J'étais dans la chambre de la maternité. Gaëtan tétait tant bien que mal mon sein. Je remerciai la sage femme qui avait eu la gentillesse de m'aider à placer mon fils. Je pensais, à tort, qu'allaiter était d'une simplicité enfantine. J'étais persuadée qu'il suffisait de mettre notre bébé face à notre sein et qu'il ferait le reste. Je ne pouvais pas faire plus fausse route que ça. Ce fut donc à mes dépends que je me rendis compte que l'allaitement était une chose bien plus compliqué que je ne l'imaginai et que certaines positions pouvaient faire mal. Mais j'étais déterminée à y arriver. Ce n'était qu'un coup à prendre après tout.
Eric entra. Il avait de grosses cernes et semblait exténué.
-J'ai fini de préparer la chambre du petit. Du moins, l'essentiel pour ton retour, on verra par là suite comment on s'organisera.
-T'es un amour....Tu sais tu n'es pas obligé de passer la journée ici...Tu devrais dormir mon coeur.
-Je sais, mais je ne veux pas perdre une seule seconde. Puis, se tournant vers notre fils, il ajouta, il est tellement sage..
Un rire nerveux s'échappa alors de ma bouche. Effectivement, Gaëtan venait enfin de s'endormir avec mon sein au coin de la bouche, une expression béate sur le visage. Mais après la nuit que j'avais passé, le terme sage ne me semblait pas du tout approprié. Je rentrais demain et j'avais hâte de débuter notre vie à trois, dans notre appartement. Mon existence avait prit une tournure à 90° et j'en étais effrayée tout autant qu'enthousiasmée.
On toqua à la porte et je vis ma mère entrer, suivie de près par ma sœur et mon frère. Ils me félicitèrent. Tandis que Sophie et maman s'extasiaient devant notre fils, se disputant pour savoir qui allait le porter en premier, Louis me donna les dernières nouvelles.
-Maman a demandé le divorce. Cela faisait un moment qu'elle y pensait. Et j'ai rencontré papa il y a quelques jours au supermarché. Il bécotait sa secrétaire. Quand il m'a vu, j'ai eu l'impression qu'il voyait un fantôme. Mais il a fait comme si de rien n'était. Il est passé à côté de moi avec sa poule sans même me jeter un regard.
Je n'étais pas vraiment surprise. Rien ne pouvait plus m'étonner de sa part. Après avoir échangé quelques autres banalités, toute ma petite famille s'en alla. Le silence de la chambre ne fut que de courte durée puisqu'Alice arriva. Ma tornade d'amie était tellement heureuse de rencontrer son filleul qu'elle resta jusqu'à ce que la dernière minute des visites soit écoulée. Elle n'était tellement pas décidée à partir que le personnel de sécurité de l'hôpital fut obligé d'intervenir pour la mettre dehors. Sous mon regard amusé, un homme, bien baraqué, l'avait alors porté sur son épaule jusqu'à la sortie.
Eric resta quand à lui plus longtemps. Il se décida à partir sur les coups de vingt trois heures. La nuit venue, Gaëtan tétant goulûment mon sein, je ne pus m'empêcher de penser que ma vie était désormais parfaite. Rien ne pouvait plus venir gâcher mon bonheur.
*
La chambre qu'Eric avait préparée était magnifique. Les murs étaient peints en plusieurs dégradés de bleu. Sous la fenêtre, un petit lit était prêt. En face, une jolie table à langer n'attendait que les petites fesses de mon fils. Une armoire trônait dans un coin, ne manquant que d'être encore plus remplie qu'elle ne l'était déjà. Des paquets trônaient fièrement au milieu de la pièce, me suppliant du regard de les ouvrir.
-C'est magnifique...Tu as fais tout ça en si peu de temps? M'émerveillai-je en me mordant la lèvre.
-J'ai eu beaucoup d'aide. Ton frère notamment, son compagnon, mes amis...Alice...Sophie....ta mère. Tout le monde s'y est mit. Me répondit-il d'un ton rieur.
-Vous êtes géniaux! M'exclamai-je en l'enlaçant, tout en faisant attention de ne pas écraser Gaëtan qui se trouvait dans mes bras.
Je me sentais comblée. Je réalisais à ce moment à quel point j'étais aimée, entourée, soutenue, et mon bonheur n'en fut qu'augmenté.
Gaëtan allait dormir avec nous pendant un long moment. L'allaitement était pour moi très fatiguant, et ne pas avoir à me lever la nuit était un réel plus. Le fait de faire dormir mon fils dans mon lit, communément appelé le cododo, m'avait beaucoup aidé durant mon séjour à la maternité. Et il était hors de question de changer cette habitude maintenant.
Là, dans cette chambre, je respirai un grand coup. J'étais chez moi, chez nous, et, entourée de ma petite famille, je ne pouvais me sentir plus comblée...
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9 mois |Terminé|
General Fiction« On ne pense pas toujours aux conséquences de nos actes. Seul l'instant compte. Ce que l'on ressent, ce que l'on voit, ce que l'on touche. Rien ne compte. Rien n'a d'importance. A part le plaisir. Un maximum de plaisir. Il était dans la même agenc...