La route.

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Je marche dans la vie ; j'ai besoin d'écrire, ce soir. Parce que je me sens pas bien. Je ne me sens pas souvent bien, quand j'y pense ; quasiment jamais, en fait. J'ai toujours pensé qu'il manquait quelque chose à ma vie. L'amour ? Non merci, j'ai déjà donné. Une passion ? Je crois que je suis trop vide pour en avoir une. La foi ? Je ne suis pas fait.e pour ça, je réfléchis trop à ce qu'il ne faut pas. Plus j'avance dans la vie, plus je me dis que je n'ai vraiment pas ma place dans tout ce merdier. Et puis j'avance encore, et je me demande comment ce fameux merdier a pu s'installer, et pourquoi malgré toutes les putains critiques il est encore là. C'est vrai merde, depuis des siècles les hommes veulent changer la société, et quand ils y parviennent, c'est pour la rendre pire encore. Je m'arrête à un stop. Je lève la tête, je regarde les étoiles. Pourquoi on adule tant des boules de gaz mortes depuis des années ? Et bordel, si elles, elles sont aussi petites dans l'univers, que sommes-nous ? Je reprends ma route. Comment pouvons-nous accepter l'idée de n'être rien, seulement de vulgaires pions dans le grand jeu de l'univers ? Et pourquoi est-ce qu'on fait tout pour courir à notre perte ? On n'est pas pressés de marcher jusqu'à la mort, mais on court étrangement vite pour nous perdre. Ça me fait un peu bizarre de marcher dans ma vie tout en courant à ma perte. Je vois des ombres près de moi. Tant d'ombres, tant de personnes que j'ai connues dans un lointain passé, qui ont pris un chemin différent du mien. C'est toujours triste de voir des gens si proches qui finissent par s'être étrangers l'un à l'autre. J'ai mal aux jambes à force de marcher, parfois j'ai si mal que j'aimerais me laisser tomber sur le bord de la route. Mais j'ai pas le droit. Alors je me force, je force de toutes mes forces et m'efforce de garder le même rythme qui force sur mes jambes de bois. Toute mon éphémère d'existence, je continuerai à marcher sur la route de ma vie tout en courant à ma perte avec mes jambes de bois douloureuses. Je ne sais plus quoi dire. J'ai même pas envie de me relire. Alors je vais arrêter ce texte comme on pile devant un feu rouge. Comme ça.

Recueil de textes isolés. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant