Elle était blessée. L'un de ces connards lui avait tiré dessus et elle était entre leurs sales pattes, à cause de moi. Et à cause de Luc. Paralysé derrière le téléphone, la voix insupportable de H reprit.
— Tu as dix minutes pour arriver devant le Rock Up, sans flics.
Sans que je ne sache ni comment, ni pourquoi, un nouveau cri retentit de l'autre côté du combiné. Je n'avais pas encore raccroché que déjà je rejoignis Georges, en train de travailler sur sa propre voiture.
— Georges, j'ai besoin d'une voiture sur le champ, c'est urgent.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il en attrapant un trousseau de clé dans sa poche. C'est la voiture de prêt qui est devant, ça va ?
Je me contentai d'acquiescer. Le temps n'était pas à la discussion, il était plus que compté. Mon téléphone vibra à nouveau dans ma main et j'y jetai un rapide coup d'œil : Maxime. Il avait tout entendu. « Lance l'enregistrement de ton téléphone avant de rentrer au Rock Up, une équipe arrive ». Je ne pris même pas la peine de répondre, supprimai le message et sautai dans la voiture en question, démarrant en trombe en tentant de me remémorer l'itinéraire du bar. C'est quasiment 10 minutes plus tard que je me garai devant celui-ci. Je fus accueilli très rapidement et on réquisitionna mes clés de voiture. J'avais coincé mon téléphone en mode enregistrement dans ma chaussette et pendant la rapide fouille que je subis, il ne descendit assez bas ou avec assez d'insistance pour y accéder. Puis il me poussa vers le fond du bar pour regagner le bureau dans lequel j'avais déjà été reçu. Les seules images qui tournaient dans mon esprit étaient celles d'Aly blessée ou... Et plus l'instant de découverte s'approchait, plus je craignais le pire. Quand j'entrai dans le bureau, je la vis au sol dans une flaque de sang. Pourtant au premier pas que je fis dans sa direction, on me barra la route. Nous n'étions que six dans la pièce et le bar avait l'air fermé, probablement pour mener à bien son plan...
— Hors de question. T'es juste là pour la voir se vider de son sang. C'était selon mes règles, c'est à moi de décider comment ça se passe. Alors je vais t'expliquer très rapidement : tu vas la regarder mourir, puis je vais te laisser t'en vouloir, ici, avec de la drogue à volonté, et je vais te laisser mourir à ton tour, d'une overdose. Ou de manque. Ou à l'aide d'une balle. Je déciderai de ça sur le moment, selon ce que je trouve le plus distrayant.
Je ne voyais pas Aly, quelqu'un s'était posté bien trop près de moi pour que je puisse l'apercevoir, j'ignorais où elle était blessée et je n'étais pas parvenu à croiser son regard. Je ne l'avais même pas vu bouger. Ce fut plus fort que moi et je tentai de me jeter sur lui. Une nouvelle fois, quelqu'un m'agrippa pour m'en dissuader et il asséna un coup de pied à celui d'Aly qui suffit à lui arracher un cri de douleur. Au moins elle n'était pas encore morte... Celui qui m'avait rattrapé avait par la même occasion dégagé le chemin, je pouvais désormais la voir maladroitement adossée contre le mur. Le sang semblait provenir de sa jambe sur laquelle elle tentait d'appuyer maladroitement mais rapidement, je relevai le regard pour voir son visage. Ses yeux étaient fermés et sa respiration rapide. Son teint était livide et... Une équipe arrivait me remémorai-je rapidement. Des aveux. Il nous fallait des aveux. Et si elle devait y passer... Non. Je me fis violence pour ne pas penser à ça, elle était en vie, elle allait s'accrocher comme toujours et elle tiendrait le temps qu'il faut. Des aveux, c'était ce qu'il nous fallait.
— Pourquoi tu t'en prends à elle ? pestai-je entre mes dents. Pourquoi tu veux sa mort ?
— Oh sa mort ? Ce n'était pas le plan. Initialement elle devait être blessée, mais je n'aime pas qu'on tente d'entraver mes plans. Je n'aime pas qu'on copine avec les flics dans mon dos, d'autant plus lorsque j'ai été très clair à ce propos. Elle était prévenue, et tu étais prévenu. Et je compte bien faire en sorte que vous ne sortiez pas d'ici en vie, ni l'un ni l'autre. Et puis il faut croire que le fait qu'elle s'en sorte à chaque fois m'a donné envie d'orchestrer un peu mieux tout ça. Vous servirez d'exemple à d'autres, crois-moi.

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Souviens toi !
RomansaMatthieu se réveille de deux mois de coma mais ne se souvient de rien, ou presque. Il reconnaît son père mais ignore tout de la jeune femme qui l'accompagne, qui tient sa main dans cette chambre d'hôpital. Comment est-il arrivé là ? Que s'est-il pas...