Les drames des guerriers de l'ombre

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— Toujours rien ! tonna Firaï. On était si proche. Chaque fois ! Je ne comprends pas. Je ne comprends simplement pas.

Tous les guerriers de l'ombre rentraient dans leur palais aux Enfers, dépités. Artan, Céleste et Vitalis s'assirent épuisés sur leur siège dans la grande salle commune. Arrivés dans le monde d'en bas, leur toge blanche sertie d'une broche en diamant revêtait le goût de la défaite. Autrefois, porter ces habits les avait fait se sentir immensément fiers.

— Vous avez remarqué ? les interpella Thalia en désignant la dixième porte de fer. Ilithio a pas quitté ses appartements depuis qu'il est arrivé ici. Depuis que Mythia... Il devrait nous accompagner dehors, ça lui ferait que du bien.

— Tu es folle, rétorqua Vitalis. Même avec son teint cadavérique, les gens de la ville le reconnaîtraient. Tu veux créer la panique ?

Artan soupira, passant sa main sur son crâne chauve.

— Je saisis pas pourquoi Hadès a choisi des Lasariens qui viennent juste de mourir. C'était évident qu'ils pouvaient pas nous aider. Non mais regarde-moi ce bout de viande mort en train de chialer ! Je vais le sortir de là moi !

— Tu ne feras rien, trancha Firaï.

Artan se tut. Aucun n'osa répliquer.

— Si Hadès a choisi Ilithio, continua-t-elle, nous n'avons pas à contester sa décision. Lorsque Mythia est arrivée parmi nous, j'avoue avoir eu des doutes. Je m'étais trompée, j'ai pu voir ce dont elle est capable. Ilithio est le dernier roi de Lasiar. Il commande les mécanismes de la ville et son aide pourrait bientôt s'avérer cruciale.

La dixième porte de fer grinça, attirant l'attention des guerriers de l'ombre. Ilithio en sortit le dos voûté, les yeux rougis d'avoir pleuré.

— Et si je ne voulais plus aider ? supposa-t-il. Et si mon aide ne changeait rien ? Si Mythia avait raison ? Oui, parce que je ne l'ai jamais vue se tromper.

— Très cher, ce que tu souhaites est de bien peu d'importance. Tu feras ce qu'on te dit, le rappela à l'ordre Céleste.

Ilithio serra les dents et avança en titubant au centre de la salle commune.

— Vous savez que la ville sera détruite.

— Oui, confirma Firaï, indifférente. Hadès nous a prévenus. Il nous a également assurés que le processus serait long, il n'y a rien à craindre pour le moment en ce qui nous concerne. Nous revenons de Lasiar, et le piège du huitième étage s'est déjà enclenché.

— Et celui-là ? questionna Ilithio, provocateur, en désignant la porte de fer du sixième niveau.

L'assemblée eut un moment de silence confrontée au seul symbole qui ne représentait rien, au seul piège dont personne ne connaissait le fonctionnement.

— Bah, rassura Théo, il n'existe pas d'illustration du néant.

Tous les regards se tournèrent vers lui, accusateurs et perturbés.

— Eh, quoi ? se défendit-il. Nous traversons cet étage de nuit depuis des années, et nous n'avons jamais rien remarqué. C'est à croire que le niveau six ne s'attaque qu'aux vivants, enfin... À peu près, se rectifia-t-il en prenant Firaï en considération.

— Peu importe le niveau six, s'emporta Thalia. Ça fait plus de neuf ans que Firaï nous a rejoints, et on n'a rien accompli. Rien ! cria-t-elle.

Thalia perdit pied et se réfugia dans les bras de Théo. Personne n'était dupe. Si leur mission n'était pas vouée à l'échec, ils auraient dû l'a terminer depuis longtemps.

La Mère des CendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant