J'étais exténué, totalement éreinté et pourtant, il m'était impossible de fermer l'œil. Parfois je m'assoupissais mais mes rêves, très abstraits, ressemblaient plus à des cauchemars qu'autre chose et me réveillaient sans attendre. Manger n'avait même pas été envisageable. Régulièrement me revenait en tête le fait qu'elle avait dû faire face à tout ce qu'il s'était passé l'été passé seule. Elle m'avait tenu la main comme j'avais été incapable de le faire plus tôt dans la journée. Elle l'avait fait pendant des semaines entières et même si je ne pouvais pas m'en souvenir, même si je ne me souvenais pas de nous, de notre relation, de notre amour, j'avais pris conscience du fait qu'elle était tout ce qui m'était arrivé de mieux dans ma vie. C'était ce que tous m'avaient fait comprendre. Tous sauf... Luc. Luc. Je devais aller le tuer de mes mains ou au mieux, lui refaire le portrait. Je ne savais toujours pas comment il avait réussi à l'emmener là-bas. Pour moi, la seule explication était qu'il l'y avait amenée de force et cette image me révoltait. Rapidement, j'attrapais les clés de la voiture que Georges m'avait prêtée, me promettant intérieurement que j'irais bientôt récupérer celle d'Aly devant le Rock Up. Après avoir quitté l'appartement je fis demi-tour afin de retourner chercher mon arme. C'était une arme de défense, ce n'était que des balles à blanc mais cela aurait très certainement de quoi lui faire une petite frayeur. Et puis s'il s'en prenait une, qui croierait un camé comme lui ? Rapidement je me souvins que j'avais été ce même camé et pire, très certainement que j'avais un casier judiciaire. J'étais impliqué dans un trafic de drogue et...
— Tu vas où comme ça ?
Je me stoppai dans la rue, à la sortie de mon immeuble, pour me retourner et faire face à Julia. Elle s'approcha lentement de moi.
— Si tu comptes te rendre à l'hôpital, c'est inutile, souffla-t-elle ensuite.
Je la questionnai du regard avant de réaliser que mon père l'avait très certainement appelée pour la prévenir que je n'avais pas le droit d'y aller ou peut-être même pour me surveiller.
— Quand mon père compte-t-il arrêter de comploter dans mon dos ?
Elle haussa les épaules avant de m'offrir un léger sourire et de se rapprocher un peu plus. Elle semblait s'approcher avec une prudence exagérée. Puis lentement elle attrapa l'arme que j'avais gardé dans ma main, un peu distrait. Je n'opposai aucune résistance.
— Tu n'auras pas besoin de ça, ajouta-t-elle. Tu allais voir Luc peut-être ?
Elle me connaissait peut-être un peu trop. Je soupirai et acquiesçai à ses mots avant de hausser les épaules.
— C'est à cause de lui qu'elle est là-bas, c'est de sa faute Julia.
Julia passa une main amicale dans mon dos pour m'entrainer vers l'entrée de mon immeuble. Ce n'était pas spécialement l'endroit où je souhaitais me rendre en cet instant mais c'était très certainement la meilleure des solutions.
— Tu as dit ça à la police ? demanda-t-elle simplement.
J'acquiesçai simplement en avançant vers l'immeuble.
— Je leur ai dit tout ce que je savais sur lui et sur ce qu'il avait pu faire, et sur le fait qu'il détestait Aly.
— Alors laisse les faire leur travail et fais profil bas. Laisse-le dans sa misère. Il va avoir des problèmes. Surtout qu'Aly va pouvoir témoigner, elle va pouvoir leur dire ce qu'il s'est véritablement passé.
Elle avait raison. C'était certainement tout ce qu'Aly aurait trouvé à me dire dans cette situation. C'était peut-être aussi pour ça qu'elles s'entendaient si bien. Pourtant, j'avais avec Aly cet esprit de contradiction qui ne ressortait pas avec Julia et que j'étais incapable d'expliquer.

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Souviens toi !
Roman d'amourMatthieu se réveille de deux mois de coma mais ne se souvient de rien, ou presque. Il reconnaît son père mais ignore tout de la jeune femme qui l'accompagne, qui tient sa main dans cette chambre d'hôpital. Comment est-il arrivé là ? Que s'est-il pas...