À l'ombre de nos vies

Chapitre 4

On nous dit après la mort d'un être cher que tout ira bien et qu'un jour on fera notre deuil, mais est ce réellement possible?

Cette nuit là au lieu du rêve habituelle, elle avait rêvé de son frère: il était apparu tout souriant, ses yeux pétillants de vie et son skateboard à la main. Ils avaient l'habitude de rouler dans les rues tard le soir, se moquant l'un de l'autre lorsqu'ils chutaient. Alors plutôt que de se réveiller en sursaut, elle fut réveillée par une voix masculine et des miaulements.

« Putain surveille ton chat! S'écria Emilio en ouvrant la porte en grand et jetant le chat sur le lit de la jeune femme encore endormie.

- Tu réveilles toujours les gens comme ça ? Demanda-t-elle en se frottant les yeux et rejetant la couette, Max venant se blottir contre elle en tremblant.

- Oui lorsque leur animal de compagnie vient vous réveillez en vous léchant le visage! Lâcha le jeune homme torse nu et sarcastique.

- Désolé.. Dit-elle en sortant du lit seulement en sous vêtements, ce qui n'échappa pas au jeune homme: il observa sa peau recouverte de dessins, symboles, mots mais aussi de cicatrices plus ou moins grandes dont une sur son ventre particulièrement importante: elle partait du côté droit de ses côtes et descendait jusqu'à sa hanche gauche en passant à quelques centimètres de son nombril.

Elle s'étira et attacha ses longs cheveux châtains dans un chignon d'où quelques mèches dépassaient puis se tourna vers le jeune homme qui la détaillait, les sourcils froncés.

- T'as l'intention de me reluquer encore longtemps? Cracha-t-elle irritée par le regard brûlant du jeune italien.

- Tu devrais t'habiller, les autres ne vont pas tarder à se réveiller. Fit-il froidement en se dirigeant vers la sortie, jurant contre lui-même.

Pour toute réponse elle soupira et récupéra ses vêtements éparpillés au sol mais marmonna pour elle même un « toi aussi habille toi idiot ».

C'était la première fois depuis la mort de son frère qu'elle avait aussi bien dormi, elle en ignorait la raison mais était soulagée de s'être enfin reposée. Elle ne savait pas exactement quoi faire, elle ne pouvait pas aller travailler avec Max et ses affaires sur le dos, de plus c'est au salon de tatouage qu'on l'avait vu avec Emilio et que tout avait commencé. Elle pensa quelques instants à quitter la région parisienne mais pour aller où? Et puis les mots de Marcus résonnèrent dans sa tête: elle n'avait plus rien à risquer ni à perdre à part sa propre vie. En restant avec les Vesari, elle avait une chance vivre et de se défendre alors que seule et sans armes elle était quasi certaine de mourir. Mais en étudiant cette option, une chose jusque là enfoui et placardée dans son cœur refit surface: la vengeance. Elle s'était promis de venger la mort de son frère mais s'était résolu à ne rien faire, la douleur de la perte de celui-ci était encore trop vive. Cependant aujourd'hui qu'est ce qui l'en empêchait à part sa conscience qui lui disait d'oublier cette idée et de quitter ces lieux.

Cependant il suffit qu'un Pins en forme d'encre marine tombe de son sac pour que sa décision soit prise, l'une des uniques choses qui lui restait de lui. Elle prit son chat dans ses bras, le caressa doucement puis le reposa sur le lit avec un sourire au lèvre. Le chaton miaula comme pour l'appeler lorsqu'elle franchit la porte de la chambre bien décidé à faire part de sa réponse au maître des lieux. Elle avança dans le long couloir jusqu'au salon où ils s'étaient parlés la veille mais n'y trouva personne, elle continua son chemin jusqu'à entendre des voix masculines provenant d'une pièce sans porte et à l'ouverture plus large que les autres. Elle y découvrit une grande cuisine ouverte donnant sur un second salon où de grands canapés et un écran plat étaient installés, l'odeur du café occupait la pièce alors que quelques hommes d'âges différents parlaient entre eux dont les Vesari. Elle toussa pour attirer l'attention tout en pénétrant dans la pièce, aussitôt les discussions faiblirent et les regards se tournèrent vers elle.