Souvenirs

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- Tu sais?
- Quoi ? Que tu es un surnaturel ? Oui je le sais depuis un moment. J'attendais que tu m'en parle. Mais finalement je n'ai pas pu patienter. Désolée.

Pourquoi se sentait elle désolée? Je n'étais même pas sûr de ce que j'étais. Mon grand-père m'a toujours demandé de l'appeler oncle en face de mon père.
Il m'avait raconté des histoires de son clan puissant mais déchu, et de sa fille, la plus belle, qui était tombée amoureuse d'un humain. Mon père. Et qui avait disparue quelques années après ma naissance. Sans explication.
Mon père n'avait plus jamais parlé d'elle, et lorsque je l'interrogeais, il détournait maladroitement la conversation. Seul mon grand-père me parlait d'elle. D'elle, de lui.

Je savais que nous n'étions pas humain, que je ne devais pas en parler avec mon père, et qu'un jour j'arrêterais de vieillir. Comme mon grand-père qui avait atteint son âge maximum à 32 ans. Et ma mère a 24. J'étais destiné moi aussi à atteindre mon âge maximum un jour ou l'autre. Le plus tard possible. J'espérais vivre comme un humain le plus longtemps possible.

Mais même si mon grand-père m'avait expliqué certaines choses, il ne m'avait jamais expliqué... ça.

- Je m'appelais le mi-vampire quand j'étais enfant. Je ne savais pas qu'on avait vraiment un nom pour nous définir. Me définir.
- Je peux t'expliquer mieux si tu veux.
- J'ai besoin d'un peu de temps pour y réfléchir par moi même Adélaïde, ne le prends pas mal. Je vais y aller.
- Oui je comprends. Me répondît-elle doucement. La fenêtre s'ouvrit par la pression du vent de ma sorcière et d'un bond je sautais dehors. Plus besoin de me retenir.

Pendant trois jours je me retranchais dans ma chambre et réfléchis à ma vie. Retranchant les mots de ma voisine avec les événements qui m'avaient  menés jusqu'à ce village paumé et jusqu'à elle.

Mon lycée était tout ce qu'il y a de plus normal. J'avais une bonne bande de potes et une petite amie canon.
Mon grand-père avait disparu depuis plusieurs mois déjà. Avec pour seule explication une lettre disant qu'il partait à la recherche de ma mère, en Afrique. Ça lui prendrait du temps. L'Afrique c'est grand.
Je sais qu'il s'était engueulé avec mon père juste avant de partir. Ces deux là avaient toujours eu une bonne relation, même lorsque ma mère était partie. Ils avaient un respect mutuel l'un pour l'autre et, même si mon père ignorait sa véritable nature, il sentait que mon grand-père était puissant, d'une manière ou d'une autre.

Je ne m'inquiétais pas pour mon grand-père, je savais qu'il était la personne la plus sage et digne de confiance que je connaisse. Mon père était mon père, mais mon grand-père était mon mentor, ma constante, mon ami,

Cependant, depuis son départ, je sentais quelque chose bouillonner en moi. Une rage pour les connards que je croisais, une colère au delà de tout ce que je n'avais ressenti pour le manque de respect, les insultes lancées à mes amis, à moi. Il devenait de plus en plus difficiles de me contrôler et les petites choses suffisaient à me mettre en colère. Je n'avais jamais réalisé que c'était du à ma nature « inhumaine ».

Et malheureusement pour moi, ma colère s'était transmise à mes amis. Avant ces trois mois, nous étions considérés comme le groupe cool du lycée.
Mais depuis quelques semaines les regards avaient changés. On nous craignait. Même les professeurs faisaient grise mine et baissaient les yeux en nous voyant arriver.
C'était difficile de discuter avec mon père. Ça l'avait toujours été, je lui cachais un trop gros secret. Mais c'était bien pire depuis quelques temps. Je ne rentrais plus souvent à la maison, ou à l'aube.

J'avais commencé à fréquenter une bande de délinquants qui m'avaient initiés à plusieurs drogues et un jour mes amis m'avaient suivis. Lorsque je me droguais, j'avais l'impression d'être moins en colère. Et je savais que mon corps ne pouvait pas devenir accro. Mais les potes que j'avais emmené avec moi, eux, le pouvaient...

La sorcière de la plaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant