Son monde s'était écroulé.
Comme si un enfant de quatre ans donne un coup de pied à un joli château de sable, qui était dressé auparavant à quelques mètres de la mer, fier malgré ses quelques fissures.
C'était ce que ressentait Thomas. Lorsqu'il avait vu son nom et une ancienne photo de lui, il avait pris un coup. La vie l'avait giflée, comme un père qui gifle un fils insolent. Ses yeux ne voyaient plus, la pluie sur la capuche de son sweat ne le touchait plus. Et les paroles non plus. Prisonnier de ses pensées. Voilà ce qu'il était.
Il ne voyait pas un jeune homme qui était traîné sur le plateau. Il n'entendait pas le porte-parole annoncer fougueusement l'exécution du nouveau venu. Il ne voyait pas la peur dans les yeux bruns, ni ses cheveux bruns gras. Il n'entendait pas le nom du prisonnier résonner dans les enceintes.
Clément Farod.
Les bruits et la matière aux alentours du petit brun ne le touchait guère. La foule était... étrangère. Un coup de feu retentit dans la rue, et Thomas sursauta. Il releva sa tête et vit partiellement Clément allongé sur la palissade.
Mort.
Ses jambes brûlaient de partir, de s'enfuir à tout jamais de cet enfer. Heureusement, toutes les personnes partaient après avoir regardé avec curiosité le malheureux Clément.
Farod.
C'était son nom sur YouTube, Thomas l'avait côtoyé du temps où il se nommait Laink et formait avec Damien, son meilleur ami de longue date, autrefois Terracid, le Wankil Studio. Il sourit un peu mais il disparut quand ses angoisses reviennent. Comment va Damien ? Cinq années dont il n'avait plus de nouvelles. Son ami était à Tours pour rendre visite à ses quelques amis avec qui il avait gardé contact. Depuis, plus de nouvelles. Peut être était-il mort ? Peut-être était-il vivant ? S'il est vivant, vit-il de l'agriculture, domaine du District 6 ? Ou bien était-il rebelle ? Captif ? Mille et une questions tournaient dans sa tête, et il ne peut guère les arrêter.
Penser pour lui était une façon de vivre. Il ne vivait que de ça.
Une fois sorti de cette avenue autrefois foulé par les touristes étrangers et provinciaux, il longea les ruelles, laissant guider ses pas jusqu'à une gouttière. Après avoir jeté un coup d'œil derrière lui, il s'aggrippa au tuyau métallique et l'escalada agilement. En arrivant sur le toi, il grimpa sur l'une des cheminées qui dominent la Grande Ville, appelée auparavant la Ville des Lumières ou Paris. Thomas ferma ses yeux une fois assis sur la pierre blanche qui grisait avec le temps et inspira profondément. L'air pollué parisien n'était présent que vaguement, et cela était l'un des rares avantages de cette prise soudaine. Bien qu'il soit au plus près du Gouvernement, il ne savait quelles attentions se cachaient derrière ce porte-parole. Il essaya de se rappeler de son ami qui avait prolongé son voyage parisien, obéissant aux plaintes des abonnés de Laink.
Cela était bizarre de penser à Laink.
Laink le rigolo, Laink le petit, Laink le roi fromage.
Thomas était devenu Laink, et un étranger a pris la place depuis bientôt cinq ans.
Il rouvrit ses yeux sombres en expirant longtemps, avant de parcourir les toits d'ardoises grises et mouillées, ce qui représentait un risque de mourir.
Il arriva aux alentours de l'orphelinat mais des cris le firent ralentir. Il se cacha derrière de ce qui rester une cheminée, l'odeur de la poudre montrant qu'une attaque a eu lieu il n'y a guère longtemps. Sa main droite remonta un foulard dissimulé dans son sweat et le mit à partir de son nez. Avec la pluie, ayant une odeur très humide, l'odeur infernale pouvait emplir les narines de n'importe qui.

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AcciónUn passé glorieux, un présent malheureux et un futur espéré joyeux. Une flamme dévastatrice, de la glace brûlant sous la colère, des machines aux armures métalliques. Les citoyens se taisent, les rebelles entretiennent la braise. Qui aura le courage...