Derniers jours

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Louise regarda par la fenêtre. Il neigeait toujours. La nuit était tombée depuis longtemps. Cela faisait plusieurs heures qu'elle était rentrée en courant chez elle. Après l'épisode du café, avec cet homme qui l'avait tellement effrayée, elle avait fermé toutes les portes et fenêtres et poussé les verrous. Elle s'était ensuite installée sur son canapé, et la soirée lui était revenue. Elle avait eu peur, bien sûr. Elle n'avait pas compris qui était cet homme étrange, mais chacune de ses paroles avait pénétré son esprit, et elle le croyait. Mais ce qui lui revint plus encore, ce fut la détresse qu'elle avait ressentie avant, quand Timéo, son Timéo, lui avait annoncé qu'il ne voulait pas d'elle, qu'il ne pouvait plus la voir. Elle ressentit à nouveau cette colère froide, cette tristesse glaçante, et l'incompréhension la submergea encore une fois. Elle se mit à pleurer...

On sonna à la porte d'entrée. Louise essuya son visage, jeta un coup d'œil à son réveil. Qui pouvait bien sonner à 02:56 ? Elle frissonna, se leva, et marcha jusqu'à la porte. Elle osa un « Qui est-ce ? » timide. La voix de Timéo lui répondit. Elle hésita et finit par ouvrir. Il se tenait devant la porte, le visage plus dévasté encore que celui de la jeune fille. Elle vit qu'il avait pleuré. Il la regarda dans les yeux, puis baissa la tête, et s'expliqua :

« Je suis venu te demander pardon. J'ai été nul tout à l'heure, je te dois des excuses. Je peux entrer ? »

Louise hocha la tête et le laissa pénétrer son appartement. Il ne l'avait jamais fait, se contentant toujours de la raccompagner. Elle le fit s'installer sur le canapé et fit chauffer du lait. Il reprit.

« Louise, je suis vraiment désolé. J'ai été odieux et débile. Tu dois m'en vouloir, et tu n'as probablement pas envie de me voir, peut-être encore moins ce soir, mais si c'est le cas, je te préviens que c'est la dernière fois que je te parle, que je te regarde. Je voulais simplement venir m'excuser et puis t'expliquer. Si je t'ai demandé ça tout à l'heure, c'est parce que j'avais peur. Peur de moi, peur de m'engager dans une relation plus forte qu'une amitié. Je veux que tu saches ce que tu représentes pour moi. Je ne suis pas très à l'aise avec les mots, tu le sais, mais voilà, je suis là, comme un imbécile, et je sais plus comment te le dire. Tu es la fille que j'ai espérée pendant toutes les années de ma vie. Je t'ai attendue sans le savoir, et quand je t'ai vue, j'ai compris à quel point j'étais amoureux de toi depuis toujours. Tu fais partie de moi, tu possèdes mon cœur, parce que je te l'ai offert dès l'instant où je t'ai vue. Tu as ensoleillé ma vie. Je t'aime, Louise. Comme je n'ai jamais aimé personne et comme je n'aimerai personne d'autre. Je sais que j'ai tout gâché, que je suis nul, et que tu vas sans doute me mettre dehors, mais si tu acceptes de me laisser une deuxième chance, je veux que tu saches que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te rendre heureuse. Alors j'espère que tu me pardonnes. C'est le cas ? »

Louise ne répondit pas. Elle retira la casserole du feu, versa le lait dans des tasses, ajouta le chocolat en poudre, mit de la chantilly et du chamalow au-dessus et les apporta. Elle en donna une à Timéo, posa la sienne sur la table basse, attrapa son ordinateur, lança le film qu'elle s'apprêtait à regarder quand la sonnette avait retentit. Elle se posa à son tour sur le canapé, reprit sa tasse, et se blottit contre Timéo. Si elle lui pardonnait ? Bien sûr ! Elle l'avait pardonné à la seconde même où elle l'avait vu, devant sa porte. Elle se tourna et l'embrassa dans le cou. Il se pencha vers elle, la prit entre ses bras, passa la main dans ses cheveux, et ils regardèrent le film, serrés l'un contre l'autre.


Emylou sortit du café en dernière. Elle marcha un peu dans la neige, sans réussir à partir. L'homme l'avait hypnotisée, complètement. Elle piétinait sans savoir vraiment si elle avançait ou non. Ismaël marcha vers elle.

« Qu'est ce que tu fais ? Tu ne veux pas rentrer chez toi ? demanda t-il »

Elle le regarda, incapable de prononcer une seule parole. Ses yeux s'embuèrent.

The Game : Let's play for realWhere stories live. Discover now