Questionnement

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Pourquoi je l'avais suivi ? Si je le savais moi-même, aurais-je au moins envie de lui répondre ?
J'avalais la boulette d'herbe (le goût n'était pas affreux, elle avait ajouté de la menthe à son remède) et tentai de réfléchir à une réponse.
- Je pensais que tu savais qui j'étais. Je me suis présenté tout à l'heure et tu m'a ignoré.
Elle se recula un peu pour me regarder de haut en bas. Elle était accroupie devant moi, et je me sentais comme un enfant qu'on juge après une bêtise. Je me redressais comme je pouvais en me servant de mes bras comme levier.
- Je viens d'emménager. J'étais curieux de te connaître. Depuis qu'on est arrivé ici, je n'entends parler que de toi.
- Pourquoi tu es curieux ?
Pourquoi en effet ? La première représentation que je m'étais fait d'elle lorsque ses parents l'avait évoquée pour la première fois était à leur image. Une « Mercredi Addams » aussi flippante que ses parents. Lorsqu'Antoine m'avait parlé d'elle, je me l'étais imaginée comme une asociale aux cheveux crépus et sale. Et lorsque enfin je l'avais vue dans le café, le mystère s'était encore épaissi.
Comment une fille aussi belle pouvait avoir une réputation pire que la mienne ?
En général, quand une fille était aussi jolie, même en étant étrange, les garçons lui tournaient autour comme un essaim de mouches. Hors, personne ne semblait remarquer sa beauté. Elle était dépeinte comme une sorcière effrayante et une adolescente rebelle...
- Tu n'es pas ordinaire.
J'avais conscience que ce n'était pas la réponse qu'elle souhaitait. Elle se releva et épousseta sa robe qui ondulait autour d'elle. Je me mis debout en m'appuyant sur ma jambe valide et la regardai s'éloigner à reculons, comme un animal pris au piège cherchant à fuir son chasseur.
- Ne m'approche pas, ou il t'arrivera pire qu'une cheville foulée.
Je lui pris le bras pour la retenir mais un vent puissant me fit reculer et elle s'enfuit en courant, oubliant son panier.
En la regardant disparaître à travers les arbres, je fus alors certain de deux choses.
La première, « Mercredi » était une sorcière et elle manipulait le vent.
La deuxième, mon plan pour quitter la ville tombait à l'eau.
Remplacé par un autre beaucoup plus amusant.

La sorcière de la plaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant