La Valkyrie du Désossé

Chapitre 2 : Ragnarssons ✔

Je cogite encore quand j'entends derrière moi, une branche craquée. Sous la surprise, je lâche les bûches et me tourne vers l'intrus qui n'est autre qu'un un jeune homme, roux, arborant un immense sourire.

-Désolé si je t'ai fait peur. Je voulais juste voir si tu étais une statue, plaisante-t-il.

-Je réfléchissais, répondis-je en concentrant mon ouïe sur les mots étranges qui sortent beaucoup trop facilement de ma bouche.

Allah m'aurait-il doté d'un don pour m'accommoder à ma nouvelle vie ? Que suis-je idiote ! Pourquoi m'aiderait-il alors que je le renie ? La réponse à mes questions est sûrement logique et m'attarder sur ce stupide problème est inutile.
Le temps dévoilera la vérité.
Mettant ce problème linguistique de côté, je me mets à ramasser les bûches
quand le garçon s'approche. Il a une lueur dans ses yeux qui n'indique rien de sain.

-Enchanté, je m'appelle Hvitserk !

En le dévisageant - de manière très impolie certes - je reconnais son visage qui, la première où je l'ai aperçu, était recouvert de sang.

-Vous faisiez parti du raid, déclaré-je entre mes dents.

-Bonne mémoire ! Je suis le frère de celui qui a mené l'expédition,Bjorn Lothbrock.

À cette information je me dépêche de me relever pour m'en aller. Cet individu a massacré les miens ! Si mes souvenirs sont bons, il a même abusé et violé mes soeurs ! Ils me dégoûtent, lui, et les siens, les hommes cruels du nord. Soudain je sens quelqu'un me saisir l'épaule. L'espace d'un instant une sueur froide me parcourt l'échine à l'idée qu'il veuille me faire subir le même sort que mes consoeurs.

-Tu ne m'as même pas dit ton nom, me reproche-t-il avec sourire.

-Genisis, laché-je sans hésitation, un nom n'est qu'un nom, je n'ai pas à le cacher.

-Genisis... souffle-t-il comme pour tester les syllabes dans sa bouche. Dommage que Floki nous ait interdit de te toucher.

-Pardon ? m'offusqué-je avant d'assimiler complètement l'information. Pourquoi ce Floki me protège-t-il ?

-Bonne question ! Il a été clair : celui qui te touche verra ses attributs jetés au feu.

-S'il n'avait pas donner cet ordre j'aurai subi vos sauvageries.

Parfois ma spontanéité me fait peur...
Les mots coulent de mes lèvres sans même passer par la case réflexion. Ce Hvitserk pourrait m'égorger de la hache qui se trouve à sa ceinture pour me punir de mon dédain mais à la place, contre tout attente, son sourire s'estompe et il paraît... blessé.

-Ne blâme pas nos manière et nos traditions. Un raid est un raid. Tous ce qui était à vous est à nous et nous revendiquons aussi bien vos bijoux que vos corps. Mais maintenan, les tiens et toi êtes en sécurité sur nos terres.

Il semble tellement honnête. Comment résister à cette bouille ? Je ne peux pas oublier ni même pardonner ce que les Vikings ont fait à ma patrie mais... je peux essayer de comprendre.

-Tu peux t'en aller si je te dérange vraiment. Mon frère Ivar doit t'attendre, capitule Hvitserk sans plus m'importuner.

Je lui donne un léger sourire et m'en vais. Outre les traditions vikings, je viens d'apprendre que mon Maître n'est autre qu'Ivar Lothbrock, le fils du très célèbre Ragnar Lothbrock. C'est un prince ... Son air hautain s'explique. Arrivant à la maisonnette je dépose les bûches dans ce qui ressemble à une cheminée quand mon Maître m'interpelle.

-Tout ce temps pour cette ridicule quantité de bois ?! s'énerve-t-il avec sa sempiternelle voix condescendante.

-J'ai croisé votre frère Maître, fais-je en me tournant vers lui. Hvitserk Lothbrock.

-T'as-t-il/

-Non il ne m'a point, j'nterrompts en voyant la suite venir. Il m'a parlé de vos traditions et d'à quel point il était important pour vous de violer pour montrer la revendication.

Mes yeux se mettent à parcourir la pièce, à la recherche de la hache que j'avais aperçu à mon entrée. Par chance elle est loin d'Ivar. Je ne vais point tenir longtemps avec cette insolence. Alors que je m'attends à des menaces et des reproches, Ivar éclate de rire. Un rire plus narquois qu'amusé.

-Dois-je te rappeler que dans ton pays les enfants sont mariés ?

-En aucun cas je ne soutiens ça !

Quelle réplique nulle et impertinente ! Mais que vouliez-vous que je réponde à ça ? Le nombre de petites filles que j'ai vu se faire marier à un vieil homme est juste ahurissant.

Plus tard, Ivar m'amène à une maison où lui et ses frères se réunissent pour dîner. Je vous épargne le calvaire qu'à était le chemin pour y aller ! Je me suis sentie honteuse quand j'ai du traverser les rues accompagnée d'Ivar. Il est infirme... mais je suis plus lente que lui ! Je me sentais souillée quand il devait s'arrêter de ramper pour m'attendre.
Quoiqu'il en soit nous arrivons à la maison bien plus grande et luxueuse que celle d'Ivar. À l'intérieur, les cinq frères. Si ma mémoire est bonne, de l'aîné au benjamin ça donne, Bjorn Côtes-de-Fer, Ubbe, Hvitserk, Sigurd Œil de Serpent et Ivar le Désossé.

Après que Villür et Margrethe m'aient expliqué la marche à suivre nous commençons à servir les Ragnarssons pendant que ceux-ci bavardent. Après cela, je me poste tête baissée à côté d'Ivar, attendant qu'il me donne autre chose à faire comme remplir son verre.

-Qui est-elle ? demande celui qui se nomme Ubbe.

-Elle est mon esclave, Genisis. Je l'ai acheté à prix d'or,c'était la plus cher.

Je sursaute intérieurement sa déclaration. Je suis la plus chère des espagnoles mais pourquoi ? Je ne suis ni la plus jolie, ni la plus forte, ni la plus intelligente et je ne suis pas du tout spéciale. Mais d'une manière coupable je me sens quand même flattée d'être la plus coûteuse.

-Elle est très belle, complimente Sigurd avant de me lancer un clin d'oeil.

-Ferme la,elle est à moi ! rétorque sèchement Ivar en me tirant vers lui par la taille.

Si j'avais de la force et du courage je lui aurais pété le bras ! Son étreinte est si dure que j'ai du mal à m'en détacher. Par conséquent je reste tout le dîner collée à lui. Quand nous rentrons, j'étale un morceau tissu à terre avant de m'allonger dessus. C'est très inconfortable mais je dois faire avec, tanpis si demain j'ai des problèmes de dos. Ivar se hisse sur le lit et je me détourne de lui pour trouver le sommeil.

Ainsi commence ma nouvelle vie, celle d'esclave d'Ivar Lothbrock.

***

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