Chapitre 33 - Aly

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« — Il faut que j'y aille, l'informai-je. Je ne peux pas le laisser comme ça, je... Je sors. »

Il avait lâché ça comme ça, dans l'air, sans me où il comptait aller, me laissant plus angoissée que jamais. Avait-il prévu de se rendre au Rock Up ? Devais-je prévenir Maxime ? Mon estomac et mon cœur se vrillaient dans tous les sens, me laissant faire les cents pas dans l'appartement. J'en avais verrouillé la porte dès lors que j'avais compris qu'il ne reviendrait pas tout de suite, espérant qu'il revienne un jour malgré tout... Rester ici était pesant, et même si chaque jour semblait mieux se dérouler, le moindre bruit, le moindre évènement ou le moindre mouvement me ramenait à la réalité de ce qui avait pu se passer un peu plus tôt.

La fatigue intense qui m'habitait depuis des mois me fit probablement sombrée. Pourtant mon réveil fut brutal. Quelqu'un venait de sonner à l'appart et tambourinait déjà contre celle-ci. Mon cœur rata un battement et je me redressai aussitôt, paniquée. J'attrapai mon téléphone pour guetter la moindre nouvelle de Matthieu, en vain. Je lui envoyai un message pour lui demander où il se trouvait, puis un deuxième paniqué pour lui que quelqu'un était derrière la porte. Pourtant la voix qui me parvint rapidement me parût plus familière.

« — Putain Aly ouvre ! »

Il avait l'air de savoir que j'étais seule, et ce n'était pas quelque chose qui me rassurait : est-ce que Matthieu était allé le voir ? Est-ce qu'il était allé voir H ? Je me levai, récupérant dans mon sac la bombe lacrymogène que Matthieu m'avait confié peu de temps auparavant. La gardant dans ma main, je gagnai la porte d'entrée pour vérifier par le judas qu'il était seul.

­— Je sais que t'es là ! Ouvre ! hurla-t-il.

­— Qu'est-ce que tu veux ? tentai-je sans ouvrir.

— C'est pour Matthieu, ouvre bon sang !

Mon cœur se ressera et à nouveau effrayée par la panique qui l'habitait, je déverrouillai la porte. A peine eus-je ouvert qu'il la poussa sans ménagement pour entrer dans la pièce l'air réellement paniqué, tremblant. Pourtant les mots qu'il aligna, bien que maladroitement, suffirent à me convaincre de la légitimité de sa panique.

— Matthieu il est venu... il voulait pas mais je lui ai dit que c'était qu'un rail alors il en a pris un et puis après il en a reprit et il s'est endormi et il bouge plus, mais il respire mais Aly tu dois venir parce que c'est... Viens, je vais t'y amené, il faut que tu viennes, faut pas qu'on appelle les flics, faut pas qu'ils sachent... On est bon pour la taule, viens !

Matthieu avait repris de la drogue, était probablement en train d'agoniser et lui n'avait pas eu de meilleure idée que de le laisser seul ? Sans attendre j'attrapai mon téléphone, mes clés de voiture, coinçant discrètement ma bombe lacrymo dans la poche arrière de mon jean, gagnant la sortie.

— Et t'es débile ou tu le fais exprès ? Pourquoi tu l'as laissé seul ? m'emportai-je.

— Je veux pas faire de la taule Aly et je... s'ils viennent ils vont voir que moi aussi et...

Je levai la main pour l'inciter à se taire.

— Où est-ce qu'il est ? lui demandai-je simplement calmement en verrouillant la porte de l'appartement.

— Je connais pas l'adresse, je sais juste comment on y va...

Je soupirai, plus effrayée qu'énervée en cet instant. Dévalant les marches quatre par quatre je gagnai rapidement la voiture tout en tentant d'appeler Matthieu. Naturellement je tombai sur sa messagerie alors je lui envoyai un dernier message : « Je suis avec Luc on arrive ». Il n'était pas question d'avoir confiance en Matthieu ou non, mais je savais qu'il pouvait facilement retomber dans ces travers et j'avais peur que ce soit le cas. Je l'avais prévenu seulement quelques heures auparavant et il avait déjà succombé ? Tout en roulant, je suivis rapidement les indications de Luc sans réellement réfléchir. De temps en temps, mes yeux se posaient sur l'écran de mon téléphone ou sur les mains de Luc, tremblantes. Au bout de quelques instants, un mauvais pressentiment s'empara de moi alors que nous nous rapprochions dangereusement du Rock Up. Je jetai un coup d'œil à Luc qui semblait étrangement plus serein. Je mis mon clignotement de sorte à me garer sur le bas côté et ses mots me glacèrent.

Souviens toi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant