Millford Sound

Millford Sound (20)

(IMPORTANT) A lire en écoutant : Sleeping At Last - As Long as You Love Me.

-POINT DE VUE D'EWEN-

Tout le monde a eu la même idée. Se réfugier au près des falaises de Millford Sound. Nous n'avons plus de chez nous. Tout s'est effondré. Pourtant, les gens gardent le sourire. Je ne sais pas comment ils font.

La nuit va tomber dans environ deux heures. Nous sommes dehors, le falaise nous protège peut-être du vent, mais nous sommes vulnérables. Je vois beaucoup d'enfants, de personnes âgés. Ils ont tous peur. Certains adultes se lancent dans des discours hypocrites. Ils essaient de nous redonner espoir, puis ce qu'il ne nous reste plus que çà pour tenir. Mais aucun d'eux ne sait quoi faire.

Des feux de camp s'allument, des chants s'élèvent. Maxime, une brute qui était dans ma classe autrefois, celui qui m'a traîné ici, m'informe que l'on doit faire une expédition en ville pour trouver de la nourriture. Parfait. Je ne supporte plus de rester assis sans rien faire. Il me jette un grand sac à dos en tissus.

La ville n'est plus qu'un champs de ruines, plongé dans un nuage de poussière. Tout est désert. Je repère tout de suite un magasin, ou plutôt, ce qu'il en reste. Maxime a trouvé un immeuble épargné par les secousses.

Après une bonne heure de fouilles, nous regagnons la plage, avec assez d'eau et assez de nourriture pour la plupart d'entre nous. Nous les distribuons aux plus faibles en priorité. Je suis épuisé, et mes mains sont écorchées. Je m'assois dans le sable, à l'écart des autres.

Le soleil s'est couché, un vent frais souffle sur la mer. Çà aurait pu être une belle soirée.

Un rire lointain m'écorche les tympans. Je connais ce rire. Je me lève, m'avance, bouscule quelques personnes et m'arrête net. Il est là, les pieds dans l'eau, à rire comme un imbécile. Lucas est là.

Son regard croise le mien. Je m'avance vers lui, lentement. J'aimerais lui dire à quel point il pourrit mon champ de vision, à quel point j'aimerais le faire disparaître.

Puis.. Je la vois. Elle. Mia. Une violente douleur me frappe dans la poitrine. Elle semble hésiter quelques instants.

Elle s'approche vers moi, les yeux brillants et les mains tremblantes. Je.. Je n'osais plus la croire en vie.

Elle se jette dans mes bras, je touche ses cheveux. Je n'y crois pas. Je prends son visage entre mes mains.

Elle est là, et bel et bien vivante.