— Vous comprenez bien qu'elle a besoin de repos et que les vas et vient ne l'aide en rien. Nous pouvons faire des exceptions, mais ça n'est pas dans son intérêt...
— Elle ne l'a pas vue depuis un an, répondis-je simplement.
L'agacement était lisible sur son visage, mais je savais que c'était important pour sa mère ainsi que pour elle. Il soupira et comme dépassé par ma demande, il acquiesça, comme résigné avant que je ne retourne auprès d'Aly qui avait fermé les yeux et semblait même dormir.
— Alors ? souffla-t-elle de manière quasi inaudible.
— Alors je crois que c'est bon, répondis-je en attrapant à nouveau sa main.
— Merci, ajouta-t-elle à voix basse. Donc elle arrive ?
Elle avait rouvert les yeux et attendait le moindre signe de ma part, alors je me contentai d'acquiescer doucement. C'était la troisième fois qu'elle tentait de parler depuis le matin mais cela lui faisait mal. Pourtant, elle privilégiait les phrases courtes dans une tentative de paroles et le reste par écrit. Sa mère allait arriver d'une minute à l'autre et Aly avait insisté pour que je sois là. J'avais pourtant essayé de lui expliquer que mon père m'avait demandé de quitter le service, de la laisser seule avec sa mère et de la laisser se reposer, elle avait réussi à me convaincre du contraire. Alors je m'apprêtais à rencontrer sa mère, pour la première fois, dans des conditions qui n'étaient certainement pas celles qu'elle avait pu espérer.
Quand Yoann, l'infirmier, la laissa à l'entrée de la chambre, je fus surpris de la découvrir. A vrai dire, j'ignorais à quoi elle ressemblait, peut-être l'avais-je su mais c'était un détail qui m'avait depuis échappé. L'observant attentivement, je découvris une femme très belle. Aly avait très certainement hérité d'elle sur ce point. Pourtant, j'étais prêt à parier en cet instant que peu de personnes l'avaient déjà vu ainsi. Un jean large, un t-shirt pas beaucoup plus distingué et des baskets : tout autant de choses qui ne collaient pas avec l'image de la femme d'affaire dont je me souvenais soudainement. Ses cheveux blonds étaient relâchés, même un peu négligés... Son visage n'était pas maquillé et ses yeux étaient marqués par la fatigue ou des larmes, ou les deux. Le temps de la détailler ainsi, elle avait déjà rejoint le lit et serrait Aly tant bien que mal dans ses bras. Cette étreinte dura quelques longs instants avant qu'elle ne se détache d'elle pour prendre son visage dans les mains. A ma plus grande surprise, elle se mit à parler en anglais pour questionner Aly sur son état. Celle-ci se contenta d'acquiescer simplement et je réalisai simplement à cet instant qu'elle tenait encore fermement ma main. Alors sa main releva son visage vers moi et celui-ci se durcit.
— Tu dois être Matthieu, m'adressa-t-elle simplement.
— En effet, ravi de vous rencontrer, commençai-je. J'aurais préféré que cela se fasse dans d'autres conditions et...
— Je veux savoir tout ce qu'il s'est passé, me coupa-t-elle.
— Elle ne peut pas parler, tentai-je alors en réponse.
— Tu as une langue, non ?
Je restai bouche bée avant d'acquiescer doucement. Elle se contenta d'embrasser à nouveau le front d'Aly. Puis elle regarda autour d'elle, cherchant manifestement quelque chose.
— When can you leave ? lui demanda-t-elle alors.
Aly se contenta de hausser les épaules.
— I want you to tell me everything that happened, from A to Z Alyson.
J'ignorais pourquoi elle lui parlait anglais maintenant alors qu'elle maîtrisait visiblement très bien le français. Elle avait un accent, c'était indéniable, mais il était plus adorable que ridicule. Aly me lança alors un regard qui mêlait détresse et fatigue.
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Souviens toi !
RomanceMatthieu se réveille de deux mois de coma mais ne se souvient de rien, ou presque. Il reconnaît son père mais ignore tout de la jeune femme qui l'accompagne, qui tient sa main dans cette chambre d'hôpital. Comment est-il arrivé là ? Que s'est-il pas...