Chapitre 14 : Vision ✔

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Ma vision : moi, voguant sur un drakkar avec une terre en vue. Je dois me concentrer sur cette vision. Je suis spéciale. En arrivant à Kattegat j'ai reçu le don de parler et comprendre la langue des païens en échange de ma langue maternelle. Ceci veut peut-être dire que ma place n'était pas en Espagne... Quelque part je l'ai toujours su. Les Vikings devaient m'arracher de ma terre pour que j'entame ma destinée.

Ivar...

Il revient toujours dans mon esprit, tel un corbeau que l'on lâche au milieu de l'océan. Ivar m'a fait souffrir, aussi physiquement que psychiquement alors je dois tirer un trait sur lui. Mais comment faire lorsque cette amertume crôit ? Il aura gagné, il a pu s'amuser et bientôt il prendra une nouvelle esclave afin de lui faire subir la même misère ! Mais non, ceci ne me concerne plus !

Je secoue frénétiquement la tête et me concentre sur le paysage afin dégager Ivar. Sur la rive je distingue les formes d'Ubbe et Hvitserk et leur fait signe. Au même moment, une bourrasque éclate à ma figure fermant mes yeux par la même occasion. Et là, je revois ma vision. Moi sur un drakkar, en mer, cheveux au vent, terre en vue, sourire sur mes lèvres... C'est ce qui arrive ! Ma vision est parallèle à la réalité ! Mais qu'est-ce que c'est encore ?! Les Dieux se jouent-ils de moi ? Est-ce cela le futur rêvé ? Ce moment ?

Je déglutis comme pour avaler l'amertume qui me tourmente. Je suis libre de faire ce que je veux, et même de renoncer à ma liberté. Alors reculant de quelques pas je prends mon élan, enjambe le rebord du drakkar et plonge dans l'eau. Je joue des jambes pour glisser aussi vite qu'un poisson. J'atteins la rive où tout le monde me regarde avec stupéfaction. Pas même épuisée, je me lève et mes yeux se braquent sur les Ragnarssons tous aussi interloqués. Je ne m'attarde pas sur eux, je leur expliquerai mon geste plus tard quand moi-même je comprendrai ma vie. Je me mets en route pour trouver Ivar. Je sais où il est.

Mes cheveux me collent au dos et au visage, de même que mes vêtements. Chaque pas dans mes bottes inondés émet un bruit mousseux dans la forêt. J'aperçois Ivar sur le terrain d'entraînement, assis sur une souche, en train de lancer des haches. Prenant mon courage à deux mains je surgis face à lui. Je dois être un gâchis dégoulinant et abject au vu de son regard désenchanté.

-Genisis !

-Oui, tu ne m'as pas encore oublié, relevé-je d'une grande bouche.

-Pourquoi ?

-Il est temps que je me libère Ivar, déclaré-je d'une voix que je ne me connaissais pas.

J'ôte mon épée de son fourreau l'oeil vif posé sur Ivar qui épie scrupuleusement mes gestes. Il comprend où je veux en venir et attrape aussi une épée. Évidemment je charge la première. J'abats verticalement mon épée à celle d'Ivar qui geint au contact. Je lui lance plusieurs coups qu'il pare avec précision.

-Mais pourquoi Genisis ?! demande-t-il en me repoussant.

-Pourquoi ? répété-je de manière à me moquer de lui. J'étais ton esclave, et tu m'as insulté, battu, humilié !

Chacun de mes mots est appuié d'une tentative de le blesser.

-Et donc pour te venger tu te décides à tenter de me tuer garce ! vocifère Ivar alors que nos visages ne sont séparés que par nos lames.

-Toi aussi tu l'as fait !!! crié-je en frappant le sol d'irritation. Par plus tard qu'avant-hier. Pour ma vengeance devrais-je t'embrasser de force comme tu as osé le faire ce jour-là.

Ivar avale à mes mots. La forêt semble s'être s'assombrie. J'ai l'impression que Kattegat n'existe plus, qu'il ne reste plus que le terrain d'entraînement et la forêt sans fin comme fond. La rage fait palpiter mon coeur et me donne l'élan d'enchaîner les assauts.

La Valkyrie du DésosséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant