Elle m'y conduisit sans broncher et je m'arrêtai au bas de l'immeuble, soudain prit d'un doute.
— J'avais une voiture ?
— Non, répondit-elle. Tu n'avais qu'une moto.
— Et elle est où ?
Elle grimaça à ma question et je soupirai, on m'avait encore caché quelque chose.
— Ils sont partis avec quand... ils sont venus chercher l'argent.
— Je leur devais combien ? m'enquis-je.
— Je n'en sais rien, et Aly non plus. Ils ont pris tout ce qu'ils pouvaient prendre.
Je soupirai et m'avançai vers la porte de mon immeuble, sortant les clés qu'on m'avait finalement rendues. Je grimpai les marches jusqu'à arriver devant ma porte que mon père avait en effet fait changer et, à en juger par les portes des voisins, fait remplacer à l'identique. Je déverrouillai la porte et entrai dans l'appartement dont rien n'avait bougé. Julia porta une main à sa bouche et j'en déduisis rapidement qu'elle n'était pas venue ici depuis les événements mouvementés qu'il y avait eu.
— Ouais, ils n'ont pas fait semblant, soufflai-je simplement.
Je prenais un peu plus conscience des dégâts parce qu'il faisait jour et que j'étais bien plus optimiste et réceptif que je ne l'avais été quelques jours avant. Je m'approchai du mur dans lequel était toujours fiché la balle et je réalisai toute l'ampleur de ce qui s'était déroulé ici. Julia me rejoignis et écarquilla les yeux.
— Elle ne m'avait pas dit qu'ils... avaient tiré, souffla-t-elle.
— Ouais, elle est plutôt silencieuse sur ce qu'il s'est passé, répondis-je.
— Ce n'est pas elle qui te l'a dit, n'est-ce pas ?
Je secouai doucement la tête en détachant mes yeux du trou présent dans le mur avant de la regarder.
— Mon père s'en est chargé, elle voulait occulter quelques détails.
— Rien d'étonnant. En rentrant chez moi, elle m'a appelée. Elle était tellement choquée, j'étais malheureuse de ne rien pouvoir faire et elle refusait d'aller voir la police.
— Ce qui est stupide.
— Non ça ne l'est pas Matt. Qui dit police dit enquête, qui dit enquête dit témoignage. Mentir à la police n'est pas un bon plan, et leur dire la vérité, dans ce cas-là, ça aurait été te mettre dans la merde dès ton réveil. Je ne sais même pas comment ton père s'est démerdé pour que personne ne vienne te poser des questions sur l'accident... On y a tous eu le droit. Peut-être qu'il a joué sur ta perte de mémoire pour qu'on te laisse tranquille.
Je me contentai d'acquiescer, réalisant qu'elle ne pourrait même pas avoir le droit à une réelle justice, simplement pour me protéger. Et si ce soir-là elle s'était pris la balle... Je chassai cette pensée de mon esprit et me mit à redresser les meubles qui étaient au sol et non cassés, d'abord dans la pièce principale, puis dans les autres. Julia se chargea de ramasser les objets qui étaient encore entiers et de les déposer sur le bar qui donnait sur la cuisine. Puis je trouvai un balai et une pelle et me mis à récupérer tous les éclats de verre, de bois ou de mur éparpillés au sol. On y voyait déjà plus clair mais ce n'était pas encore ça. L'interphone se mit à sonner et je ne pus m'empêcher de sursauter avant de comprendre d'où cela venait. Je me contentai d'ouvrir et bientôt Aly passa la porte de l'appartement qu'elle referma derrière elle. Elle observa la pièce avant que son regard ne se fige quelques secondes sur la balle. Puis elle s'approcha de nous.
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Souviens toi !
RomanceMatthieu se réveille de deux mois de coma mais ne se souvient de rien, ou presque. Il reconnaît son père mais ignore tout de la jeune femme qui l'accompagne, qui tient sa main dans cette chambre d'hôpital. Comment est-il arrivé là ? Que s'est-il pas...