45 : après-midi shopping

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Je suis dans la boutique H&M avec maman. elle est immense, on s’y perd. Avant d'aller dans ce magasin, nous sommes allées à PROMOD, ETAM et une autre petite boutique dont je ne me rappelle plus le nom. Ensuite, nous nous sommes arrêtées dans un petit bar où nous avons pris un cocktail sans alcool.

J’ai expliqué à ma mère ce que j’apprends en cours, comment cela se passe au club de course et les amis que je me suis faite. Elle m’a demandé si j’ai un copain et je lui est bien sûr répondu que non.

En ce moment, je parcours les rayons à la recherche de tout et de rien. J’ai déjà déniché dans les boutiques précédentes, un jeans slim et un haut noir à manches trois-quarts aux motifs fleuris. 

Ma mère trouve son bonheur à travers les rayons. Tout lui plaît. Elle brandit plusieurs vêtements en me répétant : « Regarde celui-là comme il est beau ! »

Elle court partout.

Moi je flâne par-ci par-là en regardant rapidement. Il faut que ça me tape à l’œil avant que je prenne le vêtement dans mes mains.

Mes pensées se perdent comme d’habitude. Je me ressasse ma semaine de cours ainsi que l’embrouille entre Ethan et moi. Je me remémore en même temps ma matinée avec Florian. Le jeu sur la PS4 et le petit moment dans sa chambre, tôt ce matin.

Ce souvenir récent me fait sourire et me donne des petits picotements dans l’estomac. Mes pensées sont aussitôt écartées par la voix de ma mère :

« - Rose ! Regarde cette robe ! Elle est magnifique ! »

Elle tient dans ses mains, une robe couleur bordeaux avec beaucoup de tulle. je dois admettre qu'elle est splendide.

Maman me supplie de l’essayer et je lui réponds immédiatement à l’affirmative. Elle me la donne et quand le tissu effleure mes doigts, j’ai l’impression de toucher une plume tellement cette robe est douce et légère.

Je me dirige vers la cabine avec ce trésor. Quand j'en sors avec la robe sur moi, ma mère a un moment de surprise. Ses mains sont sur son cœur. Sa bouche et ses yeux sont grand ouverts et figés. À son expression, j’ai l’impression de sortir de la cabine vêtue d’une robe de mariée.

Je remarque qu’elle commence à pleurer de joie.

« - Oh ma chérie ! Tu es une magnifique jeune fille dans cette robe ! Tu es tellement belle. »

Je me regarde dans le miroir à ma droite.

Lorsque mes yeux contemplent mon reflet, j’ai l’impression de regarder une autre personne. Je ne me reconnais pas. Je n’ai plus l’impression de voir une adolescente mais une jeune femme.

La robe m’arrive en haut du genou. Les bretelles tombent sur les bras. Il y a de la dentelle sur le bustier et la jupe a plusieurs épaisseurs de tulles, ce qui donne un effet volumineux. 

Je souris face à cette nouvelle image de moi. Ma mère continue de pleurer en venant vers moi :

« - Pourquoi tu pleures maman ? Demandé-je.

   - Parce que je ne t’ai pas vu grandir, mon bébé, me répond-elle. »

Elle me sert dans ses bras. Nous restons enlacés quelques secondes avant que je lui informe que j'aille me changer.

« - Tu la veux ? Me questionne t-elle en parlant de la robe.

   - Je vais là mettre pour quelle occasion ? »

Ma mère me contemple avec un petit sourire. Elle vient d’essuyer ses yeux, avec un mouchoir en papier trouvé dans son sac à main, en faisant attention à ne pas enlever son mascara. Son jeans noir assorti à son chemisier rose clair, lui vont à ravir. Elle me répond :

« - Pour tes seize ans par exemple. »

Je lui souris et retourne dans la cabine.

J’avais oublié que mon anniversaire est dans trois semaines. Précisément le 10 octobre. J’espère que nous ne ferons pas de grande fête. Je n’ai pas envie d’en faire trop. Le fêter entre nous, sera parfait.

Maman me parle derrière le rideau :

« - Tu veux quoi pour ton anniversaire ?

