Chapitre 4

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Marinette n'aime pas Chat Noir.

Mais qu'est-ce que je lui ai fait ? Avachi sur ma chaise de bureau, le menton relevé au plafond et les cheveux dans le vide, je profite du paysage du crépuscule derrière les nombreuses fenêtres de ma chambre.

Les seules fois où Chat Noir et Marinette se sont adressés la parole, elle semblait parfaitement normale, voire enjouée de parler avec le super-héros charismatique que je suis. Ce midi, j'ai appris qu'elle ne m'appréciait pas non plus sous mon identité secrète. J'encaisse le coup, mais j'aimerais bien comprendre pourquoi tant de haine. Son attitude contraste complètement avec celle de Mei à mon égard. Elle semble m'apprécier sous mes deux identités. Je suis content.

- « Est-ce que j'aurais, à un moment, blessé Marinette ? » Je demande dans le vide.

Mon kwami ne me répondra pas, de toute façon. Il est trop occupé à se lier d'amour avec le morceau de chèvre que je lui ai ramené des cuisines du manoir. J'ai beau fouillé mes souvenirs, encore et encore, il n'y a aucune trace d'une quelconque altercation entre Marinette et moi. D'une main, je frotte mon front, dégageant les quelques mèches qui collaient encore à ma peau. Je me redresse ensuite sur ma chaise en poussant un long soupir. Vingt-heures. Est-il trop tard pour rendre visite à mon amie ?

Non, il n'est jamais trop tard.

- « Plagg, transforme-moi ! »

- « Je ne suis pas assez payé pour ce job... »Geint-t-il avant de disparaître dans ma bague.

Les griffes acérées, les oreilles tendues au moindre bruit suspect et la ceinture faisant office de queue attachée à ma taille, je bondis du rebord de ma fenêtre. Mon bâton me propulse plusieurs mètres en avant. Les couleurs flamboyantes du ciel s'effacent pour l'obscurité de la nuit. Les lampadaires s'illuminent sous mon passage, je change de perchoir à une vitesse telle que je parviens plutôt rapidement devant la boulangerie Dupain-Cheng. La boutique est fermée, mais de la lumière s'échappe des deux étages, le deuxième correspondant à la chambre de Marinette.

L'espace d'un court instant, j'hésite à rebrousser chemin. Si elle ne m'apprécie pas, alors pourquoi l'embêter à son propre domicile ? Chat Noir n'est pas un harceleur, loin de là. Chat Noir est un gentleman qui attend patiemment le bon moment pour sortir ses griffes. Posé sur une gouttière de l'immeuble d'en face, j'attends le moindre signe qui me pousserait à sauter le pas.

Ce signe ne vient que vingt minutes après. Lorsqu'une silhouette se détache d'une trappe pour se hisser jusqu'à la barrière. Etrangement, alors qu'elle est appuyée sur le fer, le visage relevé vers le ciel, son regard ne capte pas la forme noire et chatoyante que je représente. De plus, son visage, habituellement apaisé et joyeux, s'affuble d'une moue embêtée, presque triste. Marinette n'a pas l'air en forme. Ma visite ne ferait que l'importuner...

Il me faut rentrer, sinon je ne serai jamais en forme pour la journée de demain. J'ai promis à Mei de l'aider en cours de science. Il semblerait que la nouvelle soit douée dans presque toutes les matières, mais le programme de chimie s'avère différent d'un collège à un autre.

- « Chat Noir ? »

Je manque de tomber de ma gouttière. Cet appel m'a surpris au point de me faire perdre l'équilibre. Fort heureusement, je parviens à me rattraper à la force de mes jambes. Tête à l'envers, je fixe le visage de mon amie. Je suis définitivement repéré.

- « Salut ! » Je réponds en remontant grâce à mes abdominaux parfaitement entraînés à cet exercice.

Avant de me faire repérer par les curieux du bas de la rue, j'allonge mon bâton et atterris sur la terrasse de Marinette. Celle-ci affiche un air surpris. Au moins, elle n'a plus l'air aussi triste que tout à l'heure.

LeurreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant