ce qui se passe autour de nous. Je criai à m'arracher les poumons, dans l'espoir de recevoir une réponse. Mais il n'en fut rien. J'étais seule, mais pourquoi moi ? Pourquoi tout le monde était parti sans rien me dire ? J'étais impuissante, et des larmes roulaient sur mes joues pour tout arranger.
Je rentrai chez moi et m'effondrai au sol. Les larmes m'embuaient les yeux, tout était flou autour de moi. Je ne me sentais pas bien, j'avais du mal à respirer. Personne ne pouvait m'aider. Je paniquai, assise contre le mur du salon. Si j'étais vraiment seule sur cette planète, il allait falloir que je me débrouille, que je prenne en main ma survie. Je me levai tant bien que mal et j'allai dans la cuisine pour me servir un verre d'eau. Je me posai des questions. Qu'est ce qui avait bien pu éliminer tous les humains ? Si c'était une catastrophe naturelle, elle aurait laissé des traces de destructions comme des maisons effondrées, un changement de température ou même des cadavres. Mais rien de tout cela n'était présent. Les animaux étaient-ils restés ? Je pensais que non car je n'avais pas entendu les oiseaux chanter ce matin-là. J'avais aussi un chat, que je n'avais pas vu non plus.
Il fallait que je fasse une liste des besoins que j'allai avoir. Nous étions en juin, la chaleur s'était déjà installée, donc je n'allai pas avoir tout de suite besoin de chauffage. Quant à la nourriture, il m'était difficile de voir sur le long terme. Je savais que je pourrais manger des gâteaux, des brioches, du chocolat, des pâtes, du riz ou des choses comme ça dans les mois qui suivraient, du moins jusqu'à leur date de péremption, mais après ? Je pouvais conserver les produits frais à la cave qui avait une température assez basse, mais adieu les surgelés. Et si je restai plusieurs années, si je ne trouvais personne en tout ce temps ? J'allais être destinée à manger des conserves toute ma vie. Génial. Et l'eau ? Il devait rester une dizaine de bouteilles à la cave, mais une fois que je les aurai finies, devrai-je mourir de soif ? Il me suffit de cinq secondes de réflexion pour que je me sente idiote. Il me suffirait juste d'aller au supermarché le plus proche et de me servir comme bon me semble. Pareil pour la nourriture.
J'avais la nausée. Je n'allais jamais réussir à survivre toute seule, sans personne. Allongée sur le canapé du salon, je n'avais plus qu'à attendre que le temps passe, que la mort m'emporte comme pour tous les autres. Je ne voulais plus bouger. Je voulais rejoindre mes parents, ma sœur, mon chat. Je restai là, allongée, pendant un certain temps qui me parut une éternité. Je m'étais endormie, puis à mon réveil, la pendule affichait sept heures. J'avais passé la journée puis la nuit ici, et un autre jour commençait. J'avais soif. Et faim. Pourtant je ne voulais pas bouger de là. Je me laissai emporter par l'agréable somnolence du matin, et cela dura une bonne demi-heure.
Je cédai. Vers midi, je me levai et allai dans la cuisine pour me servir à boire et me préparer à manger. J'avalai en quelques bouchées la ratatouille froide sorti tout droit de la boite de conserve. La motivation pour me préparer un vrai et bon repas me manquait. Après avoir mangé deux carrés de chocolat, J'allai me changer pour mettre ma tenue de sport, puis je sortis courir.

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Seule
PertualanganTous les humains ont disparu. Seule Sofia est restée. Pourquoi elle? Elle n'en a aucune idée. Mais elle est désormais seule et doit se débrouiller pour survivre. Pourra-t-elle supporter ce poids? Jusqu'où peut mener la solitude?