La maison était moins en ruine que je ne pensais. Mais elle sentait le renfermé. Mon père sifflotait gaiement en commençant à sortir les cartons de la voiture. Une camionnette avait déjà apporté les meubles et les gros cartons que les déménageurs avaient disposés à la hâte dans la salle principale avant de filer la veille. La pièce était tellement encombrée que je rasais les murs pour rejoindre les escaliers qui menaient vers les chambres.
Mon père m'assurait que nous serions très bien ici. D'ailleurs, Thomas et Margery s'étaient installés dans la ville quatre ans auparavant et trouvaient le coin génial. C'est eux qui l'avait informé du poste à pourvoir. Et Antoine, leur fils avait mon âge. Je les avais déjà vu plusieurs fois paraît-il mais je n'en gardais aucun souvenir.
L'étage menait à un grand couloir lumineux. Une fenêtre laissait entrer toute la lumière du soleil couchant que le salon refusait. Je me dirigeais vers elle pour regarder la rue, les maisons, la forêt. Tout ce qui nous entourait et qui serait mon quotidien à partir d'aujourd'hui. Il n'y avait qu'une maison près de la forêt. Elle était grande. Imposante même. Les personnes qui y habitaient devaient être riche. Elle avait un style un peu coloniale. J'avais vu des tas de maisons dans ce genre aux États Unis. Elle se tenait à l'écart des autres maisons, trop semblables les unes aux autres, la notre comprise. Comme si elle se sentait supérieure, comme si la forêt lui appartenait.
Je n'aimais pas cette maison.
Je quittais la fenêtre pour ouvrir la première porte qui se trouvait à côté. C'était une chambre. Très étonnement, la première chose que je remarquais dans cette chambre était la fenêtre qui donnait exactement sur la demeure que je venais de scruter pendant plus de dix minutes. Elle semblait même plus proche. Débarrassée du côté de la rue où les maisons simples s'accolaient, elle semblait plus solitaire encore. Je posais mon sac à dos sur le sol, comme pour marquer mon territoire et sorti de la pièce pour continuer la visite de l'étage.Mon père me rejoignit alors que je terminais mon tour de la maison. Lorsqu'il me demanda quelle chambre je souhaitais parmi les trois qu'il y avait, je lui montrait du doigt la chambre qui faisait face à la maison américaine.
- Tu vas continuer ce petit jeu longtemps Gab ? J'ai été patient avec toi car je sais que ce n'est pas facile, mais ne pas me parler pendant des jours comme tu le fais, c'est vraiment puéril. Même pour toi.
Ok, j'étais puéril. Et alors ? Je haussais les épaules avant de lui tourner le dos. J'entrais dans ce qui était dorénavant ma chambre et claquais la porte derrière moi. Je m'allongeais ensuite sur le sol, faute de lit et mettait mon casque sur mes oreilles pour lancer à fond ma musique et ignorer mon père qui entrait à ma suite. Il soupira, et m'indiqua que ce soir ça serait pizza. Comme s'il y avait le choix. Il était 20h15, le ciel était indigo et tout était encore dans les cartons. Le lui répondait d'un "OK" laconique et il ferma la porte derrière lui avec un soupir de dépit.
Je commençais à repenser à cette fille sur la colline que j'avais vu. Je ne pouvais pas l'avoir inventé. Même si ça semblait irréel. Je me sentais vraiment cul-cul de penser que c'était vraiment la plus belle fille que j'ai jamais vu, sans même pouvoir me souvenir de son visage. Seul son regard sombre me hantait. Deux billes noires et veloutées qui on engloutis jusqu'à mon âme. Et cette manière de disparaître. Comme une Alice sautant dans le terrier du lapin. Ou une fée retournant dans les entrailles de la terre. Peut-être était-ce ça d'ailleurs. Un être féerique perdu dans le monde des humains et tentant de retrouver son univers.
Je me moquais de moi-même en me redressant. J'avais vraiment trop d'imagination pour penser à des choses aussi fantaisistes et ridicules.
Je m'accoudai à la fenêtre et regardai la maison américaine. Des lumières s'étaient allumées à l'étage et une lumière au rez-de-chaussée. Nos voisins étaient là. Je vis mon père sortir de la maison et se diriger vers celle de nos voisins. Avec un juron, je sorti de ma chambre, dévalais l'escalier et sorti en trombe de la maison afin de le rattraper.
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La sorcière de la plaine
ParanormalGabriel n'à jamais voulu quitter Paris pour s'installer dans ce bled pourri. Mais il va faire une rencontre qui va changer sa vie. Ses voisins étranges qu'il appelle "la famille Adams" et leur fille surnommée "Mercredi" cachent un secret. Et il pr...