- Cyril, réveille-toi ! On est arrivés !
Le concerné ouvrit ses yeux et croisa ceux d'Héloïse, gris comme les nuages. Les lèvres fines de la jeune femme étaient pincées, sans doute sous l'effet du stress. Le rouquin put distinguer un grain de beauté au niveau de son oreille droite, dévoilée par la brune ayant mis ses cheveux derrière cette oreille.
- Très bien, le début de l'Épreuve sera dans quelques minutes. Descendez, ordonna machinalement l'un des hommes armés.
Les pales de l'oiseau continuèrent à tourner, et ce sont des hautes herbes aplaties par le vent puissant qui accueuillirent les chaussures de randonnée. Cyril et Héloïse se dirigèrent à l'abri, loin des regards des hommes dans l'hélicoptère.
Les drôles ailes finissent par décoller le corps métallique, emportant les autres passagers à l'autre du bout du monde.
Loin de l'enfer qui se profile.
Les deux paires de yeux suivirent avec attention le chemin du monstre des airs. Une fois que le bruit fut remplacé par le silence qui règne depuis bien longtemps sur la triste arène. Avec un accord commun et discret, ils se mirent à marcher, sentant les brindilles de l'hiver qui se terminait tard craquer sous les bottes. Cyril était vêtu toujours de son pull de veille, mais l'odeur en témoignait que cela faisait encore plus longtemps que le rouquin porte sur ses épaules ce tissu. Le pantalon, quant à lui, était porté plus récemment. La toile de couleur kaki était légèrement froissée, et se fondait parfaitement avec l'univers un peu militaire que le lillois a vu il y a quelques années. Sa partenaire, Héloïse, avait un débardeur noir, aussi sombre que la nuit qui précède le jour. Le bas était aussi noir que le haut, laissant apparaître des traces grises, un peu de poussière restant accroché au tissu depuis son séjour en prison.
Ils marchèrent ainsi pendant quelques instants, écoutant attentivement le silence et la brise printanière qui se lève. Héloïse étant un peu devant Cyril, le regard de ce dernier ne put s'empêcher de regarder la nuque de la brune. Au début il ne se rendit pas compte, ce fut seulement lorsque la femme frissonna qu'il comprit. Il promena alors son regard sur les arbres, couverts de mousse et de lichen, l'écorce fissuré. Parfois, il pouvait voir quelques impacts de balles, avec une douille laissant la nature vaincre sur son manteau en métal.
Sans prévenir, il se vit en train de tirer sur une cible, dessinée sur papier. Un appareil le filmait ; indirectement le mot "caméra" vint en tête. Le souvenir était flou, et pourtant net. Pourquoi ce moment le semblait lointain et si proche à la fois ?
- Cyril ?
Le concerné releva la tête, croisant le regard brun de la brune. Sa détermination y reflétait, ainsi que son inquiétude.
- Oui ?
- Ça va ? Tu as l'air ailleurs... dit Héloïse.
- Oui oui, ça va...
Le ton qu'employait le rouquin ne convainc pas la brune ; cependant, cette dernière haussa les épaules et continua à avancer. Cyril la regarda s'éloigner de son champ de vision. Il se remit à marcher et un mal de crâne le titillait. Il secoua la tète et accéléra le pas, sentant un danger venir.
Cette fois, Cyril se vit au volant d'une petite voiture orange dans un paysage désertique, en train de rire un peu avec un homme brun, ayant à peu prés la même taille. Le sérieux était surtout présent, le moteur dominant le silence entre les deux hommes tandis que les mains fixés sur le volant ne bougeaient point, sauf pour passer les vitesses. "Maxime, tu me dis si on n'est pas sur la bonne voie", s'entend-t-il dire. "Mais oui t'inquiètes, je gère", marmonna le susnommé Maxime. Le voyage continua, la chaleur oppressante.
Un claquement près de Cyril le fit sursauter. Il eut pour réflexe de se baisser pour éviter les échardes. Malheureusement il sentit quelques uns dans la peau de son bras, protégeant son visage. Ses yeux étaient alertes, regardant aux alentours et son ouïe entendit des pas rapides et légers, comme une vipère.
Il sentit une pression au niveau de son bassin. Il empoigna alors son adversaire par son avant bras. Cyril mit une droite violemment contre le visage et sentit le nez touché se briser. Le rouquin peut alors prendre l'arme au poing de son adversaire et se mit à courir en direction des bâtiments. Il devait rejoindre Héloïse, à moins qu'elle eut affaire à une autre personne...
Cyril poussa de son épaule la porte métallique rouillé, étant entrouverte. Sa vision s'adapta vivement à l'obscurité. Il distingua des murs, d'une couleur grise pâle à la lumière, et des escaliers. Ses mains fermement accrochées à l'objet, il grimpa lentement, la brise parvenant de fenêtres brisées jouait avec les mèches rousses non attachées. Cyril frissonna en sentant la sueur se gelait au contact de l'air. Il vit quelques ombres et avaient le doigt sur la gâchette quand il se rendit compte que ce n'était que des oiseaux ou petits rongeurs. Il fouilla les pièces mais ne trouva rien, à part un vieux sac à dos pour les munitions ou soins. Une fois le sac mis sur ses épaules, il descendit par l'escalier extérieur menant à une cour intérieure.
Son esprit identifia alors à quoi servait ce bâtiment. Les grillages et les barreaux laissaient tout bonnement penser que c'était une ancienne prison. Les murs sont de couleurs crèmes mêlés à de la mousse invasive.
Ses pas étaient légers ; l'atmosphère était si calme qu'il desserra la pression sur l'arme. Ses yeux noisettes balayèrent la cour et vit des soins. Une fois ses pieds posés sur le sol gris et vert, il fut surpris par des tirs lointains mais pourtant si proches. Il ouvrit une porte doucement, observa l'obscurité avec méfiance. Il entra alors, ses bottes se mouvant avec délicatesse sur le parquet grinçant. Il ne fit pas attention à ce grincement, jusqu'à qu'un souvenir l'assaillit, se succédant encore et encore. Il se tint la tête en s'appuyant contre un mur. Il lâcha son arme, souffrant. Avant de fermer ses yeux, il vit un homme armé s'accroupir près de lui, ses yeux bleus regardant avec inquiétude le roux.
C'est alors que Cyril prononça difficilement le nom, celui qui lui venait parmi toute la vague de souvenirs :
- Damien...
Et il sombra dans l'inconscience.
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Voilà le chapitre 9 sorti. Après la maladresse de publier le chapitre 10 qui n'est pas sorti (LUL), je devais me faire pardonner. Sachez que j'ai eu énormément de mal à l'écrire, ayant peu d'inspiration. Bref, des bisous et belle fête de fin d'année !
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ActionUn passé glorieux, un présent malheureux et un futur espéré joyeux. Une flamme dévastatrice, de la glace brûlant sous la colère, des machines aux armures métalliques. Les citoyens se taisent, les rebelles entretiennent la braise. Qui aura le courage...