Rose. M. ( Journal De Rose )

59 : Petite visite imprévue

Je suis assise dans le couloir du bâtiment A qui est désert. Je pleure mais je ne sais pas pour quelle raison. J’implore qu’on m’aide mais il n’y a personne.

J’ai maintenant un bout de verre dans la main, celui-ci vient de la vitre à côté de moi qui est brisée. Des milliers d’éclats de verres jonchent sur le sol froid.

« - Laurine ! »

Une voix féminine et familière crie dans le couloir. Celle de Marie. Ses vêtements sont déchirés. Elle court jusqu’à moi et me prend les mains en me les mettant sous mes yeux.

Mes poignets sont en sang. Je suis sous le choc. Pourquoi m’appelle-t-elle Laurine ? J’ai plusieurs entailles profondes sur mes avant-bras. C’est moi qui ai fait ça ?

« - C’est notre secret Laurine. Il ne faut pas en parler. Tu as voulu jouer, tu as parié, tu as perdu. »

Quand je relève la tête, mon amie en face de moi a disparu. Une autre voix derrière moi m’appelle, cette fois-ci, par mon vrai prénom. Je me retourne et pense que la fille qui m’appelle est la vraie Laurine, même si je ne l’ai jamais vue. Elle est blonde et mince, vêtue d’une robe bleu nuit.

En pointant du doigt la direction, elle m’ordonne maintenant de regarder par la fenêtre. J’obéis.

« - Ne te laisse pas manipuler par les autres, Rose. Tout cela n’est qu’un jeu pour eux et ils causeront ta perte. »

Laurine a maintenant disparu et quand je regarde par la fenêtre du premier étage, un corps est allongé sur le bitume. Un liquide rouge l’entoure. Du sang… Mon sang… c’est moi qui est sans vie sur le sol, au milieu de la cour, entourée d’une centaine de lycéens.

Ethan fait irruption. Je me retourne pour lui faire face.

« - Je ne serais pas toujours là pour te protéger et puis ce n’est pas de ma faute ce qu’il t’arrive. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. »

Sans aucune hésitation, il s’avance et me pousse pour me faire tomber.

Je suis maintenant en chute libre, le sol s’approche de plus en plus. Il est tout près. Je vais bientôt m’écraser par terre.

J’ai peur.

Je me mets à crier « Aidez-moi, aidez-moi ! ». Puis avant que tout cela ne cesse, je crie une dernière fois.

« - NON !! »

« - Rose ! Réveille-toi ! Ce n’est qu’un cauchemar. »

Je me réveille en sursaut, trempée de sueur. Mon cœur bat extrêmement vite. Ma mère qui m’a réveillée me prend dans ses bras pour m’apaiser, me réconforter. Je fonds en larmes dans ses bras et celle-ci resserre son étreinte.

« - J’ai eu si peur maman, j’ai vraiment eu peur. »

Ma mère qui me tient dans ses bras, ne dit rien. Elle se contente de me serrer fort contre elle sans me demander de raconter ce cauchemar. Heureusement.

Ce dernier devient de plus en plus flou dans mon esprit mais quelques images sont toujours présentes dans ma tête : Mes bras en sang, mon corps inanimé sur le sol et Ethan qui me pousse du premier étage. Cette pensée resurgit et me glace le sang.

Il ne ferait jamais ça ? Il n’oserait pas m’abandonner ?

Je regarde l’heure et remarque que je suis en retard. Avant que ma mère ne sorte de ma chambre, elle repousse mes cheveux et m’embrasse le front en m’annonçant qu’elle va préparer le petit-déjeuner.

Une fois seule, je m’habille en quatrième vitesse et dévale encore plus vite les escaliers.

                          ***

« - Et voilà ! on est arrivé. » Nous avoue Ethan dans la voiture.

Je ne sais pas pourquoi mais, l’idée de retourner en cours ne m’enchante pas plus que cela. C’est peut-être à cause des récents évènements. Je me demande ce qu’il va se passer cette semaine. L’alarme va-t-elle encore se déclencher ? Est-ce qu’Olivia va encore m’embêter ? Sans parler de Maxence que j’ai laissé en plan lundi dernier, sur le parking du lycée. Il faudrait que je lui présente mes excuses.