   - Je ne sais pas encore, lui avoué-je.

   - Réfléchis. Tu as bien une idée ? »

Je sors de la cabine d’essayage et lui réponds que je veux juste un repas entre nous cinq.

Je pense à un moment, inviter Marie mais celle-ci apprendrait toute la vérité à propos de la « cohabitation ».

Il est 18H00 lorsque nous nous dirigeons vers les caisses pour régler les articles. Alors que je traverse le magasin avec ma mère je croise au loin une tête qui ne m’est pas étrangère. Je regarde mieux et m’aperçois que c’est Olivia.

Merde ! qu’est-ce qu’elle fou là, celle-là ?

Elle est avec une femme, vêtue d’un tailleur noir serré avec des escarpins beiges. Sans doute sa mère.

Au moment où je m’éloigne, Olivia m'aperçoit. Nos regards se croisent. Celle-ci vient vers moi, seule, puis elle m’aborde :

« - Bonjour Rose. »

Le ton qu’elle a pris pour me saluer, n’est pas des plus chaleureux. Je lui souhaite aussi bonjour. Ma mère fait de même mais avec un grand sourire.

Olivia porte un jeans slim bleu clair délavé avec des baskets plates Adidas et un pull jaune orange large qui cache pour une fois ses formes.

« - Vous êtes dans la même classe ? nous demande ma mère.

   - Nous sommes dans le même lycée mais Rose est en première et moi je suis en terminale, lui répond Olivia.

   - Terminale ? Tu dois connaître Ethan et Florian alors ? »

Je fais les gros yeux à ma mère qui ne semble pas le remarquer.

« - Oui je les connais très bien, surtout Ethan. Je suis sortie avec lui en début d’année. Ce sont vos voisins, c’est bien cela ? »

Maman alterne son regard entre Olivia et moi pour répondre :

« - Nous ne sommes pas voisins, nous vivons ensemble. Ethan est le beau fils de mon conjoint…

   - Maman ! il est 18H10 ! il faut y aller maintenant ! »

Ma mère me regarde en fronçant les sourcils, comme pour demander :  « il y a un souci ? ». Je lui réponds en haussant les sourcils.

Comprenant que je communique en messages codés, elle prend une grande inspiration pour entrer dans mon jeu :

« - Tu as raison, Rose. Nous devons y aller, j’ai le dîner à préparer. »

Olivia plisse les yeux. Son regard est douteux. Quand ses yeux me fixent avec un haussement de sourcils, j’imagine qu’elle vient de comprendre que j’ai menti depuis le début.

Maman se tourne vers celle qui me déteste (son regard ne me laisse pas imaginer le contraire) pour lui souhaiter au revoir :

« - J'ai été enchantée de faire ta connaissance Olivia. À bientôt.

   - moi de même, madame Mercier, bonne soirée. »

Je ne savais pas qu'Olivia connaissait mon nom de famille. Cette fille aux cheveux châtains que je n’aime pas non plus, me lance un rapide « Au revoir » sans sourire avant de disparaître dans les rayons. J’ai soudain pas très envie d’être lundi.

Nous arrivons à la caisse. Au total : quatre-vingt-treize euros de vêtements. Maman paye en carte bleu, pendant que mon regard s’attarde au loin sur Olivia et cette femme qui sont dans le rayon sous-vêtements.

Maman en a trop dit sur notre situation et je sens qu’Olivia n'est pas prête d’oublier ces paroles.

Je me remémore son regard qui signifiait « Je vais te pourrir la vie » et me rends compte que je suis très mal pour lundi.

Quand nous montons dans la voiture, maman me questionne :

« - c’est quoi cette histoire de voisin ? »

Je lui réponds en attachant ma ceinture tout en faisant attention à ne pas croiser son regard, que je ne veux pas que cette situation se sache.

Maman me demande pourquoi et je lui réponds juste avec un : « parce que ».

Je sais, cette réponse est stupide et n’en n'est pas une mais je n’ai trouvé aucune autre explication à lui donner sur le champ.

Ma mère démarre la voiture et nous sortons du parking en silence.



Rose. M. ( Journal De Rose ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant