L'éclat aveugle de son regard luisait dans la pénombre, éclairé par la lumière des réverbères qui se reflétaient dans l'immensité triste de ses prunelles. Sa main tendue appelait vainement l'homme qui s'éloignait d'elle et de son cri silencieux, le coeur lourd et l'air résigné.
Une larme roula sur sa joue, unique perle translucide, contenant tous ses beaux et irréels espoirs, avalés par la réalité, brisés par le pas hésitant qui emmenaient l'homme qu'elle aimait loin d'elle.
Elle ferma le poing et frappa le mur glacé sur lequel elle s'appuyait. Elle se laissa glisser sur le sol, le coeur en miettes et des regrets plein la tête.
Elle voulait hurler à s'en déchirer les cordes vocales, lui crier de revenir, le supplier de ne pas la laisser seule... Mais il était déjà si loin... Si présent dans son âme meurtrie qui tentait en vain de l'oublier, aussi absent que son regard lorsqu'il l'avait surprise.
Elle s'en voulait tellement...
Ses tempes bourdonnaient, sa tête lui tournait, les battements de son coeur saignant se répercutaient dans tout son corps blessé. L'asphalte froid et dur lui semblait tellement plus accueillant que la tristesse qui l'habitait...
Le bruit de la circulation ne parvenait même plus à son cerveau surchargé par les signaux de douleurs que lui envoyait son coeur.
Elle se sentit si stupide.
Stupide de s'être laissé bernée par les mensonges de ce types aux yeux limpides et charmeurs.
Stupide d'avoir été flattée qu'un aussi joli jeune-homme s'intéresse à elle.
Stupide d'avoir pu penser ne serait-ce qu'une seconde qu'elle n'avait rien à perdre.
Stupide d'être si amoureuse...Le goût âcre de ses regrets la fit grimacer. Un sentiment de culpabilité oppressante lui serra la poitrine. Elle se releva et frappa le mur de béton de toutes ses forces. Elle martela la surface à l'uniformité ennuyante jusqu'à ce que ses doigts soient poisseux de sang.
Chaque coup représentait un reproche. Elle était faible, crédule, sensible, stupide, influençable, moche, ne servait à rien. Elle était amoureuse. Amoureuse. AMOUREUSE.
Elle frappa de toutes ses forces, brisant ses phalanges, ignorant les signaux de douleurs qui la traversait, tandis ce que ce mot résonnait dans son crâne.
Elle était amoureuse.
C'était bien fait pour elle.
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Pluie de Larmes
De TodoParce que parfois des larmes tachent mes textes. Et que les bavures qu'elles étalent ne sont pas si laides au final. Parce que parfois, écrire ne sert qu'à se vider d'un trop plein de noirceur, même si ce n'est pas sa propre histoire qu'on exprime...