Mon premier baiser... est avec... Ivar...
Telles les vagues qui giflent les drakkars, la bouche d'Ivar se déchaîne contre la mienne. Il a le goût de l'hydromel le plus doux qui existe, celui qui chatouille la langue, puis réchauffe le coeur. Il s'allonge de tout son long sur moi sans pour autant m'écraser. Juste assez pour m'envelopper sa chaleur froide contre mon corps.
Mais là, nos lèvres se décollent, le charme rompt. Ivar se redresse sur ses mains, ses sourcils froncés indiquant de la surprise. En un clin d'oeil je réalise ce que j'ai fait et me dégage de l'emprise du Désossé. Ma fierté et ma dignité... piétinées ! Je fuis de la maison avec précipitation toute couverte de la chaleur d'Ivar et de honte.
Ce qui vient de se passer n'a aucun sens. Il s'apprêtait à me trancher la jugulaire mais là, il m'a... Rrrrh ! Son changement d'attitude n'a rien de normal ! Ça me lasse... J'aurais préféré qu'il soit complément cruel, au moins, je n'aurais pas eu à m'attacher. L'embrasser de la sorte mais quelle catin suis-je ! Mon père m'aurait battu sur la place publique si je m'étais comportée d'une telle façon en Espagne !
Je traverse Kattegat d'un trait sans même m'en rendre compte. Mes pas m'amènent à la maison de Floki où je suis accueillie par Tanaruz. Elle se présente à moi, aussi froide que d'habitude, mais là je n'ai aucun temps pour elle. J'ai l'impression qu'elle sait exactement ce que je viens de faire. La bousculant, je vais trouver Floki et lui dévoile tout.
Finalement je passe la nuit chez lui, couchée au sol, sur quelques fourrures. Le sommeil m'est étrangement facile cette nuit là.
Le lendemain
Frottant mes paupières dans un bâillement, j'entrouve les yeux.
N'ai-je pas la surprise de trouver les diables bleus au-dessus de mon visage.
-Ivar ! sursauté-je.
La panique s'empare de mon être. Il m'a retrouvé, non pire, il m'a cherché ou plutôt chassé ! Me laisser en paix est-il si compliqué ? Je m'éloigne de lui alors qu'il tend sa main pour m'atteindre.
-S'il te plaît Genisis, je veux juste que l'on discute.
S'il te plaît... dans la bouche d'Ivar...
Pourquoi je n'arrive pas à lui résister ?! Qu'est-ce qui cloche chez moi ?! Je suis stupide, je vais le laisser me parler après tout ce qu'il m'a fait.
D'un mouvement de ma tête vide, je lui demande commencer.
-Je suis désolé pour ce qui s'est passé hier, je me suis laissé emporter car je t'avais vu avec Lagherta.
-Tu allais me tuer Ivar ? questionné-je franchement sans la moindre hésitation.
Le Désossé baisse les yeux dans un soupire désespéré. Son regard se perd sur la fourrure sur laquelle j'ai dormi comme s'il en comptait les poils. Ma vision suit la sienne, naturellement, certainement pour éviter le malaise qui petit à petit, s'installe dans la maisonnette.
-Oui.
Un halètement semblable à de l'hilarité s'échappe de mes lèvres à cet instant. Comment réagir quand on vous affirme qu'on voulait vous tuer ? Moi je ne sais pas, alors je ris. Un rire triste et cinique certes, tout de même, ça semble surprendre Ivar. Qu'est-ce qui me fait rire ? Ma situation peut-être.
-Ça me plaît de te revoir heureuse, me fait Ivar.
-Haha mais je ne suis pas heureuse, m'exclamé-je ce qui intensifie mon fou rire. De... De toute façon, je suis obligée de rester avec toi car je suis ton esclave alors à quoi bon.
Ivar me fixe d'un air consterné quand apparaissent Floki et Helga dans le pas de la porte. Je suis un numéro auquel les gens viennent assister dis-donc.
