On ne pense pas toujours aux conséquences de nos actes. Seul l'instant compte. Ce que l'on ressent, ce que l'on voit, ce que l'on touche. Rien d'autre ne compte. Rien d'autre n'a d'importance. À part le plaisir. Un maximum de plaisir.
Il était dans la même agence de recherche d'emploi que moi. Je venais de me faire licencier. Réduction de personnel. Mais j'étais motivée à travailler. Prendre n'importe quoi. Quand à lui, désinvolte et rebelle, il ne faisait que pointer. J'ai toujours eu un faible pour les mauvais garçons. Bien sur, un homme gentil et prévenant avait aussi toutes les chances de me séduire, mais le côté imprévisible et une pointe macho avait le don de m'exciter. Il a alors suffit d'un regard pour me faire chavirer. J'étais une fille légère, je l'avoue. J'aimais m'amuser. Je ne me prenais pas la tête. Alors quand il a glissé son numéro entre mes doigts, je n'ai pas hésité.
Le soir même, je l'ai retrouvé au bar. L'ambiance était à la fête. Au milieu, se trouvait la piste de danse où des corps se déhanchant les uns contre les autres brillaient sous les néons multicolores. Des tables rondes avec des petits fauteuils étaient postés tout autour. Certaines personnes y étaient affalées, les yeux dans le vague, reprenant leur souffle après une danse frénétique ou leur équilibre après deux ou trois verres de trop. Un peu plus en retrait se trouvaient des canapés baignant dans une certaine obscurité, certainement pour offrir aux clients une certaine forme d'intimité. Ce fut vers cette zone que l'on se dirigea. On commanda du bourbon. Juste un verre, histoire de débuter la soirée. De fil en aiguille, le whisky, la tequila et la vodka nous firent grâce de leur compagnie. Mais je refusais le champagne que le serveur me proposa. Non, surtout pas de champagne. Ce type de vin était la base de toute histoire d'amour. Et même si j'en raffolais, la situation ne s'y prêtait pas. Je n'avais pas envie de gâcher une si bonne boisson en sachant pertinemment ce qui allait suivre. Alors on s'est contenté d'alcool plus brut, plus bestial. On a bu, on a ri, et on a encore bu, beaucoup bu. Les toilettes d'un bar ne sont pas le meilleur endroit pour se laisser aller à ses pulsions, je vous l'accorde, mais je m'en fichais. Il en avait envie, j'en avais envie. J'étais comme ça. Mes désirs passaient avant tout, peu importe si l'endroit s'y prêtait ou non.
Une fois nos ébats terminés, je l'ai remercié avant de le pousser hors des toilettes et lui refermer la porte au nez. Je ne l'ai jamais revu. C'était peut-être mieux ainsi. Ce n'était pas quelqu'un de fréquentable de toute façon. Du moins, de ce qu'il m'a laissé comprendre. Ancien petit dealer vivant sur ses allocations chômages, il ne travaillait que le minimum syndical pour retrouver ses indemnités et avait d'ailleurs payé nos verres avec de l'argent sale, ne s'en cachant même pas. Ou alors il se doutait que je ne le dénoncerai pas. De toute façon, sa vie ne m'intéressait pas. Je ne comptais pas me marier avec lui, quelle horreur. Mais j'étais satisfaite. J'avais fait ce que j'avais voulu, et même si mon comportement n'était pas des plus admis, je m'en fichais. J'étais comme ça. Je ne voulais pas d'attaches. Du moins pas tout de suite. Il faut dire que je n'avais pas non plus rencontrer la personne qui m'aurait donnée envie de me poser. Des enfants? Un jour, oui. J'adorais les enfants. Mais un mari, je n'étais pas dans ce délire. Coucher avec le même homme toute sa vie, non, ce n'était pas pour moi. Je trouvais ça d'un ennui.
En sortant des toilettes, je me suis dirigée vers le bar afin de commander une tekila sunrise. Un peu plus ou un peu moins d'alcool ne ferait de toute manière pas grande différence. Autour de moi, les gens dansaient, riaient, pleuraient pour certains, mais aucun d'entre eux n'avait la moindre idée de ce qui c'était passé quelques minutes plus tôt dans l'avant dernière cabine des toilettes pour dames. En sortant de cette dernière, j'avais d'ailleurs vu une jeune fille s'y diriger afin de rendre un trop plein de beuverie. J'avais hésité à lui déconseiller d'y entrer, mais m'étais rétractée au dernier moment. Après tout, il avait dus s'en passer des choses dans cette cabine, alors, une partie de jambes en l'air de plus ou de moins...
Une fois ma boisson finie, j'enfilais ma doudoune et laissais mes jambes me raccompagner chez moi. J'étais pensive. Ce n'était pas la première fois que je couchais pour coucher, ni même que je faisais ça dans des endroits cocasses ou peu hygiénique, mais généralement, la soirée ne se terminait pas si brusquement. D'ordinaire, l'homme avec qui j'étais avait au moins la galanterie de me raccompagner. Je soupirai, préférant laisser cette aventure aux oubliettes dans les méandres de mes souvenirs.
J'arrivais chez moi au bout d'une longue demi heure de route. Mon appartement était silencieux, vide, froid. Et comme à chaque fois que je faisais ce constat, je me disais qu'il fallait que je prenne un chat.
Un chat, c'est bien, pensais-je, C'est un animal solitaire qui n'a besoin de personne pour vivre. Il suffit de le nourrir, lui donner à boire et nettoyer sa caisse pour qu'il soit heureux. Quelques caresses de temps en temps pour la forme. Et puis, au moins, ça serait une présence réconfortante.
Je me dirigeais vers ma salle de bain, à moitié convaincue par mon idée et pris une douche. Épuisée, je m'écroulais sur le canapé, un pot de pop corn à moitié entamé, et, comme une douce ironie, la chanson «tu pues le chat» de Phoebe dans les oreilles....
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9 mois |Terminé|
Ficción General« On ne pense pas toujours aux conséquences de nos actes. Seul l'instant compte. Ce que l'on ressent, ce que l'on voit, ce que l'on touche. Rien ne compte. Rien n'a d'importance. A part le plaisir. Un maximum de plaisir. Il était dans la même agenc...