Ils sont dix. Louise, July, Emylou, Bianca et Svetlana, les filles, et puis Timéo, Ismaël, Kilian, William et Marcus, les garçons. Ils ont entre 16 et 21 ans. Ils vivent des existences tranquilles, sans rien de bien particulier pour la plupart.
Et...
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« Bienvenue à vous, chers enfants. Je suis bien aise que vous soyez venus... Même si je n'en doutais pas une seule seconde. Il est temps pour vous d'en découvrir un peu plus, et de partir. Mais je vous dois avant cela quelques explications... Je me suis déjà présenté à vous la dernière fois, il n'est donc nul besoin de le refaire. Je vais donc vous expliquer le principe du Jeu. Il existe, par delà votre monde, des portails s'ouvrant sur d'autres dimensions, d'autres mondes. Chaque Maître du Jeu possède un portail donc un monde dont il fait ce qu'il veut, qu'il façonne à sa manière. C'est dans le mien que va se passer votre partie. Je vous préviens, il est très différent du vôtre. Mais vous le découvrirez par vous-même, n'est-ce pas ? »
Un silence lui répondit. Personne n'osait rien dire. Ils étaient tous complètement perdus, cherchant à comprendre le sens des paroles qu'ils venaient d'entendre. Un sourire satisfait traversa le visage de Gawen.
« Très bien ! Pas de question donc. Le principe du Jeu est le suivant. Par équipe de deux, les couples, vous dirigerez un royaume comportant plusieurs îles. Vous serez rois et reines de ces terres, et vous y gouvernerez selon votre bon vouloir. En soi, cette perspective est assez agréable. Seulement, il y a une petite entourloupette : vos royaumes sont ennemis, malheureusement... Et je crains que le peuple ne réclame du sang. C'est pourquoi, le Jeu est aussi appelé l'Arène. Vous êtes mes gladiateurs, et vous allez vous entretuer pour moi ! Formidable non ? »
À nouveau le silence. Mais cette fois-ci, Marcus prit la parole.
« Si je comprends bien, vous nous envoyer dans un monde parallèle pour qu'on s'y entretue joyeusement, uniquement pour vos beaux yeux ?
- Absolument. C'est une perspective réjouissante non ?
- Et si on refuse ?
- Ah oui. C'est ça que j'ai oublié de préciser : vous n'avez pas vraiment le choix.
- Et comment comptez-vous nous y forcer ? demanda Bianca, agressive.
- Eh bien en vous y envoyant quelque soit votre décision, quelle question ! Et vous ne pourrez repartir qu'en mourant, j'en ai peur. En mourant de la main de quelqu'un d'autre, bien sûr.
- Vous êtes un grand malade, intervint Svetlana.
- En fait non. Je suis un Maître. »
Sur ce, il leva la main, et leurs lèvres se collèrent, les empêchant de proférer le moindre mot.
« Un peu de silence à présent ! Je vais vous annoncer les duos. Comme je suis quelqu'un de très généreux et que je suis de bonne humeur, je vais faire les duos en mélangeant votre sauce et la mienne. »
Il les regarda. Louise se serra contre Timéo, et il passa sa main dans son dos. Marcus et July se prirent la main, et se regardèrent comme pour se dire adieu. Svetlana leva le menton d'un geste de défi, mais ses yeux trahissaient une pointe de peur. Kilian recula d'un pas. William baissa les yeux vers le sol, n'osant soutenir le regard de l'albinos. Ismaël jeta un bref coup d'œil à Emylou, qui s'était raidie. Bianca descendit du bar, lentement, en fixant attentivement le Maître. Celui-ci sourit, d'un de ces sourires qui vous glacent, vous font frissonner, vous inspirent les pires terreurs... Il regarda attentivement les jeunes gens qui lui faisaient face, semblant les scruter de l'interrieur. Mais en cet instant, il n'avait même pas besoin de pénétrer leurs esprits pour savoir ce que tous ressentaient : la peur.
« Alors... reprit-il. Wiliam mon garçon, viens ici s'il-te-plaît. Très bien. Bianca, approche. Voilà. Vous serez l'équipe marron. À qui le tour ? Emily-Lou ? oui, c'est ça, viens là. Alors... Hummmmm... Le choix est difficile ! Je dirais... Ismaël. Vous serez l'équipe verte. Ensuite... Timéo, viens voir. Pour toi, aucun doute : Svetlana. ».
Timéo le regarda, perdu et affolé. Les larmes coulèrent des yeux de Louise. Gawen rit et reprit.
« Non, je plaisante, détends toi. Louise, viens le rejoindre. Vous serez l'équipe rouge. Après, je dirais... Marcus et July, puisque vous ne voulez visiblement pas être séparés ! Vous serez les jaunes. Et je crois qu'il ne reste que Svetlana et Kilian, l'équipe violette ! Formidable ! Je crois que tout est prêt. Nous allons pouvoir commencer. »
Le Maître claqua des doigts, et le temps à nouveau s'arrêta.
« Je viens de faire l'acte le plus complexe que vous puissiez voir. J'ai arrêté vos temps. En bref, lorsque chacun de vous reviendra, il reprendra sa vie avant sa rencontre avec un autre joueur. Cela signifie que vous ne vous connaîtrez pas, mais aussi que vous aurez tout oublié du Jeu et de ce qui l'aura précédé. Vous reprendrez votre vie normalement. Il faudra reconstruire vos relations, et je tiens à préciser que vos rencontres seront quasiment impossibles, afin d'éviter de potentiels flash-back. Je dis quasiment, car vous aurez tout de même une minuscule possibilité, équivalente à 1%. Ainsi le temps s'écoulera plus ou moins lentement selon si vous mourrez dans les premiers ou les derniers, afin de rejoindre le cours normal du temps tous ensemble, à la date de notre rencontre, il y a une semaine. À partir de cette date, vous serez tous morts, et vos vies pourront reprendre normalement. Je ne pense pas que vous ayez compris, mais peu importe. Je crois qu'il est temps de visiter vos domaines. Majestés, après vous. Oh ! une dernière chose ! Etre en duo n'est pas forcément la solution l'a plus évidente lorsqu'on s'aime...». À nouveau, le Maître rit. Mais ils l'entendirent à peine, tant la peur qu'il avait provoquée était intense.
Unesensation de fraîcheur envahit les corps des 10 joueurs. Ils n'eurent pas letemps de penser à ce qu'il leur arrivait. Ils sentirent une vive douleur dansle cœur et une phrase résonna dans leurs têtes : « Il faut croirepour voir ». Ils sentirent leurs esprits être mis à nu et un souffle lesfouiller. Ils perdirent connaissance les uns après les autres, avec pourdernière image une lumière violente et un tunnel sans fin, qui ne menait nullepart. Puis, plus rien.