5ème mois - Partie 1

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J'entrai dans le cabinet du gynécologue pour ma visite mensuelle. Comme à chaque visite, mon cœur battait à tout rompre.

-Bien, comment allez-vous? Pas de problèmes particuliers?

-Non ça va...

-Le sentez-vous bouger maintenant?

Je secouai la tête. Je voyais mon ventre s'arrondir. Je prenais conscience du petit être qui grandissait en moi grâce aux changements qui s'opéraient sur mon physique. Mon ventre s'était considérablement arrondi et mes seins commençaient à s'enfuir doucement de mes soutiens gorges. Malgré tout, je ne réalisais pas encore vraiment ma situation. J'en avais conscience, mais je continuais de le vivre comme si c'était un rêve. Bon ou mauvais? Je n'avais pas encore tranché.

L'homme qui m'auscultait me fit alors signe de m'allonger et passa du gel sur mon ventre avant de l'étaler avec sa sonde. A l'écran, le petit être qui grandissait en moi apparu. Comme pour la dernière échographie, j'eus le réflexe de détourner le regard avant de jeter un coup d'œil avec appréhension. Je savais que plus je focalisais mon regard sur ce petit être qui grandissait en moi, plus il me serait difficile de m'en séparer. Ma décision n'était toujours pas prise. Je me réveillais avec la conviction que je devais m'en débarrasser, et m'endormais en l'imaginant lover contre mon sein. Ces sentiments contradictoires m'épuisaient, malmenant mon cœur et ma résolution.

Je risquai un coup d'œil sur l'écran et là, je le vis. Ce petit être miniature qui grandissait en moi. Bien que toute l'image soit brunie, je voyais distinctement chaque partie de mon bébé qui avait considérablement grandi. Sa petite tête, pas encore totalement formée, laissant comme un trou béant en son centre, son petit corps recroquevillé sur lui-même, ses petits bras et ses mains qui s'agitaient doucement, n'osant pas trop s'éloigner de sa poitrine, sa bouche allant à la rencontre de son pouce dans un mouvement hésitant mais instinctif. Je n'étais pas encore à la moitié du second trimestre, mais j'étais impressionnée par la vitesse à laquelle un petit humain était fabriqué. En neuf mois, la fusion d'un spermatozoïde et d'un ovule avait la capacité de créer des milliards de cellules qui s'assemblaient les unes aux autres. Elles se multipliaient sans cesse, se modifiant en fonction des besoins du futur être, créaient des connexions nerveuses, un cerveau, un cœur, des poumons et out ce dont il aurait besoin pour survivre une fois à l'extérieur. Tandis que je regardais ce petit être magnifique, une boule d'émotion se forma au creux de ma poitrine.

-Vous devriez le sentir bientôt, ce n'est plus qu'une question de jours. Vous voulez savoir le sexe?

Je savais dans quoi je me lançais et également que je ne pourrais revenir en arrière. Je me mordis la lèvre avant d'accepter.

Quelques heures après, je me retrouvai sur mon canapé avec Alice, un gros paquet de marshmallow entre nous, regardant un épisode d'une célèbre série américaine avec un docteur cynique marchant avec une canne. Mon téléphone vibra et je regardais le texto que je venais de recevoir, sourire aux lèvres, qui ne passa pas inaperçu aux yeux d'Alice. La jeune femme m'arracha alors le téléphone des mains.

-Encore un message de ton sauveur? Dis donc, c'est que vous discutez drôlement ensemble ces derniers temps.

-Alice! Rend-le moi! Grondai-je en essayant de récupérer mon portable, en vain.

-Alors, lisons ça! S'esclaffa-t-elle en le déverrouillant. Voyons, voyons. Comment vas-tu? Bien et toi? Blablabla, je viens de me lever...ouai sympa...bonne nuit, fais de beaux rêves...ne pense pas trop à moi..Dis donc, ça drague sec ma chérie. Et le dernier...Ho, il te propose de un cinéma en tête à tête ce samedi. Alors....Que vais-je répondre?

-Alice, fais pas ta gamine, rends-moi ça! Suppliai-je alors, le visage en feu.

-Avec grand plaisir mon amouuur, je mettrai mes jolis sous-vêtements rouge, ceux en dentelle avec le string ainsi que mes bas résille....

-Alice! La coupai-je en lui arrachant le téléphone des mains.

Alors que je vérifias qu'elle n'avait pas écris de connerie, je l'entendis s'esclaffer dans son coin.

-Tu trouves ça drôle? Lui lançai-je avec un regard noir tout en répondant de manière convenable au jeune homme.

-Roh, si on ne peut plus rigoler! Puis, reprenant son sérieux, elle continua. Mais dis moi, ça a l'air sérieux entre vous? Enfin, je crois que je ne t'ai jamais vu aussi attachée à quelqu'un depuis....Timothé.

-Timothé? Tu rigoles j'espère? Me défendis-je.

-Oui t'as raison, pardon, il y a eu David aussi, mais si je me rappelle bien, tu l'as quitté parce qu'il t'avait volé ta carte pokémon.

-On avait sept ans! Riai-je en lui balançant un coussin sur la figure.

S'ensuivit alors une bataille de polochons qu'Alice remporta haut la main. Mais pour ma défense, je ne pouvais pas faire beaucoup de mouvements au risque de blesser le bébé. Essoufflées, on se laissa donc tomber sur le canapé, côte à côte. Au bout d'un long moment silencieux pendant lequel on reprenait notre respiration, Alice reprit la parole.

-Alors, comment s'est passé ton rendez-vous?

-Bien bien. J'ai vu le bébé à l'échographie....

Elle me regarda de travers, pressentant ce que j'allais lui annoncer.

-Il m'a dit le sexe...

-Non, Marion, ne me dis pas que..

-Ho attends, wahou, donne-moi ta main, vite, vite!

C'était léger, comme des billes roulants sous ma peau. Je fermai les yeux, prenant cette fois-ci entièrement conscience de ma grossesse et de ce petit être grandissant en moi. J'étais enceinte, j'allais avoir un bébé, et je l'élèverai. Comment? Je n'en avais aucune idée. Mais je m'en sortirai. Des personnes dans des situations pire que la mienne y arrivaient bien, alors pourquoi pas moi?

-C'est un garçon. Et j'aimerai que tu en sois la marraine.

J'avais toujours eu l'idée de prendre Alice comme marraine le jour où j'aurais eu des enfants. La journée avait été chargée en émotions. Moi, qui pensais être sure de ma décision, venais de prendre un virage à quatre vingt dix degrés. Je serais incapable de l'expliquer, mais voir mon bébé grandir en moi avait eu l'effet d'une gifle. A le voir ainsi, j'avais alors réalisé que je ne pourrais plus jamais vivre sans lui. J'allais le porter pendant neuf mois. J'allais lui donner naissance. J'allais entendre son premier cri. Je ne m'étais jusque là jamais vraiment projetée. Terrifiée par cette grossesse involontaire, je n'avais cherché qu'à fuir et faire comme si elle n'avait jamais eu lieu. Mais des changements s'opéraient en moi. Mon corps, mes goûts, mes envies, mes besoins...Tout se modifiait en moi désormais, et même si j'étais effrayée, je ressentais au plus profond de moi ce lien qui m'unissais à ce petit ange.

Sur cette annonce, ma meilleure amie me décrocha un magnifique sourire. Oui, la vie est faite de surprises, plus ou moins difficiles à gérer, mais avec du soutien, tout est possible. Et au visage d'Alice, je sus que je pourrai toujours compter sur elle pour m'aider à faire face.

9 mois |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant