Une heure du matin. Il est une heure du matin, c'est écrit en chiffres oranges sur l'écran de son réveil. Il est une heure du matin et elle ne dort toujours pas. Elle en est incapable.
Elle sanglote doucement, pour ne pas réveiller son frère et sa soeur, qui, eux, ont déjà sombré dans un sommeil profond depuis de nombreuses heures. Elle pense. Et ça lui fait si mal.
Sa poitrine est comme compressée, et elle a l'impression de ne plus pouvoir respirer tant sa gorge est serrée. Elle songe aux épreuves du lendemain. Aux jolis sourires inventés qu'elle va devoir offrir à tous ceux qui croiseront son regard. Aux remarques innocentes de ses camarades de classe. À l'énoncé de mathématiques devant lequel elle va paniquer. À sa salle de classe qui devient de jours en jours une prison de plus en plus morbide et déprimante. À la sonnerie de son réveil qui va la tirer de son sommeil presque bienfaiteur.
Elle pense à son regard brun plein de gentillesse qu'elle ne verra jamais flamber d'amour. À ses cheveux ondulés dans lesquels elle ne pourra jamais passer sa main. À sa voix grave qu'elle n'entendra jamais former les trois mots qu'elle voudrait. À son sourire un peu gauche qu'elle n'aura jamais pour elle.
Elle pense à l'amour qu'elle donne et qu'elle ne recevra jamais.
Et ça lui fait mal.
Elle se roule en boule, elle attrape ses genoux et les serre contre sa poitrine jusqu'à ce qu'elle ne puisse presque plus respirer. Ses pleurs sont brûlants de rancœur, de honte, d'amertume.
Elle pense à ses romans. Et soudain, elle ne se sent plus capable de les terminer. Soudain elle ne sent plus capable d'écrire. Soudain elle se demande si elle est en capacité d'un jour publier ses écrits. Soudain elle se demande si elle ne ferait pas mieux d'abandonner, elle qui n'a jamais réussi à finir une histoire. Elle qui n'a jamais réussi à écrire quelque chose dont elle est fière.
Elle pense.
Elle ne dort pas.
Peut-être que dans une heure?
Peut-être, c'est vrai.
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Pluie de Larmes
De TodoParce que parfois des larmes tachent mes textes. Et que les bavures qu'elles étalent ne sont pas si laides au final. Parce que parfois, écrire ne sert qu'à se vider d'un trop plein de noirceur, même si ce n'est pas sa propre histoire qu'on exprime...