Chapitre 2

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Au réveil, le même cirque recommença. D'abord la visite matinale pour aller à la salle d'eau, puis la toilette, les étirements et massages, la prise de tension, et j'eus même le droit à un scanner. Sortir de ma chambre m'avait emballé à première vue mais parcourir les couloirs de l'hôpital sur un fauteuil roulant m'avait rapidement fait déchanté. Pourtant, mon état d'esprit changea du tout au tout quand je revins dans ma chambre. Aly était là, assise sur une chaise, les yeux rivés sur son téléphone. Silencieux, je laissai le personnel soignant m'installer à nouveau sur mon lit. Je n'avais pas eu le temps d'aborder le sujet avec mon père, mais je restais certain qu'elle me mentait. Quand tout le monde eut quitté la pièce et que son regard fut posé sur moi, je l'agressai sans préavis.

— Qu'est-ce que tu fous là ?

— J'ai pour devoir de te faire retrouver la mémoire, assura-t-elle doucement.

Son ton et sa voix presque brisée me firent regretter légèrement ma dureté en vers elle, mais cela me passa rapidement.

— Si c'est pour encore me mentir, tu peux repartir.

— Je ne t'ai pas menti, répondit-elle un peu perdue.

— Mes parents vivent le parfait amour et ont toujours été heureux, lui rappelai-je simplement.

Elle baissa les yeux quelques secondes en secouant la tête avant de me regarder à nouveau.

— Matthieu, ta mère a trompé ton père et...

— C'est faux ! la coupai-je. Ma mère ne ferait jamais ça !

— Je t'assure que c'est vrai Matthieu.

Je soupirai en décidant de lui accorder le bénéfice du doute bien que très peu convaincu. Ses yeux dans les miens me disaient qu'elle était certaine de ce qu'elle avançait.

— Raconte-moi autre chose ? la tentai-je comme si je pouvais la piéger.

Je remarquai seulement à cet instant qu'elle portait une attelle à son poignet droit. Attelle que je n'avais pas remarqué la veille. J'étais même certain qu'elle n'y était pas puisque j'avais saisi son poignet nu pour l'empêcher de m'entraver...

— Qu'est-ce qui t'es arrivé ? tentai-je simplement.

Le temps d'un instant, je me demandai si j'étais responsable de sa blessure.

— Je me suis blessée il y a deux mois, c'est simplement encore un peu fragile, souffla-t-elle simplement.

Peut-être avais-je réveillé une douleur, mais je n'en étais pas le principal responsable et cela me suffisait.

— T'es qui pour moi ?

Fier de moi, je la regardai perdre ses moyens. Elle détourna le regard, le posant au sol comme si elle pourrait y trouver la réponse. Puis elle finit par hausser doucement les épaules en me regardant à nouveau.

— Une amie.

Elle n'avait pas l'air convaincue par ce qu'elle disait.

— T'es sûre de toi ? Parce que tu n'as pas l'air, l'enfonçai-je.

— Je suis une amie à toi, nous nous connaissons depuis deux ans, confirma-t-elle, ses yeux dans les miens.

Puis, accompagnant son geste d'un « tiens », elle me tendit son téléphone sur lequel était affichée une photo. Une dizaine de personnes étaient présentes dessus mais seule une me parût familière. Je le lui rendis, en soupirant.

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