Mes yeux s'ouvrirent tandis que le noir absolu me faisait face. Comme un petit moment déjà, mon amie l'insomnie était au rendez-vous, pile à l'heure pour notre rendez-vous quotidien. Elle m'étais fidèle et d'une ponctualité à toute épreuve. A mes côtés, je sentis Eric bouger, grogner et se retourner avant de repartir dans une nouvelle phase de sommeil profond. Le veinard! Durant un instant, je fus tentée de le réveiller. Je me tournai alors vers lui et commençai à l'embrasser doucement dans la nuque. Le bougre ne bougea pas d'un millimètre. Je savais qu'il devait se lever tôt le lendemain matin alors je n'insistai pas. Avec un sourire, je remontai la couverture sur lui avant de m'extraire de ce cocon de chaleur.
Le froid me fit frissonner et je bondis sur ma robe de chambre, dans laquelle je m'emmitouflai avec bonheur. Discrètement, je refermai la porte de la chambre et me dirigeai vers la cuisine afin de me préparer un chocolat chaud. Dans le silence de mort qui y régnait, ouvrir le placard me parut produire le son le plus fort qui puisse exister. Je serrai les dents tout en sortant d'une main tremblante une tasse orange à l'effigie de Bob Marley. Une fois cette première étape franchit, il me fallait rassembler le lait et le pot de chocolat, dont je ne me souvenais évidemment plus l'emplacement, du moins pour ce dernier ingrédient. Soupirant, je commençai par verser le lait froid dans ma tasse que je mis à chauffer au micro-onde. Ce dernier faisait un tel raffut que je m'étonnai de ne pas voir Eric débouler dans la cuisine. Prenant mon mal en patience, je comptai les secondes dans ma tête. Une fois le lait chaud, j'y déposai six cuillères à soupe de chocolat et le touillai pensivement avec une cuillère à café.
-7 mois, murmurais-je, prenant conscience que la fin était proche. La fin...Ou le début. Le début de ma nouvelle vie. Une vie dont je n'étais vraiment pas préparée. Dans laquelle je ne savais quoi faire. Allaitement? Biberon? Lingettes? Liniment? Je n'en savais rien, moi! Enfin si, je savais que je voulais allaiter. Au moins un problème de résolu. Et le talc dans tout ça? Ma mère m'avait dit qu'on ne s'en servait plus désormais.
Touillant distraitement mon chocolat, je me laissai tomber dans un tourbillon de souvenirs. Je me rappelai alors de quelque chose. Quand j'étais enfant, je devais avoir sept ans à tout casser, avec Louis et Sophie on se disputait pour savoir qui irait en premier à la salle de bain. Bien évidemment, on se bousculait, n'hésitant pas à envoyer les vêtements de recharges des uns et des autres par-dessus la rambarde. J'étais la première à franchir la pièce tant convoitée, mais alors que j'allais m'enfermer, Louis avait bloqué la porte de son pied, laissant Sophie se charger de moi. Elle avait alors attrapé la première chose lui passant sous la main. Une vieille boite de talc à moitié entamé. Elle m'en avait balancé dans les cheveux avant de partir en courant, ne manquant pas d'asperger Louis au passage. Une bataille de talc avait alors eu lieu. D'abord Sophie contre Louis et moi pour finalement se retrouver les uns contre les autres. On avait recouvert la maison de talc, n'épargnant aucune pièce.
Papa et maman étaient arrivés, furieux, pour nous calmer, mais cela avait fini en bataille générale. Si bien que le lendemain, Sophie, Louis et moi avions dus faire le ménage dans la maison de fond en comble. On avait tellement rit ce jour-là, tous les cinq. Alors, quand est-ce que notre père avait changé? Quand était-il devenu cet homme froid cassant? Ce souvenir était le dernier que j'avais d'aussi heureux avec notre paternel. Bien sur, il y avait eu d'autres bons moments après celui-là, mais tous étaient liés à la performance. Une bonne note, un cadeau. Un bulletin excellent, un weekend à la montagne. Avait-il toujours été comme ça ou bien quelque chose l'avait fait transformé au fil du temps? Je n'avais pas la réponse, et il était bien trop tôt pour en parler à maman.
-Qu'est ce que tu fais là ma puce? Tout va bien?
Je sursautai, manquant de me brûler tandis que la voix d'Eric stoppa le cours de mes pensées. Le jeune homme, simplement vêtu d'un caleçon, se trouvait accoudés au plan de travail. Je souris devant spectacle qu'il m'offrait, lorgnant sans vergogne sur sa stature.
-Oui, je n'arrivais pas à dormir.
Je bus mon chocolat d'une traite, manquant de me brûler et rejoignis Eric, l'entraînant vers la chambre, un sourire lubrique au coin des lèvres.
-Mais j'ai une petite idée pour lutter contre les insomnies. Lui lançai-je d'un ton qui se voulait sensuel.
-Tu es sure que l'on peut...? Me demanda-t-il, hésitant, tandis que son regard se durcissait de désir.
-Je suis enceinte, pas impotente.
Pour appuyer mes dires, je fis tomber ma robe de chambre au sol, lui laissant le soin d'admirer la nuisette couleur prune qui me servait de pyjama quelques secondes. Cette dernière ne tarda pas à aller rejoindre son amie au sol tandis que je me glissai à pas de loup dans la chambre.
-Alors? Tu ne viens pas? Le questionnai-je en passant ma tête par l'embrasure de la porte.
Sans un mot, Eric réduisit la distance qui nous séparait et colla ses lèvres sur les miennes. D'un mouvement, il me souleva et je plaçai mes jambes de chaque côté de son bassin. Doucement, nous nous allongeâmes sur le lit, prêts pour une nuit de débauche, ne rompant notre baiser sous aucun prétexte.
VOUS LISEZ
9 mois |Terminé|
General Fiction« On ne pense pas toujours aux conséquences de nos actes. Seul l'instant compte. Ce que l'on ressent, ce que l'on voit, ce que l'on touche. Rien ne compte. Rien n'a d'importance. A part le plaisir. Un maximum de plaisir. Il était dans la même agenc...