Chapitre 15

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 « Peuple de Paris, ici Ladybug. »

Lorsque la vidéo postée sur le Ladyblog commence, mon cœur s'emballe. Il s'agit bel et bien de ma partenaire. Mes entrailles se nouent. Respirer devient une véritable torture. Après avoir reçu un torrent d'insultes les dernières vingt-quatre heures, je redoute que le coup fatal revienne à celle que j'aime le plus au monde.

« Lors de la dernière bataille contre le Papillon, j'ai été lourdement blessée. Ce fut un combat très éprouvant pour moi, peut-être le plus terrible jusqu'à aujourd'hui. Vous l'avez vous-même constaté sur les vidéos qui ont été diffusées par toutes les chaines de télévision. »

En effet, peu importe quel programme je choisissais de regarder, tous ont partagé les images du Sacré-Cœur. Le nez collé à mon écran de téléphone, les paupières lourdes et les membres endoloris, je m'interdis de sombrer dans le sommeil avant de savoir ce que Ladybug veut nous dire.

« Il va de soi que je suis au courant de l'acharnement contre mon partenaire, Chat Noir. »

- « Là, ça devient intéressant. » Ricane Plagg.

« Moi, Ladybug, ne cautionne absolument pas ce genre de comportements. »

Je pousse un énorme soupir de soulagement. Certes, je ne l'ai pas vue depuis plusieurs jours, mais j'appréhenderai moins notre prochaine rencontre. Je retiens mon souffle à la fin de chacune de ses phrases.

« Chat Noir, mon partenaire, s'est toujours efforcé de vous protéger, quitte à se blesser pour sauver chacun d'entre vous. Et moi aussi, il m'a protégée. »

Le ton de la super-héroïne s'adoucit au fur et à mesure qu'elle s'adresse à la caméra. Mes joues se creusent d'un sourire que je ne tente même pas de réprimer. Jamais, même dans les combats les plus ardus, elle ne s'est permis d'avouer à quel point je lui suis cher.

« C'est pourquoi je vous demande, peuple parisien, de retirer toutes les manifestations de haine à l'égard de Chat Noir et de réfléchir à deux fois avant de lui adresser votre rancœur. S'il y a quelqu'un ici qui a le droit de lui en vouloir, c'est moi. »

La vidéo s'achève ici, à mon grand regret. L'envie me tiraille de l'écouter, encore et encore, jusqu'à ce que ses merveilleux mots à mon sujet s'encrent dans mon esprit comme une évidence universelle.

- « Impossible de dormir après ça. » Je soupire, dos au matelas, un sourire béat plaqué sur le visage.

- « Elle a dit qu'il n'y avait qu'elle qui a le droit de t'en vouloir, pas qu'elle ne t'en voulait pas. »

Je hausse difficilement les épaules. Peu importe. Si ma belle a pris les devants en demandant au peuple de ne plus s'acharner sur moi, alors cela signifie que tout n'est pas perdu. Du moins, elle donne une tout autre tournure à cette journée qui avait viré à l'enfer quelques heures plus tôt.

Mei a refusé que j'invite Marinette en ville, même pour quelques heures. Si je pensais que je ne laisserai jamais quiconque décider à ma place – mise à part mon père, pour des raisons de survie évidentes –, il est beaucoup plus compliqué de refuser quoi que soit à celle qui pourrait être ma Lady. Sans oublier le mensonge de Marinette. A ma connaissance, Chat Noir n'a pas convenu de lui parler sur la fameuse gifle. Pourquoi m'aurait-elle menti dans ce cas ?

Quoi qu'il en soit, je ne suis plus d'humeur à m'endormir. Le message vidéo de Ladybug m'a complètement réveillé ! Après un bref regard lancé à la baie vitrée, je me demande si une petite balade nocturne ne serait pas de trop.

- « Plagg, transforme-moi ! »

Accroupis sur le rebord de ma fenêtre, je vérifie qu'aucun message de la part de ma partenaire n'occupe ma boite de réception. Rien du tout. Alors que je m'élance en direction du voisinage, une partie au fond de moi espère que je la croise en route.

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