Chapitre 6 : De bois et de métaux✔

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Pour rien au monde je ne retournerai dans cette forge. Après avoir longuement réfléchis, je me souviens de ce Floki. Il vit au bord de la rivière je crois. Peut-être que lui rende visite ne me ferait pas de mal... Ou alors est-ce une idée complètement idiote qui va m'attirer des problèmes. Mais d'un côté, j'ai le pressentiment que Floki peut m'être bénéfique ; il a l'air de savoir beaucoup de chose.

Marchant un peu au hasard et à la chance je tombe sur une maison où sur des tonneaux, une femme blonde démêle les cheveux de... Tanaruz ?! Celle que je viens de citer tourne sa tête vers moi et me dévisage avec de grands yeux. Je la connais, elle était la fille d'un docteur de ma ville, sa présence ici me fait comprendre qu'elle a été capturée pendant le raid, elle aussi. Elle paraît toute abbatue, vivante mais sans âme, son teint est blafard et sa figure n'envoie aucun sentiment. La femme derrière elle se lève alors. Le contour des ses yeux est tapissé d'une poudre noir et sur ses cheveux blonds posent une couronne de fleur.

-Qui êtes vous ? me demande-t-elle avec méfiance.

-Je suis l'esclave du prince Ivar, Genisis.

-C'est donc toi qui rend mon mari si euphorique,sourit-elle avant de me tendre la main que je saisis. Enchantée, je me nomme Helga. Que viens-tu faire là mon enfant ?

-Je cherche Floki, jaimerais... lui parler.

-Il en sera ravi ! s'exclame Helga en frappant dans ses mains. Il n'est pas loin, juste derrière ces arbres, il construit un char.

-Bien, merci. Je vais de ce pas le retrouver.

Helga me salue avec un grand sourire et je ne peux m'empêcher de faire de même. Elle a une joie contagieuse cette femme. En partant,j'adresse un regard à Tanaruz qui me le rend avec froideur.

Je trouve Floki dans un chantier de bois et de métaux. Malgré la légère brume qui nappe la forêt, je distingue une roue dans ses grandes mains. Je n'ai point de raison d'être intimider par lui donc ça va aller...

-Floki ?

L'interpellé se tourne vers moi et un grand sourire vient tordre ses lèvres alors qu'il s'approche.

-Genisis ! Quel vent t'ammène ?

-Je veux... Je veux... parler, si cela est possible,balbuté-je sans vraiment trop savoir la raison de mon déplacement.

-Ça me fait plaisir de te recevoir ma chère ! Vas-y, je t'en prie !

Avec entrain, Floki ramène deux rondins de bois et nous nous asseyons dessus. Ses yeux fous me détaillent tandis que je m'apprête à parler.

-C'est... C'est à propos d'Ivar, entamé-je avec amertume. Il m'a étranglé.

Je vois les yeux de Floki descendre dans mon cou et s'ouvrir de stupeur. Il roule sa mâchoire avant d'émettre un grognement.

-Cet infirme est incorrigible ! lâche-t-il avec agacement.

-Vous... Tu... Tu le connais ?

-Le connaître ? Je l'ai éduqué ! m'annonce Floki à ma grande surprise. Sa mère, la défunte reine Aslaug, m'avait chargée de lui enseigner notre religion et je lui ai tout appris... Mais pas ça ! Violenter une pauvre et jolie fille comme toi quelle lacheté !

-Peut-être que je ne tiens pas ma langue mais de là à employer une telle violence... Il m'effraie.

-Non, tu n'as pas à avoir peur. Ivar est certes un petit con qui fut un peu trop gâté par sa maman mais il a un bon fond, et je parie qu'il te le révélera.

-Ça semble mal parti.

-Ne te méprends pas Genisis ! Ce garçon est né pour accomplir de grandes prouesses ! Et tu seras à ses côtés, en tant que sa Valkyrie.

Floki s'était levé pour appuier ses paroles de grands gestes. De mon côté, j'avais tiqué sur ses mots bien trop ambitieux et utopistes.

-Cesse donc de me comparer aux Valkyries. Ivar m'a parlé d'elles et des dieux et je n'ai rien en commun avec eux.

-Tu ne te connais pas Genisis, heureusement que moi je te connais,dit Floki en repartant à ses affaires.

Je me lève aussi, intriguée par ce qu'il fait.

-Pourquoi construis-tu un char ? N'est-ce pas ta spécialité les bateaux ? questionné-je avec curiosité.

-Il est pour Ivar. Dans quelques temps nous partirons Wessex pour venger ce cher Ragnar. Et pour que notre petit Désossé participe à ces batailles, je lui donne de quoi courir... Mieux, de quoi se voler. Et toi tu te tiendras sur le char, armée d'un arc, pour le guider et le protéger.

Ce qu'il peut etre borné ! Après quelques derniers mots, je quitte Floki et me rends à la ville. Passant près d'une étable, je perçois des cris étranges. Entre les planches qui la composent, je regarde et découvre une femme... qui chevauche un homme. Qui plus est, ce sont Margrethe et Ubbe Lothbrock, les regards que j'ai aperçu entre eux trouvent là une explication. Je n'arrive même pas à décoller mes yeux de cette scène tellement elle est irréaliste ! Faire ça... dans une étable... C'est bien un concept de Vikings !
Soudain, en plissant les yeux, je distingue quelque chose ou plutôt quelqu'un de l'autre côté de l'étable. Oh non ! Contournant l'étable, je tombe sur la dernière personne auquelle j'aurais pensé et là, les mots se mettent à filer hors de ma bouche telle une cascade.

-Ivar ?! Que faîtes-vous ici ? Et pourquoi espionnez-vous votre frère pendant qu'il fait ses affaires avec une esclave ?!

-Mais ferme-la ! crie Ivar entre ses dents.

Il cesse enfin cette observation perverse et se tourne vers moi. À cet instant les incidents de la veille me reviennent ce qui m'ôte l'envie de le réprimer plus. Avec un dernier coup d'oeil vers le coït il me demande de nous en aller. Je savais que les Vikings n'étaient pas pudiques mais je ne pensais pas qu'Ivar irait espionner son frère de la sorte. Et ça c'est censé accomplir de grandes prouesses ?! Pervers et fou, il cumule tous les défauts du monde. Le traitement d'Ubbe et Ivar envers les esclaves sont strictement opposés. D'un côté, Ubbe couche avec une esclave pleinement épanouie qui a l'air consentante et de l'autre Ivar cherche déjà à me tuer alors que je ne suis ici que depuis 3 jours. Cependant cela me dérangerait qu'Ivar agisse avec moi comme Ubbe agit avec Margrethe. Lui et moi... Rien qu'imaginer ça me rend toute chose. De plus je pense rester vierge toute ma vie maintenant qu'il est sûr que je ne connaîtrai jamais le mariage. Je n'ai jamais été amoureuse et je n'ai jamais ressenti de désir donc être seule me convient. M'enfin, seul le temps nous dira si ce qu'il adviendra de moi.

 M'enfin, seul le temps nous dira si ce qu'il adviendra de moi

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La Valkyrie du DésosséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant