Macabre

Chapitre 17

Ça faisait plusieurs années qu'elle voulait faire ça.

Elle avait finalement réussi. Elle était sortie de son dortoir au beau milieu de la nuit, la baguette de Sureau dans sa main.

McGonnagal l'avait peut-être privée de sa baguette... mais elle avait toujours le Baton de la Mort en sa possession et ce, depuis le début.

C'était son rêve depuis plusieurs jours. En finir. Mourir comme Dumbledore, écrasée au sol comme une mouche.
Elle allait réaliser son rêve ce soir.

Sa chemise de nuit blanche retombait sur ses cuisses, et ses pieds étaient seulement couverts de grosses chaussettes grises la protégeant à peine du froid du carrelage.
Le château était glacial pendant la nuit, et Judie en faisait les frais.

Mais ce n'était pas grave. Bientôt, elle ne ressentirait plus rien.

-Alohomora! Chuchota-t-elle.

La porte de la salle d'Astronomie s'ouvrit avec un petit "clic" qui parut assourdissant dans le silence qui reignait dans Poudlard.

Elle s'avança, le souffle court.

-Je peux tous vous protéger, Drago. Ton père est en sécurité à Azkaban, et nous pouvons vous cacher, toi, ta soeur et ta mère, mieux que tu ne peux l'imaginer. Passez du bon côté, les enfants... vous n'êtes pas des tueurs...

Dumbledore avait voulu les aider. Il avait essayé. Mais elle avait refusé...

Elle slaloma entre les différents appareils servant à observer le ciel, et s'approcha du balcon. Elle se pencha pour inspirer un grand coup et...

-Ne sautes pas! J'ai une raison. Voire deux. Ou trois. Quatre. Plein! Déjà, il y a moi. Promis, je te lâcherai jamais! Et puis, il y a Ron, Hermione... et même si il est plus amoureux de toi, Harry t'apprécie beaucoup quand même... et père! Père serait mort de chagrin sans toi. Paris, ta chouette te réclamera tout le temps... et le paon albinos! Qui lui courira après si tu n'es plus là?

Harry ne l'appréciait pas du tout. Elle n'avait pas parlé à Ron, Hermione et Drago depuis des plombes. Paris serait sûrement heureuse de ne plus avoir à transporter tout ce courrier. Père était en prison et le paon... il n'avait plus de jardin dans lequel courir.

Tout était vain.

-Tu es super belle, Judie. Tu es adorable, drôle, avec un caractère de merde... et puis, tu as tout le temps pour voir ta vie devenir plus belle! Tu te marieras, tu auras des enfants, ... tu ne peux pas gâcher tout ça sur un coup de tête, ce serait trop bête!

Judie n'était plus adorable. Ni drôle.
Elle avait cru que sa vie allait devenir plus belle. Elle y avait vraiment cru. Très fort. Mais ça avait juste empiré. Encore et encore, jusqu'à devenir insupportable.

Les raisons qui l'avaient poussée à renoncer à se suicider n'étaient plus valables aujourd'hui. Alors il ne lui restait décidément plus rien. Plus personne.

Elle avait toujours envie de croire que tout allait s'arranger. Elle voulait que tout s'arrange. Elle voulait de nouveau parler à ses amis, passer Noël avec eux, rire avec eux.

Judie redoutait terriblement son anniversaire. Elle ne voulait pas être là quand ça arriverait.

Elle se mit debout sur le balcon, et regarda dans le vide, sûre d'elle.

***

Drago, Hermione et Ron avaient été appelés en urgence par la directrice. Ils avaient déboulé dans l'infirmerie, en larmes, et avaient découvert de corps gisant et brisé de Judie.

Elle était toujours si belle. Sa peau était parfaitement blanche et lisse, tandis que ses longs cheveux blancs semblaient avoir été longuement peignés. Ses petites mains graciles reposaient de part et d'autre de son visage, et ses yeux verts clairs étaient fermés.

