Une bonne poignée de jours est passée depuis mon arrivée à Kattegat et aujourd'hui j'accompagne Ivar à un l'entraînement avec ses frères. Avec le Désossé rien n'est vraiment au beau fixe, nous ne nous adressons la parole que lorsqu'il me donne des ordres ou que j'en termine. Quand je n'ai rien de précis à faire, je l'accompagne et ainsi débutent de longues conversations silencieuses. Les Ragnarssons ont aménagé un endroit au beau milieu de la forêt pour s'exercer à l'art du combat. À gauche il y a des cerfs suspendus qui font office de cible et à droite il y a la place pour un combat à l'épée. Ivar se pose sur une souche et Ubbe lui donne un arc alors que lui-même en prend un. En parlant de ce dernier, j'ai discuté avec Margrethe à son propos et il semblerait que la blonde veuille s'engager dans une relation avec le fils aîné de la défunte reine Aslaug. Qu'il en soit ainsi ! Même si elle est parfois étrange, Margrethe mérite d'être heureuse avec un homme.
Elle n'a pas à subir ce que je subis.
Tandis que Sigurd et Hvitserk s'affrontent je me concentre sur l'aîné et le benjamin. Ubbe arme son arc et tire sa flèche qui vient s'encastrer dans l'oeil du cerf. Impressionnant ! Mais cela ne m'étonne pas de lui, Ubbe est le plus crédible des Vikings. C'est ensuite au tour d'Ivar, qui contre toute attente, est meilleur que son ainé. Sa flèche est venu fendre celle de son frère, la divisant en deux branches qui tombent au sol. Ceci vient conforter mes pensées, Ivar est dangereux.
Les garçons continuent de s'entraîner et je comprends qu'une compétition s'est installée entre eux pour déterminer qui est le meilleur à l'arc, compétion qu'Ivar gagne sans trop de mal en se flattant à chaque prouesse. Lassé de perdre, Ubbe souffle et lâche son arc. Il se détourne des cibles, l'air défaitiste,et reporte son attention sur moi. Je lui donne un sourire poli mais brusquement il me frappe l'épaule.
-À ton tour ! s'exclame-t-il avec confiance. Vas t'entraîner !
-Pardonnez-moi prince Ubbe, mais je suis une esclave, me mettez point d'arme en ma possession, me defendis-je aussitôt bien trop peureuse pour relever ce défi.
-Tu viseras les cerfs, pas nous,me sourit le frère semblable à un loup.
-Elle est capable de nous confondre avec eux, renchérit Sigurd pour se moquer.
-Genisis je t'en prie, montre-nous ce que tu sais faire, rajoute Hvitserk tout en continuant à se battre.
Mais je ne sais rien faire !
Dans mon pays les femmes ne se battent pas ! Je ne me suis jamais servie d'une arme ! Pourquoi Ivar ne dit-il rien ? Il est là,assis sur la souche, dos à moi, semblant à mille lieux de la situation. Lui qui adore me poser des interdits ne peut-il pas le faire maintenant ?
Ubbe ramasse son arc et me le tend.
Ce n'est rien de toute façon, me calmé-je. J'ai juste à échouer et je pourrais retourner à ma place d'esclave à laquelle je me suis habituée.-Fais attention à ne pas te crever un oeil avec la flèche, me lance Sigurd qui cesse son combat.
Il est aussi condescendant que son frère celui-là. Déjà que je ne suis pas rassurée, je n'ai point besoin, en plus, de railleries.
Je m'avance pour être à la même distance qu'Ivar des cibles et arme l'arc. Je ferme un oeil et les mots de Floki me reviennent alors.Je me tiendrai aux côtés d'Ivar, armée d'un arc, je le guiderai et le protégerai.
Sur ces paroles caverneuses qui résonnent dans mon esprit je décoche ma flèche. Elle n'atterit pas sur le cerf, non, elle traverse la corde qui le retient. Ma bouche s'ouvre dans un halètement quand je réalise ce que je viens de faire. Pendant un court instant, personne ne parle mais les yeux restent rivés sur la corde qui finit par céder. Le corps du cerf tombe à terre dans un bruit sourd et soudain, je sens des bras me prendre par derrière et me faire tourner.
-Bravo ma petite Genisis ! s'exclame Hvitserk dans mon oreille avant de me reposer au sol.
-Vois-tu à quel point tu es talentueuse ! me sourit tendrement Ubbe.
-Coup de chance !rouspète Sigurd.
Qu'il parle ! Je suis aussi fière que surprise et rien ni personne ne peut me jeter de mon petit nuage. Pas même Ivar. Ce dernier cligne des yeux mais n'a aucune véritable réaction.
Apparement je ne suis pas aussi faible qu'il le prétend ! Suite à cela, je prends part aux entraînements des garçons et réitère mes exploits. Ubbe et Hvitserk m'encouragent tandis que Sigurd cherche la petite bête mais se fait à chaque fois calmer par Ivar. Les garçons décident ensuite de voir si je me débrouille aussi bien au combat rapproché. On me tend l'épée la plus légère et Hvitserk m'apprend quelques mouvements. Lentement, chacun de ses gestes me montrent comment paraît et donner des coups.-Il suffit ! Voyons si notre petite Espagnole est aussi farouche à l'épée qu'à l'arc, fait Sigurd en s'armant.
L'épée en main je me sens toute-puissante. L'impression que rien ne peut m'arriver m'envahit. Les frères s'écartent, nous laissant dans une arène imaginaire. Mon adversaire se place face à moi et m'attaque le premier. Glissant sur la droite, j'évite le coup et me retourne pour entrechoquer perpendiculairement ma lame contre la sienne. Des étincelles en jaillissent et Sigurd se voit obliger de reculer. Il revient vite à la charge et cette fois c'est de face que nous nous affrontons. Les esquives que m'a appris Hvitserk me sont bien utiles à ce moment car je sais les refaire, mais plus surprenant encore, j'en tente d'autre. C'est comme si mon corps savait déjà appris à se battre, que j'avais déjà manié une épée, mais c'est impossible.
Distraite, je laisse le temps a Sigurd de m'asséner un coup au dos. Le métal vient tracer une ligne partant de ma hanche à mon homoplate opposé et je bondis en arrière. Dur retour à la réalité que je subis ! Mes yeux se tournent vers Ivar qui a la bouche ouverte et semble près à descendre de la souche. La douleur se tait face au danger que représente Sigurd. Il me charge alors que je suis en position de faiblesse : j'ai un genou plié et une jambe tendue en arrière. Au dessus moi, le visage fou de Sigurd qui a sûrement oublié que ce n'était qu'un entraînement. Ma lame longe mon bras, résistant à la force de Sigurd quand soudain je laisse mon genou se dérober pour pivoter sur moi-même et envoyer mon pied dans les jambes du serpent. Celui tombe en arrière et j'en profite pour me relever et trancher son abdomen. La coupe est peu profonde pour ne pas le tuer mais elle suffit à me venger. Il est vaincu. Je me tiens au-dessus de lui, le regard fière et moqueur alors que l'épée taquine son menton.
■■■
Je suis plutôt fière de la réécriture de ce chapitre. Je me suis rendue compte que mon écriture était vraiment mauvaise et que Genisis était un personnage complément ridicule. Là, je suis satisfaite. J'essaye de ne pas trop m'écarter de l'histoire originale tout en améliorant la qualité, j'espère au moins que ça vous plaît et que je ne fais pas ça dans le vide.
VOUS LISEZ
La Valkyrie du Désossé
Historical FictionGenisis n'est pas une simple esclave. Elle appartient à Ivar Lothbrok. Elle est le cadeau des Dieux. Sa relation avec le Désossé n'est pas qu'entraide et taquineries, elle est toxique... sulfureuse... et malsaine. Genisis serait-elle un cadeau empo...