Elle pleure jusqu'à s'endormir. C'est pas sa faute, la douleur ça abruti. Elle est assommée, avec ses yeux rouges et gonflés, ses narines qui la brûlent et ses paupières tuméfiées. Elle s'est roulée en boule, la tête au pied de son lit et ses chaussettes sur ses oreillers.
Elle est toute seule et qu'est-ce que c'est bien. Etrange aussi. Perturbant en fait. Parce qu'alors c'est là qu'elle se rend compte que tout la touche bien plus qu'elle ne voulait se l'avouer. Qu'elle ne voulait que ça la touche.
Elle renifle. Les engueulades résonnent dans sa tête, son prénom en boucle, la culpabilité autour de son cœur. Elle se sent atrophiée. Elle se souvient du calme qui la saisit quand elle entend les premiers cris. Dans ces moments elle n'est plus capable d'aucune empathie. Plus que du vide, parce que le trop rien c'est mieux que le trop plein.
Elle s'en veut parce que sa sœur pleure sans ses doigts pour essuyer ses larmes ou pour démêler les nœuds dans ses cheveux. Elle s'en veut parce qu'elle ne se sent plus capable d'aller voir son petit frère et d'essuyer son indifférence qu'elle ne sait deviner feinte ou non.
Elle se répète la douleur vive de sa mère, comme si son père avait ré ouvert des blessures si violemment que la haine et la peur en coulaient à flots, incapables de se tarir, sombres et immuables. Elle se rappelle la colère froide de son père, si loin des larmes du mois de juillet.
Et putain qu'est-ce que c'est douloureux !
Elle se dit que ça va être pire encore. Puisqu'à chaque fois, au lieu que les blessures ne s'étiolent, elles s'étoilent. Elles s'étendent, nébuleuses, mouvantes, impalpables. Est-ce qu'un jour elles avaleront toute sa famille ?
Mais d'ordinaire, elle est placide, calme. Là, enfin seule, elle se sent si vide qu'elle a besoin de le remplir avec des pleurs. Les trous qu'ont creusés les reproches sont trop creux, ils font mal quand il n'y a plus rien pour les combler.
Alors elle s'endort avec les joues ridées d'eau salée.
Mot de l'auteure
Hey ! Longtemps que je n'avais pas posté ici hein ? Mais bon, j'ai pas d'autres endroits pour écrire ce genre de choses et zut flute crotte ce que ça soulage !
Julie
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Pluie de Larmes
RandomParce que parfois des larmes tachent mes textes. Et que les bavures qu'elles étalent ne sont pas si laides au final. Parce que parfois, écrire ne sert qu'à se vider d'un trop plein de noirceur, même si ce n'est pas sa propre histoire qu'on exprime...