Drago fondit en larmes, et tomba à genoux près du lit blanc, terrassé par la douleur. Il se mit à sangloter fort, hurlant presque, et prit les mains de sa soeur dans les siennes.

Ça ne pouvait pas être possible. Elle ne pouvait pas avoir fait ça.

Ron tremblait, et serrait contre lui une Hermione sur le point de tourner de l'oeil.

-Elle tenait un journal depuis Noël, avoua McGonnagal aux trois adolescents. Il me semble important que vous le lisiez...
Afin de comprendre son geste.

Sa voix était toute douce, et donnait à Drago encore plus envie de pleurer.
Il n'avait jamais autant sangloté. Jamais il n'avait osé pleurer devant autant de monde.

Mais plus rien n'avait d'importance désormais.

Ron se saisit du journal noir, et avisa la couverture sur laquelle étaient gravées les armoiries Malfoy en argenté.

Il l'ouvrit et commença sa lecture, Hermione lisant par dessus son épaule et son visage perdit toutes ses couleurs dès les premières lignes.

-C'est de notre faute! Glapit Hermione, complètement hystérique. Putain de bordel de merde!

-Mione... tenta de l'apaiser Ron.

-Oh merde... nan..., pleurait-elle, pliée en deux. Je croyais... je croyais qu'elle ne voulait plus de nous. Je croyais que c'était une menteuse, en tous cas c'est ce que Harry avait dit...

-OUAIS BAH HARRY A MENTI! Beugla Drago. Il a forcément dit toutes ces conneries à Judie. C'est obligé. PUTAIN!

Ron essuya ses yeux et se tourna vers Mrs Pomfresh.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement?

-Elle a sauté du haut de la tour d'astronomie, expliqua sobrement l'infirmière dont les yeux brillaient.

Drago posa la main froide de sa soeur sur sa joue en soupirant, faisant rouler encore quelques larmes entre ses cils blonds.

-Lorsqu'on l'a retrouvée, elle avait la quasi totalité de ses os cassés,le crâne ouvert, et le visage déformé ainsi que quelques dents en moins. Son nez était explosé, comme sa machoire... je vous passe les détails. Seulement, sa colone vertébrale et son cerveau n'ont pas explosé à cause de l'impact, et c'est un véritable coup de chance. Elle a dû heurter quelque chose dans sa chute qui l'a ralentie.

Un sanglot plus aigu que les autres secoua Drago qui écoutait en silence.

-Donc elle est toujours vivante mais sa vie tient à un fil car elle a perdu beaucoup de sang et elle souffre énormement. Elle est trop faible pour que je lui administre une nouvelle potion, ça risquerait de la tuer.

-Donc vous dites que tout ses os sont encore cassés, là? Qu'elle a mal? S'enquit Hermione.

-Exactement. D'ailleurs, elle est actuellement parfaitement consciente. Elle n'a juste pas la force de faire quoi que ce soit, expliqua Pomfresh.

Ron tapa contre un mur, Hermione se précipita au chevet et Drago, choqué, lâcha la main brisée de sa soeur.

-Je peux lui donner mon sang, déclara Drago le plus sérieusement du monde. On a le même groupe sanguin.

-Très bien, accepta Mrs Pomfresh en voyant que McGonnagal hochait de la tête au fond de la salle. Asseyez vous ici, lui ordonna-t-elle.

"Tu entends Judie?" Pensait Drago. "Je ne veux pas que tu souffre. Je veux plus te laisser tomber".

L'infirmière lui enfonça une aiguille dans le bras, le connectant à une machine qui pompait son sang, connectée à un autre aiguille qu'elle planta dans le bras inerte de Judie.
La jeune fille tressaillit et gémit, et Drago se souvint qu'elle avait toujours eu très peur des aiguilles.

Il lui attrapa la main une nouvelle fois, et resta assis là toute la nuit, alors que son sang coulait désormais dans les veines de sa soeur.