La Première Fois

Chapitre IV

     Une fois l'avions atterrit, nous finissons le trajet jusqu'à Caen dans un bus, le voyage me paraît interminable, j'ai mal aux oreilles à cause de la pressurisation de l'avion, mais surtout j'ai mal au cœur et je m'en veux de ressentir ce sentiment car je m'étais juré de ne plus laisser quelqu'un s'approcher de moi et manipuler mes sentiments. Même si je ne lui dirais jamais, je lui suis reconnaissante de ne pas avoir franchi la limite hier au vu de sa réaction aujourd'hui, cela aurait d'autant plus catastrophique pour moi de vivre avec cette honte, de lui avoir servi de dévidoir.

Depuis que nous sommes descendu de l'avion mon téléphone à reprit du service, à peine ai-je eu le temps de l'allumer que je reçois des tonnes de messages, alors que je commence à les consulter, mon portable se met à vibrer.

Léachou: Mouhahahaha enfin je vais récupéré ma tarée, pas trop tôt j'en avais marre de bouffer des paquets de curly en t'attendant, «si t'as pas d'amis prends un curly» il disait à la pub, bon sang j'en ai fais une overdose!

Moi: Ah si tu savais comme tu m'as manqué mamacurly! La prochaine fois je t'embarque dans mes valises. On se voit quand?

Léachou: Très vite, il y a intérêt, j'espère que tu n'as pas fais trop de malheureux en Italie et brisé des cœurs par centaines. ;)

Moi: Si peu.. si tu savais!

Léachou: Houlà je sens qu'une soirée rosée-vodka est de rigueur soit pour fêter quelque chose ou pour l'enterrer.

Moi: Pas de raison spécifique pour sortir une bonne bouteille ;)

Léachou: Tu l'as dis bouffi. Jimmy m'appelle, je te retrouve bientôt <3

Moi: Ouiiiiiii! Bisous à Neutron et ne fais pas ce que je ne ferais pas :p

Léachou: Ouuuups trop tard :p

Après cet échange de messages, je préviens ma grand mère que nous sommes bientôt de retour et me laisse aller contre la vitre du bus, le paysage qui défile me donne l'impression d'étouffer, je ferme les yeux et mon cerveau se met sur pause pendant quelques minutes. Je sens Jessie me secouer gentiment, je ne pensais pas m'être endormie mais tant mieux, le trajet est passé plus rapidement. Nous voilà arrivé devant le lycée. Tout le monde descend au fur et à mesure puis récupère sa valise. Je prends Jessie dans mes bras et la serre un long moment pour la remercier indirectement de cette semaine où sa présence, sa joie de vivre et sa folie m'ont réconforté et ont réussi à me faire tenir le coup durant ce voyage périlleux. Puis nous partons chacune de notre côté, je vois ma grand mère qui m'attend avec mon petit frère, il a l'air en forme, je soupire de soulagement et me rends compte alors que j'avais peur que durant mon absence quelque chose ne lui arrive et que je ne sois pas là pour lui. Il me sourit et me saute sur le dos pour m'embêter comme il le fait depuis qu'il est en âge de marcher mais pour rien au monde je ne voudrais qu'il soit ailleurs que là, où je pourrais le tenir à n'importe quel moment en cas de chute.

Mon cœur se serre à l'idée que j'ai failli le perdre, j'essaye de repousser les images qui déferlent tel un torrent dans une nuit de tempête, et me fixe sur le moment présent. Je fais passer mon singe devant moi, l'embrasse sur la joue et repose par terre, ma petite baleine comme j'aime l'appeler. Je relève la tête et vois Fabien me fixer puis m'adresser discrètement un signe de tête, après avoir regardé mon petit frère. Je sais à quoi il pense mais je ne veux pas revenir la dessus et me contente de traîner ma valise sur le chemin du parking, quand j'entends quelqu'un dire: « Bah alors, on attend pas Patrick». Cette voix et cette réplique ne peux venir que d'une seule personne, je me retourne d'un coup et me mets à crier et à courir comme une dingue pour me jeter dans les bras de Léa. Et sens des bras m'entourer par derrière et me serrer aussi, me voilà prise en sandwich entre ceux que je considère comme ma famille, ceux qui m'ont sauvé plus d'une fois, mon couple d'amoureux favoris, Léa et Jimmy.