Pluie de Larmes

Perdue

Un tuyau par là, un autre par ci. Elle en pousse délicatement un qui bloquait son passage. Tout est si brouillon ici... La lumière rouge qui filtre à travers la membrane inonde son visage. Elle avance encore un peu, elle n'a pas le choix si elle veut se sortir de ce fatras d'informations.

Elle enjambe encore un tuyau et la tristesse lui coupe le souffle. Deux grands yeux bruns la regardent avec malice. Elle se déchire. Elle se noie dans ses larmes. Tout est tellement violent. Comment avancer encore avec ça? Elle regarde ses rêves se noircir. Elle est si triste.

Elle regroupe les morceaux d'elle même comme elle peut, les recolle pas forcément dans le bon sens et courbe le dos. Elle y enfouit ses larmes. Il est immense maintenant. Mais au moins elle ne pleure plus. Elle continue de poser un pied devant l'autre.

Son rythme respiratoire s'affole. Ses pensées chantent, sifflent comme des oiseaux. Son sourire resplendit. Tout rayonne. Elle est joueuse. Elle court, vole... Trébuche et tombe. Tant pis, pas encore cette fois. Les oiseaux l'abandonnent, de toute façon elle n'y a jamais vraiment cru. Enfin si mais elle est obligée de se mentir si elle ne veut pas que son dos n'explose.

À quoi ça sert d'y penser ? D'imaginer ? T'intéresse personne ma vieille.

Elle avance sa tête parce qu'elle a du mal à traîner le reste d'elle même. Elle s'envole. Ses yeux brillent tellement fort que toutes les étoiles du ciel disparaissent. Son corps vibre de cette énergie nouvelle. Passion. Passion. C'est tout ce qu'elle retient de cet état. Elle savait déjà que ça existait, tout simplement parce que ça fait longtemps qu'elle est passionnée, mais tout prend des proportions incroyables. Et puis elle est obligée de reposer pied à terre. Dommage, ça lui faisait du bien. Maintenant elle est terriblement fatiguée.

Tu n'y arriveras jamais.

Elle pousse difficilement un autre tuyau pour essayer de se sortir de là. Elle en a assez. Elle voudrait s'enfermer dans un cocon empli de langueur pour ne plus jamais ressentir tout ça. C'est trop dur, trop vif, et trop d'un coup.

Les doutes l'assomment. Elle ne sera jamais ce qu'elle veut être. Elle n'est pas assez courageuse. Elle n'a jamais rien fini, ou alors c'est nul. Elle n'aura jamais le courage d'essayer. Et puis on lui dit si souvent... "Mais tu sais que c'est ultra dur d'en vivre ?" "Bon et en vrai métier tu penses faire quoi?" "Je veux pas te décourager hein mais... Pourquoi tu veux pas être prof plutôt?"

Elle se relève. Mais elle veut être. Qui elle est. C'est laquelle, elle? C'est laquelle bordel?!

Elle a mal. C'est passager, elle sait. Mais c'est douloureux quand même. Elle sait qui elle est. Un combat de terminé. Mais qui voudra d'elle? Et qu'est ce qu'elle deviendra? Qu'est ce qu'elle fout là... Elle n'est pas à sa place ici. Elle déteste le bordel qui règne dans son coeur. Elle si désorganisée, elle aimerait mettre un peu d'ordre dans cet immense enchevêtrement d'émotions parce que là rien ne va plus.

'Tu verras, c'est tellement bien le lycée!'

Mon cul ouais...