La Première Fois

Chapitre IX

     Je me lève lundi matin en sursaut, tiré encore du même cauchemar sauf que Fabien cette fois est celui qui m'arrache la peau tout en m'insultant de tous les noms possible, une nouvelle fois ma journée se débute par un énième tour dans les toilettes. Heureusement que nous disposons d'un cabinet de toilette en bas et un à l'étage, cela évite d'appuyer les soupçons de ma grand-mère. Une fois l'estomac vidé, je passe sous la douche et me prépare mentalement à appréhender ce début de semaine, qui va sans doute être déroutante. Aujourd'hui, j'abandonne la Sarah faible, naïve et manipulable et bien trop gentille, cette Sarah là laisse place net à la nouvelle, et une chose est sûr certains vont être abasourdis. J'enfile un pantalon slim en simili cuir, un tee-shirt noir moulant avec un décolleté très plongeant s'arrêtant pile sous mon soutien-gorge rouge en dentelle, on ne peux rater mes piercings qui attire l'œil, cela détournera l'attention de mon poignet bandé. Pour cacher mon cou et ma poitrine légèrement voyante j'opte pour une veste rouge, comme ça ma grand-mère ne se rendra pas compte de ma tenue assez légère. J'applique sur mes yeux de l'ombre a paupière noir, souligné par un coup de crayon noir et bien sûr, le tout surélevé par un mascara noir profond également qui agrandit mes yeux bleus. Sur mes lèvres, une nuance du même rouge que ma veste rend ma bouche pulpeuse. J'enlève mes piercings du nez et de la lèvre pour les remplacer par des anneaux, avec les piques à l'arcade j'ai tout l'air d'une gothique ou une marginale mais peu importe, je ne me reconnais pas et ce sentiment est sincèrement jouissif. Je me coiffe rapidement de manière à ce que seul la coloration noir soit visible. J'attrape mon sac en bandoulière où est représenté une tête de mort enflammé, je mets mes Doc Marten's montante, et je sors de la maison avant que ma grand-mère me surprenne.

Les écouteurs déversant du métal dans mes oreilles, je regarde défilé les arrêts de bus, au bout de quelques minutes il s'arrête devant le lycée, je respire un grand coup et sort de ce dernier. Le retour en arrière est impossible, je ne cesse de me répéter que je suis une nouvelle Sarah, que rien ne peut m'atteindre. J'allume une cigarette, ouvre ma veste et me dirige droit vers mes amis, je m'arrête à leur niveau et j'attends qu'ils réagissent, plusieurs secondes ou minutes défilent dans le silence.

- Putain, Sarah c'est toi? me demande Jimmy.

- Yep, vous allez bien? Vous avez passez un bon week-end?

- Attends attends attends! Qu'est ce qui s'est passé? Tu as fais  quoi à tes cheveux? Et tes fringues c'est quoi? Et oh merde, un piercing à l'arcade en plus et entre tes seins c'est quoi? Me questionne Léa qui m'a l'air au bord d'une attaque.

- Besoin de changement, c'est plutôt cool hein? Entre mes seins c'est un cadeau de Rodolphe.

- Tu fais un peu dans l'excessif quand même, tu ne trouves pas? lance Jessie.

Je soupire, je m'attendais à ce que ça les surprenne mais pas à ce point là tout de même, après tout ce ne sont que des changements vestimentaires. Je passe une main nerveusement dans mes cheveux et les relève.

- Cela dit, ta couleur de cheveux est juste géniale. Je n'avais pas remarqué le rouge, s'extasie Jessie.

- Et puis si ça te plaît, on te soutient, il faut juste qu'on s'y habitue et Jessie à raison ça te va plutôt bien, me rassure Léa.

Je leur sourit et rallume une cigarette, ils me détaillent leurs week-ends et à mon tour je leur raconte mon samedi chargé entre shopping, coiffeur, pierceur et tatoueur.