Millford Sound

Millford Sound (19)

(IMPORTANT) A lire en écoutant : Sleeping At Last - In the Embers.

-POINT DE VUE DE MIA-

C'est un orage, rien de plus. J'essaye de me rassurer comme je peux. Mais je sais très bien ce qu'il va se passer. Tremblement, orage, tsunami. C'est ce qu'il s'est passé en Angleterre, il y a des années. C'est ce qu'il va se passer à Millford Sound. Inutile de le nier.

Il fait si froid. Je suis sans cesse parcourue par des frissons. Je suis enveloppée dans un immense pull de Lucas, je nage dedans. Il me gratte, mais j'évite de me plaindre.

Lucas vit seul, pourtant, d'autres personnes vivaient ici avant. Il reste de nombreuses affaires un peu partout. Étrangement, il s'est montré très gentils avec moi. Attentionné, même. C'était mal parti. Même si ses blagues sont assez lourdes, je lui suit reconnaissante de m'avoir fait autant rire hier soir. On dirait qu'il sait toujours comment agir avec moi. C'est apaisant.

Lucas est sorti, il vérifie la route et les alentours, pour voir s'il est prudent de sortir. J'explore sa maison. Mes pieds glissent sur le carrelage froid. Timidement, je pousse une porte. C'est une chambre minuscule. Une chambre de fille. La lumière entre à peine à travers les volets, je suis plongée dans la pénombre. La voix de Lucas me fait sursauter.

«Ah, ouais, j'y avais pas pensé mais, y'a des vêtements qui peuvent t'aller là dedans.» Je ne sais pas quoi dire.

«Hm.. merci, ouais. Je m'habille et je m'en vais. Je te demanderai plus rien.»

Il fronce les sourcils et quitte la pièce en soupirant. Il est énervé. Peu importe, je ne resterai pas ici. Je ne compte pas attendre sagement l'apocalypse, allongée dans son canapé.

Je prends un jean, un t-shirt, et une veste dans l'armoire. Une fois changée, je cherche Lucas pour lui dire adieu, pour le remercier, mais il n'est nul part. C'est peut-être mieux comme çà, je n'aime pas dire adieu. Je quitte rapidement la maison, avant de me dégonfler.

Le tonnerre gronde, et il commence à pleuvoir. Le cœur serré, sans trop réfléchir, je m'élance sur la route fissurée.

Le vent se lève, il est glacial. Je lève les yeux vers le ciel. Ces nuages ne sont pas rassurants du tout. La peur me pétrifie, je n'arrive plus à avancer.

Des bruits sourds parviennent à mes oreilles. Lucas court, il arrive vers moi, rouge et essoufflé. Il approche, si près que je peux sentir l'odeur de sa peau.

«Me laisse pas.» Nous l'avons dit en même temps, d'un ton suppliant.