L'orage

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La pluie frappe violemment les fenêtres, l'orage gronde des menaces et des éclairs déchirent le ciel tourmenté de novembre. Certaines maisons sont momentanément privées d'électricité, des enfants se réfugient dans le lit de leurs parents et beaucoup d'ombres deviennent agressives. Lui, il est là, il marche dans les rues obscures de la ville, son chien l'accompagnant. Il porte un manteau à capuche en cuir, le seul qu'il possède, mais le vent la balaie souvent pour torturer ses cheveux. Il tient fermement la laisse de son chien, le gardant près de lui pour le rassurer, pour pas qu'il n'ait peur de l'orage. Un vieux rock hurle dans ses oreilles, parfois plus fort encore que le tonnerre. Mais lui ne prête attention ni à l'orage, ni au vieux rock ; il est tranquille. Dans ses veines coule un étrange apaisement, celui qui vient après une trop violente existence, celui qui permet de rester calme pendant que le ciel se fragmente et que le monde s'agite tout autour. Un vieux chat aux couleurs de l'automne est assis sur un mur, à la manière d'une gargouille, et les fixe. Mais son chien, habitué à la race féline, l'ignore. Et lui garde les yeux rivés devant lui, le regard perdu dans le vague. Il se dit que c'est une jolie nuit. Il existe, il existe enfin dans le chaos d'un orage nocturne. Il existe quand personne d'autre n'est réel, quand plus un souffle de vie n'est perçu, à part un vieux chat aux couleurs de l'automne, mais même lui se prend pour une gargouille. Il existe. Il existe avec force, comme le tonnerre, mais il existe aussi avec apaisement, après s'être essoufflé d'une vie de violence.

Il sourit. Il sourit parce qu'il existe le temps d'un infime instant, parce que pendant une seconde de l'éternité, il s'est senti vivre.

Recueil de textes isolés. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant