32: conversation de coureurs - C

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Lundi 12 septembre 2016 :

Le premier week-end après la rentrée est passé vite. Deux jours, c’est court.

Nous sommes tous les trois sur le parking du lycée. Florian sort les sacs de cours du coffre avant qu’on y aille.

Ma matinée commence avec deux heures de français. Je ne me sens pas vraiment motivée alors que j’aime bien ces cours. Les textes que nous devions réviser pour aujourd’hui sont ceux de Marivaux. On a plusieurs textes à analyser sur le livre ; La double inconstance.

Je dis au revoir aux garçons avant d’aller rejoindre ma classe. Devant la porte de la salle, la plupart de mes camarades attendent la prof. Je dis bonjour à Marie, Lucas et Solène.

Chacun leur tour, ils racontent leur week-end. Marie était à l’anniversaire de son oncle, Lucas est resté tout le week-end sur son ordinateur et Solène a fait une randonnée avec sa famille. Quand vient mon tour, je ne sais pas vraiment quoi dire.

Moi ? Rien de spécial, je me suis envoyée en l’air avec Ethan, le mec canon. Je ne vous ai pas dit ? Nous vivons sous le même toit. Nos parents sont ensemble, ce qui fait que je vis avec Florian et Ethan. Maintenant vous le savez.

Non, non, non Rose. Tu ne peux pas leur dire ça.

«  - Ordinateur et livre, tout le week-end. 

    - Vos week-ends à vous deux sont tristounets, rigole Solène. »

Driiinnggg!

Il est 8H00 et on commence à rentrer en classe. Au fond de la salle, des personnes font les cons avant que madame Beret les interpelle.

Pendant le cours, je pense, bien sûr, à Ethan et Florian. Je pense tout le temps à eux. Ils me manquent déjà. Je veux être près d’eux.

A côté de moi, Marie s’amuse avec son stylo. Elle n’a pas l’air très attentive, contrairement à Lucas, qui lui, est hypnotisé par le cours.

La prof lit les textes, ce qui en arrange plus d’un qui ne l’ont pas fait ce week-end. En maths, le cours portait sur les fractions, c’est tout ce que je peux vous dire et en anglais, c’était sur les verbes irréguliers. Je les ai appris par cœur.

À midi, je suis à table avec les trois seules personnes auxquelles j’adresse la parole dans ma classe. Je suis en pleine discussion au sujet de la course à pied quand je vois mon portable vibrer sur le plateau.

ETHAN : Tu es dans le self ?

MOI : Oui. Près des fenêtres. Tu nous rejoins ?

ETHAN : C’est ce que je suis en train de faire. J’arrive dans cinq minutes avec Florian. 

MOI : Cool ! Je vous attends. 

Solène me demande pourquoi je souris bêtement en regardant mon portable. Je lui dis que ce n’est rien d’important. Après quelques secondes, je leur annonce :

«  - Florian et Ethan nous rejoignent. »

Marie semble toute excitée à l’idée de les revoir. Elle ne tient plus en place sur sa chaise. Solène me demande directement si un des deux est mon copain et je lui réponds tout de suite non.

«  - Vous aviez l’air d’être proches, mercredi après-midi, au club de course.

- Disons qu’on s’est connu avant la rentrée, mais non, aucun n’est mon copain.

- On dit qu’ils ont la réputation de se taper pleins de filles, ajoute Lucas. »

L’image d’Éric demandant à Ethan s’il a invité une fille samedi soir, me revient en tête. Je sais qu’il est sorti avec Olivia et qu’il a couché avec Eloïse mais je me demande qui sont les autres filles.

«  - Moi, je les trouve sexy.

- Comme toutes les filles, Solène, réplique Lucas. C’est vrai qu’ils sont bien foutu »

Je les écoute parler des deux garçons quelques minutes avant de les voir arriver. Je leur souris et leur propose de s’asseoir. Je suis soulagée de les voir que tous les deux.

Les deux pouffes ne sont pas là, tant mieux !

«  - Salut tout le monde, disent-ils en cœur. »

Il y a des saluts et des bonjours de la part de tout le monde. Les filles sont hypnotisées. Elles se parlent entre elles à voix basse. Leurs joues sont devenues rouges.

Mon dieu ! Ils font toujours cet effet là, à toutes les filles ?

Cela devient agaçant de voir toutes les filles baver à côté d’eux.

Je remarque quelques minutes plus tard qu’ils s’en foutent des autres, leurs regards sont braqués sur moi. Je toussote et regarde ailleurs pour qu’ils en fassent de même et ils sourient avant de m’imiter.

Je ne comprends toujours pas pourquoi ils sont amoureux de moi. Je ne suis pas la plus jolie et la plus populaire du lycée. Je suis loin de ressembler à Eloïse ou Olivia qui sont, elles, des vrais mannequins. Le genre de filles qui peut faire la une des magazines people comme Closer, Vogue ou encore Elle.

Ethan a un regard doux et romantique tandis que celui de Florian est un peu plus sombre. Je me demande bien avec qui il a pu sortir. A ce moment-là, j’ai en tête la fois où il a dit à Ethan qu’Eloïse n’est pas mal pour un coup d’un soir mais je ne pense pas qu’il l’ait fait avec elle.

Dans nos assiettes, c’est de la purée et je ne sais pas quoi comme viande. On dirait du poulet mais ça n’en a pas le goût. La mixture de patate est largement trop salée. C’est vraiment dégueulasse, ça m’écœure.

Je regarde l’assiette des autres et constate qu’ils pensent comme moi. Florian et Ethan, qui d’habitude mangent tout dans leur assiette, en ont laissé la moitié.

A table, nous parlons toujours du club de course. Et je vois que Marie est un peu perdue.

«  - Comment vous faites pour avoir la volonté de courir ? À votre place, je ne pourrais pas. Dit-elle.

- Ce n’est pas une question de courage, Marie, un peu au début mais après ça devient comme une drogue. C’est une sensation de bien-être et tu entretiens ta santé, notamment ton cœur. Lui répond Ethan.

- Il n’a pas tort, renchérit Lucas. Quand on court, on se sent bien. On se sent libre.

- Voilà. Intervient Florian en faisant un geste vers Lucas pour lui dire qu’il a raison. »

J’écoute la conversation. Je suis totalement d’accord avec eux. Quand on court, on a la sensation de s’évader. De s’envoler.

Quand je regarde ma montre, je constate qu’il est l’heure de sortir du self. Je préviens la bande qui acquiesce. Je sors de table la dernière et quand je tourne la tête, je vois Florian me lancer un bisou et Ethan me faire un clin d’œil.

Nous arrivons devant la salle d’histoire-géographie et Marie me saute dessus pour me dire, pardon, me crier :

«  - Il a retenu mon nom ! Ethan a retenu mon nom ! »

Elle sautille de joie sur place avant d’ajouter :

«  - Je suis définitivement amoureuse de lui. Tu crois que lui est amoureux de moi ?

- Peut-être, qui sait. »

Je ne crois pas du tout à ce que je dis mais je ne veux pas lui dire la vérité. Je ne connais Marie que depuis une semaine et je trouve que c’est une fille chouette. J’aime beaucoup ses cheveux blonds qui n’ont jamais l’air d’être emmêlés et ses yeux si bleus comme la couleur du ciel en plein été.

Marie est vraiment le genre d’amie que tout le monde a envie d’avoir. Elle ne se prend pas la tête, parfois elle est dans les nuages. Elle est très gentille et il est difficile de croire qu’elle pourrait faire du mal à qui que ce soit. Je ne sais pas comment la remercier d’être venue vers moi le premier jour.

La sonnerie de 13H00 retentit et nous rentrons tous dans la classe.

Rose. M. ( Journal De Rose ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant