Sept ans plus tard, an 3132 de la cité de Lasiar.
— Combien me donnerez-vous pour ça ? demanda un jeune garçon de dix ans, désignant une petite hélice qui tournait en faisant du vent.
Celle-ci était posée sur un grand étalage, présentant toutes sortes d'objets divers et variés. Le vendeur se retourna vers lui, le visage noirci par les cendres du feu qu'il alimentait. À Brasero, le quartier des forgerons et autres artisans, il régnait une sorte de chaleur perpétuelle due aux matériaux qu'ils utilisaient. Les métaux ne pouvaient se travailler qu'à une température très élevée, chacun d'entre eux possédant ses exigences.
Demander à l'un des habitants du quartier le fonctionnement d'un fourneau était une très mauvaise idée. En effet, face à l'avalanche de détails qu'ils allaient vouloir fournir, il était très probable d'y passer la nuit. Pour ceux résidant au-dessus du niveau six, le niveau interdit, il y avait de fortes chances pour qu'ils finissent par rester dans le coin jusqu'au matin, à l'ouverture des portes.
Mais apparemment, le jeune vendeur en face de lui ne semblait pas avoir la parole facile, très renfermé sur lui-même. Il ne devait pas avoir plus de vingt ans. Contrairement à la plupart des autres Brasériens, il ne possédait aucune cicatrice, alors que les brûlures sont très courantes dans cette partie de la ville. Le vendeur remua ses lèvres et, comme s'il n'avait plus parlé depuis des mois, lui répondit d'une voix rauque, lente, qui n'avait rien d'amicale.
— Qu'est-ce que tu veux ?
Cela faisait des heures que le jeune garçon se promenait dans le quartier, et la chaleur qui régnait ici devenait insupportable. La petite éolienne avait capté son attention voilà un moment déjà, le soulageant par l'air frais qu'elle lui fournissait.
— Combien pour cette hélice qui fait du vent ? la montra-t-il bien du doigt.
Le vendeur souleva un sourcil, la bouche à moitié ouverte, lui donnant un air légèrement ridicule.
— Qui fait du vent ? répéta-t-il bêtement. Ça fait pas du vent ça, ça tourne, c'est tout. C'était pour m'amuser que je l'ai fait.
« Pour s'amuser ? » pensa Stultus. Il rit intérieurement de sa stupidité, puis s'apprêta à répéter une troisième fois sa question lorsque le vendeur lui répondit :
— Ça fera cinq Kirtas.
— Comment ? Cinq Kirtas ? répéta Stultus, ahuri par ce qu'il venait d'entendre.
À la cité de Lasiar, un Kirta était une pierre noire très rare qui brillait d'un bleu luisant dans l'obscurité. Quand les premiers hommes étaient entrés dans la ville, ils avaient récupéré toutes celles qu'ils avaient pu trouver sur leur passage, et en avaient fait une monnaie d'échange très précieuse. La monnaie courante se constituait de simples diamants que l'on trouvait en abondance à l'intérieur de la montagne. De toute évidence, ce commerçant cherchait à lui jouer un mauvais tour.
— Pourquoi le vendre aussi cher ? Ne voulez-vous vraiment pas trouver d'acheteur ? demanda le jeune garçon.
— Exactement, petit, tu as tout compris, se moqua-t-il.
Il l'avait appelé « petit ». Stultus ne le supporta pas. Jamais on ne l'avait appelé ainsi, et jamais on ne l'appellerait plus de la sorte, il venait de s'en faire la promesse.
— Je m'appelle Stultus ! Stultus de la lignée de Lasiar ! clama-t-il furieux et provocateur.
Le visage du commerçant ne tiqua pas. Il se contenta simplement de lui répondre :
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ALTHÆA - T.1 - La Mère des Cendres
FantasyLe jour de sa naissance, les rois du ciel et des enfers murmurèrent son nom, redoutant le retour des cendres. La mère dévastatrice qui avait plongé la Terre plus d'un an dans les ténèbres était à nouveau parmi eux. Cependant, son retour n'était qu'u...