«Les derniers passagers pour Paris sont priés de rejoindre rapidement leurs places, terminal 6 ».
Kilian, son sac sur le dos, se précipita à l'entrée du terminal. Son billet à la main, il se présenta au contrôleur. Un temps, un hochement de tête, et il se mit à courir à nouveau.
Il atteignit l'avion, grimpa à l'échelle, et se vautra à sa place, soufflant comme un bœuf.
« Quel con ! pensa-t-il. »
Un peu plus et il ratait sa dernière chance de fuir. Il avait eu chaud. Quelques minutes plus tard, les portes de l'avion se fermaient, les moteurs se mettaient en route, faisant trembler légèrement l'appareil. Décollage imminent. Il attacha sa ceinture, et s'envola dans l'énorme carcasse de métal. Il ne versa pas une larme en voyant s'éloigner le pays où il était né et avait vécu jusqu'ici, et où il ne reviendrait sans doute jamais. Trop risqué. Il fuyait à présent. Un peu lâchement, mais il n'avait été rien d'autre qu'un couard, jusqu'ici, et il ne voyait pas pourquoi cela changerait. Il ne voulait plus les voir, tous. Ses parents, ses amis, les touristes , les habitants. Qu'ils crèvent tous, cela lui importait peu. Après tout, il pensait être tellement supérieur à eux que leur mort aurait été presque un plaisir pour lui.
Assis paisiblement, confortablement installés, serrés les uns contre les autres, les passagers ne s'accordaient pas un regard. Chez eux, entre amis, ils échangeaient leurs idées, discutaient, s'insultaient parfois, aussi. Mais là, seuls les enfants semblaient vivants. Seuls eux, petits êtres énergiques, gesticulaient, riaient, pleuraient, provoquant les râles des voisins et la colère des parents. Kilian ne les aimaient pas. Ils se demandaient comment deux adultes normalement constitués pouvaient faire le choix idiot de s'encombrer de lardons grouillants et bruyants. Au bout de 19 ans d'existence, il n'avait toujours pas de réponse. Il s'affala un peu plus dans son siège. Il n'avait pas la vue, il n'avait que le couloir, et les jolies fesses de l'hôtesse de l'air qui passait et repassait. Il s'en fichait, malheureusement pour lui. Il ne songeait qu'à son départ. Il ne savait toujours pas si c'était une bonne idée. Lui qui savait à peine se faire un œuf sur le plat, le voilà qui partait seul, sans direction, sans ambition, sans foyer... Mais l'urgence, la précipitation l'avait empêché de penser. Il ferma les yeux.
Coup de fil, dans le salon. Kilian n'entendit pas sa mère se précipiter, alors il se traîna vers le téléphone.
« Ouais ?
- Kilian ? C'est Nadia. Tu peux me passer ta mère ?
- Oui, oui, ça va bien, merci.
- Oh pardon, je ne voulais pas... enfin...
- C'est bon, j'ai compris, je te la passe. »
Il posa le téléphone et appela sa mère. Pas de réponse. Elle devait être dans sa chambre. Il cria, plus fort encore. Toujours rien.
« Bouge pas, j'vais la chercher, ordonna-t-il à Nadia ».
Il le posa à nouveau, et marcha vers le porte de sa mère. Il frappa.
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The Game : Let's play for real
ParanormalneIls sont dix. Louise, July, Emylou, Bianca et Svetlana, les filles, et puis Timéo, Ismaël, Kilian, William et Marcus, les garçons. Ils ont entre 16 et 21 ans. Ils vivent des existences tranquilles, sans rien de bien particulier pour la plupart. Et...