-Nous espérons ne pas vous déranger, nous avons entendu des rires, dit Helga tandis que ses doigts brossent ses cheveux comme si elle était gênée.
-On voit que vous êtes réconciliés, rajoute Floki avec son grand sourire.
Apparement nous donnons cette impression, moi et Ivar. Floki et Helga nous font signe qu'ils ont une surprise et avec beaucoup de curiosité nous les suivons. Pas le temps de ramper pour Ivar car Floki le porte sur son dos. De mon côté je parais détendue alors qu'au fond... Je le suis. Je viens de prendre conscience que la vie est et sera une boucle sans fin entre un Ivar docile et un Ivar violent mais cela ne m'atteint guère. Je ne suis vraiment pas normale...
Floki nous amène dans son chantier où nous attend un énorme char rouge étincelant et un cheval blanc. La merveille m'arrache un "oh" d'admiration. Ivar ressemble à un enfant à qui on donne un nouveau jouet. Il tapote, tâtonne, caresse le char secondé de Floki. Je reste aux côtés d'Helga et Tanaruz, quand la première me donne brusquement un coup de coude.
-Quelque chose ne va pas Genisis ?
-Hmm... Non...dis-je l'air de rien.
-Tu sembles absente. Es-tu certaine d'être dans ton assiette ? s'inquiète réellement Helga.
-Je n'ai pas mangé aujourd'hui, ça doit être ça.
-T'aurais dû me le dire ! Je m'en vais te chercher de la soupe.
Helga énonce ces mots alors qu'elle est déjà partie. Me confier n'est pas dans mes fonctions aujourd'hui... Dans mon dos je sens deux piqûres brûlantes et me tourne vers Tanaruz qui me fixe avec froideur.
-Tu eres solo un traidor, entame-t-elle pour la première fois à mon égard et je me rends compte d'une chose : je ne comprends plus ma langue maternelle.
Alors je reste là, le regard vide, les mots de Tanaruz résonnant dans mon esprit sans trouver un sens. Une mélancolie aiguë presse mon coeur à cette constatation : Je suis parfaitement arnomale.
-¿ Hacer frente a los paganos te hace olvidar de dónde vienes ? reprend Tanaruz sur un ton que je devine dédaigneux. Tu essayes de devenir viking, poursuit-elle avec un gros accent.
-Ta situation n'est pas mieux que la mienne, rétorqué-je pour oublier la blessure.
-Moi je ne copine pas avec nos assassins, me crache-t-elle.
-Jouez à la muette ne te rend pas moins complice, accusé-je alors vraiment abbatue.
-Tu ne sais plus qui tu es Genisis, conclut Tanaruz en reportant son regard sur le vide.
Elle a raison. Je ne suis plus qui je suis. Colère, révolte, hilarité, fatigue, mélancolie, je suis dans tous mes états. Je deviens folle voir pire, une Viking ! Je ne sais plus si je suis encore cette petite bourgeoise espagnole qui détestait prier et se conformer aux moeurs musulmanes. L'esclave du Désossé, je ne suis même par sûre de l'être.
Alors qui suis-je ?
Que suis-je ?
***
En toute honnêteté, après ce chapitre vous serez perdus dans l'histoire. Vous pouvez tout de même continuer à lire malgré les nombreuses incohérences mais sinon je vous propose de lire le livre en même temps que je les réécris. Je suis lente, je sais. 🐢
J'espère terminer la réécriture avant 2019 mais c'est pas gagné entre les fêtes et mes autres projets ! 😕
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La Valkyrie du Désossé
Ficção HistóricaGenisis n'est pas une simple esclave. Elle appartient à Ivar Lothbrok. Elle est le cadeau des Dieux. Sa relation avec le Désossé n'est pas qu'entraide et taquineries, elle est toxique... sulfureuse... et malsaine. Genisis serait-elle un cadeau empo...