La sorcière de la plaine

Vengeance

Nous décidions de ne pas en parler à Ahmed ni Mathilde. Je savais que même si Ahmed était pacifique jusqu'au bout des cheveux, il  pourrait vouloir venger Mathilde.
Mais le plus important pour lui en cet instant était de rester avec elle et l'aider.

Les parents de Mathilde n'en avaient que le nom et étaient à l'étranger depuis plusieurs semaines. Elle n'avait pas juger utile de les appeler. Les parents de Jordan se relayaient pour toujours être avec elle et leur fils.

David passait tous les jours. Il était le seul à aller à l'école et nous donnait les cours de la journée. Notre sentinelle, notre intello sur ressort n'avait jamais été aussi calme. Je savais pourquoi. Nous le savions tous. Je lui parlais de mon projet de vengeance, et il décida de venir avec moi.
- Tu ne sais même pas te battre. Je n'ai pas envie de sauver ton cul en plus de botter ceux de ces connards.
- Alors tu me conseil quoi ? Avait-il crié d'un coup. De rester en retrait? De ne rien faire ? Alors qu'ils ont tabassé et violé nos meilleurs amis ? J'ai envi de les tuer, de leur arracher le cœur ! Et même ça, ça n'apaiserait pas ma colère !
Je le comprenais tellement.

Les médecins qui s'occupaient de Mathilde lui avait conseillé de porter plainte. Elle connaissait ses agresseurs, il y avait des preuves médicales que le rapport avait été forcé et Jordan était le témoin et la deuxième victime, et attesterait parfaitement que les faits étaient avérés.
Mathilde avait accepté, les larmes coincée dans la gorge lui coupant le souffle. Je la regardais souvent sans oser entrer dans la chambre. De quoi avais-je peur ? Je ne le sais toujours pas moi même. Ou plutôt, je ne veux pas le savoir. Je les avaient poussés à la consommation de drogues, c'est moi qui les avaient présenté à ces connards. J'étais en parti responsable de leur sort. Et même si a aucun moment ils ne m'avaient blâmé, je ne pouvais pas ignorer mon ressenti.
Toutes les nuits avec David nous tournions dans la ville en scooter pour retrouver ces connards. La chance fut (ou pas) de mon côté le soir où je les trouvaient. Avec David nous avions décidé de nous séparer, pour couvrir un terrain plus grand. Les dealers avaient tellement de points de rendez-vous. Le premier qui trouvait leur planque devait contacter l'autre avant de faire quoi que ce soit. Si j'avais été dans mon état normal, j'aurais suivit notre plan, et l'aurait contacté. Mais dès que mes yeux s'étaient posés sur eux, un voile rouge avait recouvert mes yeux et mon esprit s'était vidé de toute pensée. Seule la vengeance comptait à ce moment. J'avais foncé droit sur eux avec mon scooter et avais sauter en marche pour me jeter à la tête du premier que je croisais, profitant de mon avantage. Ensuite, le voile rouge s'était un peu plus épaissit, et brouillé ma mémoire. La seule chose dont je me souvienne est la facilité avec laquelle je les frappais, les soulevais pour les balancer. Ils n'étaient que des poupées dans mes mains. Ils étaient inconscients et je continuais de les frapper lorsque quatre paires de bras s'étaient refermés sur moi et m'avaient plaqué à terre. Quelqu'un avait appelé la police et dans ma folie, je ne les avaient même pas entendu arriver. Peu à peu, ma vision s'était éclaircie, mon esprit dégagé et j'avais contemplé le carnage que j'avais fait.
- C'est moi qui ai fait ça ? Avais-je murmuré...
- C'est pas le père Noël en tout cas ! Avait gueulé un des policier qui m'avait mis au sol. Et c'est trop tard pour regretter maintenant.
- Je ne regrette pas du tout, avais-je murmuré.
Ils n'avaient eu que ce qu'ils méritaient. Ils n'avaient plus aucunes formes, leurs bras et leurs jambes étaient brisés, leurs cotes aussi. Leur visage était tellement tuméfié qu'il avaient doublés de volume. Ils passeraient des mois à l'hôpital pour tenter de se remettre. Pourraient-ils un jour remarcher ? J'espérais que non.
La colère s'était apaisée, d'un coup. Comme si elle avait atteint son but.