Chapitre 32

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« En venant me chercher, viens me voir dans mon bureau. » C'était le dernier message d'Aly que j'avais reçu alors que j'étais à l'hôpital pour un énième rendez-vous médical. Terminant ce que j'avais à faire, je finis par reprendre la voiture pour gagner le boulot d'Aly et la rejoindre dans son bureau, légèrement stressé par ce que j'allais trouver ou ce qu'elle comptait me dire. Je la trouvai pourtant installée à son bureau, ses lunettes sur son nez, jouant avec son stylo en lisant un document. Le soulagement s'empara de moi et elle releva la tête vers moi, laissant un léger sourire prendre place sur ses lèvres.

— Qu'est-ce qu'il y a ? m'enquis-je malgré tout.

­— Ferme la porte s'il te plait, me demanda-t-elle.

J'obtempérai avant de la regarder, attendant ses explications. Elle s'écarta alors de son bureau comme pour s'éloigner de son travail.

­— Maxime m'a envoyé un mail. En gros, les semi-aveux de H sont un élément solide. Il pense que d'autres éléments pourraient rendre le dossier plus solide encore mais il m'a redit que j'avais interdiction de les revoir, il craint qu'il... enfin il pense qu'il veut simplement me... enfin me mettre hors-jeu quoi.

Il était manifestement trop difficile de dire « me tuer », et finalement c'était compréhensible. Je me contentai d'acquiescer doucement, c'était même certain, sinon jamais il n'aurait pris le risque de tirer en public. Il ne s'était simplement pas attendu à ce que ses plans soient contrecarrés. Elle reprit rapidement.

— Quelqu'un surveille l'appartement quand nous n'y sommes pas afin d'être sûrs que personne ne s'y rend ou ne nous y attends. Il ne l'a pas dit explicitement mais il a laissé entendre que ça n'était plus qu'une question de jours avant qu'ils n'interviennent, c'est allé plus vite qu'ils ne pensaient et il les juge trop dangereux pour continuer à prendre des risques.

J'assimilai ses paroles avant d'acquiescer une nouvelle fois et de prendre une grande inspiration. Une question de jours, c'était une question d'heures finalement. Pourtant, je savais que cela n'amènerait pas la tranquillité, loin de là. J'allais avoir un casier judiciaire, j'allais devoir payer pour mes erreurs du passé et cela allait très certainement être terriblement long pour nous deux. Mais le danger allait probablement arrêter de planer à ce point au-dessus de nos vies.

— Qu'est-ce qu'il lui faudrait pour que le dossier soit plus solide ?

Son air soudainement ahuri me fit comprendre qu'elle n'avait pas abordé le sujet à cette fin, pourtant je voulais mettre toutes les chances de notre côté, je voulais qu'il avoue ce qu'il avait pu chercher à manigancer, je voulais qu'il paye pour tout.

— Matthieu, ce n'est pas la peine...

— Qu'est-ce qu'il lui faudrait pour que le dossier soit plus solide ? répétai-je lentement.

Elle soupira et se leva de son fauteuil pour marcher lentement vers moi en secouant la tête. Pourtant, comme si elle lisait en moi, elle dû comprendre que je ne comptais pas démordre et se chargea de répondre.

— Qu'il avoue tout, qu'il évoque concrètement un trafic de drogue, avoir commandité « l'accident » de cet été, nous avoir menacé, m'avoir... violentée, avoir tenté de me tuer, nous avoir extorqué de l'argent. Mais tu ne les auras pas comme ça, puisque tu ne retourneras pas là-bas, c'est trop risqué. Il faut les laisser faire maintenant Matthieu.

Je secouai la tête à ses mots, je refusais de laisser la police faire si je pouvais obtenir ce qu'il fallait pour m'assurer qu'Aly ressortirais de cela indemne, libre de toute contrainte judiciaire.

— Allez viens, je te ramène à l'appart, me contentai-je de répondre.

Elle secoua la tête à son tour, décontenancée, et attrapa ses affaires pour les regrouper, prête à quitter son bureau. Je me contentai de la suivre à l'extérieur, gagnant la voiture après avoir vérifié à l'extérieur si rien de suspect ne traînait. C'était cette situation qui ne devait pas durer, celle de devoir constamment douter de la présence d'un agresseur ou tueur potentiel autour de nous. Le chemin se déroula en silence et pourtant, je sentais qu'elle mourrait d'envie de reprendre la conversation pour essayer de me dissuader de tenter quoi que ce soit. Mais elle devait se douter que j'étais bien trop déterminé pour changer d'avis, ou peut-être craignait-elle que je ne m'emporte... L'aurais-je fait, avant ? Je l'ignorais, et lui poser la question en cet instant n'était pas réellement envisageable, alors je restai silencieux. Au bout de longues minutes, j'arrêtai simplement le véhicule devant l'immeuble, quittant la voiture avec elle pour gagner l'appartement dont la porte était encore totalement verrouillée. Personne n'était venu ici, personne n'avait cherché à pénétrer dans l'appartement ou à s'y cacher pour nous attendre, c'était une nouvelle victoire qui pouvait paraître pourtant si anodine.

Souviens toi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant