Souviens toi !

Chapitre 5

Quand la jolie brune passa la porte, je ne pus retenir un sourire.

— Arianna, l'accueillai-je, ravi.

— Matthieu, répondit-elle, attendrie.

Elle referma la porte de la chambre derrière elle et s'approcha de moi pour déposer un doux baiser sur ma joue. Depuis combien de temps n'avais-je pas saluer quelqu'un ainsi ? Elle vint se poster à côté de moi, s'asseyant sur le bord du lit.

— Tu vas bien ? demanda-t-elle peu à l'aise.

— On ne peut mieux, répondis-je en souriant.

— Aly m'a dit que... tu ne te souvenais de presque rien de ces dernières années.

— Ouais j'ai perdu la mémoire, avouai-je pour la première fois. Que t'a-t-elle dit d'autre ?

— Je l'ai croisée là, elle m'a dit ce qu'elle t'avait écrit je crois et ce qu'elle t'avait dit. Et elle m'a dit que tu te rappelais de moi, un peu.

Elle avait donc dit vrai, ne lui avait-elle rien dit d'autre ? Je finis par me décider à lui poser les questions.

— Donc on est sortis ensemble trois ans, c'est ça ? tentai-je. Je me souviens de toi, de ton scooter et de ton parfum. J'ai des souvenirs de nous deux mais pas de la fin de notre couple...

— Tant mieux alors, parce que nous étions un beau couple et sa fin n'était pas la meilleure chose qui nous soit arrivée.

— Raconte-moi la fin, soufflai-je doucement. Enfin, si ça ne te dérange pas bien sûr.

— Je suppose qu'Aly t'a raconté comment tu étais ?

— Oui, répondis-je sûr de moi.

— Eh bien... avec la drogue, tu étais devenu instable et violent, alors avant que ça n'aille trop loin, mon frère a décidé de mettre fin à notre couple, et tu as fait le choix de déménager, tu es parti pendant un an.

Il me fallut quelques secondes pour me rendre compte de ce qu'elle avait dit, de la façon dont elle m'avait décrit. Et je crus m'en souvenir, de cette manie d'en prendre toujours plus, d'en prendre à tout bout de champ. Etait-ce cela qui m'avait fait perdre la mémoire ?

— Je vois, finis-je par répondre.

Je ne voyais rien du tout, parce qu'Aly ne m'avait jamais parlé de cela, et en cet instant, je faisais plus confiance en Arianna qu'en Aly, mais je tentai de ne pas laisser transparaître mon trouble profond.

— Aly et moi étions proches ?

— Vous ne vous connaissez que depuis deux ans, quand tu as décidé de revenir et qu'elle est arrivée.

— Ouais, je sais ça, soufflai-je doucement.

— Oui, vous étiez proches. Votre relation était très fusionnelle.

Un doux sourire avait éclairé ses lèvres et un téléphone se mit à sonner : probablement le sien. Elle le sortit de sa poche après s'être excusée et décrocha avant de parler quelques instants.

— Mon frère vient d'être papa, m'informa-t-elle simplement.

Je me souvenais de son frère, je me souvenais de sa famille, et un léger sourire étira mes lèvres.

­— Félicites le de ma part, glissai-je.

­— Je ne suis pas sûre qu'il apprécie réellement mais je peux tenter. De quoi tu veux parler ? Je passerai le voir en sortant d'ici.