Une vie.

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Ce n'est qu'un jour comme un autre. Un jour où elle se lève, se prépare, va travailler et rentre chez elle. Comme d'habitude, elle s'est faite abordée par son collègue, et faisait mine de ne pas saisir la lourde séduction sous-entendue. Encore une fois, sa sœur a appelé, tentant, en la prenant par les sentiments, de lui soustraire de l'argent. Pour ne pas changer, elle est arrivée devant son appartement à 18h13 précises. Elle n'en a pas marre, non, elle est habituée à cette routine. Elle se dit, parfois, que sa vie est monotone. Qu'elle n'a aucune saveur. Mais elle se rassure en se souvenant que, de tout façon, tout le monde a le même petit train-train quotidien. Que tout le monde a une vie monotone, sans aucune saveur. Tout le monde s'est fait à cette routine. Après tout, ce ne sont que des existences. De simples existences toutes semblables, insignifiantes, qui ne valent pas la peine qu'on se batte pour elles. C'est sûr, pourquoi changer? Pourquoi, alors qu'on a une petite vie tranquille, qu'on est presque heureux, faudrait-il qu'on fasse l'effort de tout chambouler, ne serait-ce qu'un peu? Il suffit de ne pas mettre le réveil le matin, de prendre un autre chemin, crier un bon coup, exploser, s'en aller. S'en aller une journée, une semaine, un mois. S'en aller pour se perdre. S'en aller pour se retrouver. S'en aller pour voir d'autres lieux, d'autres horizons. S'en aller pour écouter d'autres voix, d'autres mélodies. S'en aller pour oublier de mauvaises personnes, et en découvrir des mille fois mieux. S'en aller ailleurs, s'en aller au bout du monde, s'en aller toucher les astres et les abysses, pour essayer, seulement essayer, de vivre un instant.

Recueil de textes isolés. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant