« TIMÉO !!!!! »
Louise se redressa en sursaut sur le lit, les yeux écarquillés, la bouche tordue par la peur. Elle avait hurlé. Elle entendit des pas rapides dans le couloir, et une porte s'ouvrit. Elle réalisa à cet instant qu'elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle se trouvait. La créature qui entra laissa Louise tant effrayée qu'éblouit. Sur sa peau sombre avaient été peints en blanc des tatouages. Un au visage, un sur le haut de la poitrine et les épaules. Elle avait les yeux d'un bleu à vous transpercer l'âme, à vous broyer le cœur. Ses cheveux noirs étaient maintenus dans une coiffure alambiquée et pas un ne dépassait. Elle portait au coup un collier en fer blanc gravé de rouge, assorti à sa robe. Elle était vêtu comme une courtisane, les épaules dénudées, des manches lui retombant sur les coudes, et une robe en apparence très lourde. Mais le plus étonnant, ce qui perturba l'esprit de Louise, ce furent ses cornes. Elle en avait deux, sur le côté du crâne, rouges et blanches elles aussi. Malgré cela, à cause de cela peut-être, elle était magnifique. Il se dégageait d'elle une aura douce et puissante à la fois. Louise, en la voyant entrer dans la chambre, se sentit toute petite, tellement inférieur à cette créature. Elle songea qu'elle devait être une princesse, une épouse de roi, ou une noble, du moins. Mais la créature s'inclina devant Louise, qui ne sut que faire, et ne comprit rien.
« Je m'appelle Amarië, dit la créature en se relevant. Je suis chargée de vous pendant votre séjour parmi nous, majesté. Je suis honorée de cette tâche, et espère l'accomplir avec la qualité qui vous est due. ».
Elle avait une voix grave, un peu rauque où pointait la lassitude, malgré l'énergie qui émanait d'elle. Elle reprit.
« Je suis issue du peuple des Malornes. J'ai été choisie parmi les servantes du château pour vous servir, humblement. J'ai été chargée d'exécuter les moindres de vos désirs ainsi que ceux de sa majesté votre époux. »
Louise s'étouffa, la regarda, vit l'étonnement se peindre sur son visage, et éclata de rire.
« Si vous parlez de Timéo, nous ne sommes pas mariés. Nous sommes ensembles, rien de plus. »
L'incompréhension d'Amarië se lisait sur son visage. Mais en voyant sa maîtresse rire, elle se détendit et fit de même. Soudain, elle se figea en regardant l'horloge.
« Majesté ! L'heure tourne et vous n'êtes pas encore sortie de votre lit ! Il faut vous préparer !
- Me préparer ? s'étonna la rouquine. Mais me préparer à quoi ?
- Eh bien à la Cérémonie ! Le Maître ne vous a rien dit ? »
Louise hocha la tête. Elle ne savait rien de cette Cérémonie. Elle ne savait même pas où elle était. Amarië la fit descendre du lit, et, tout en la déshabillant, elle lui expliqua la situation.
Louise et Timéo s'étaient vu attribué un royaume, le royaume d'Yspan. Ils devaient désormais y régner en tant que roi et reine. Ils avaient été transportés dans le château de la capitale, Ashlindeca, afin de se préparer à la Cérémonie. Cette dernière, d'après ce qu'avait compris Amarië, consistait à présenter les différents joueurs aux peuples, et serait la seule fois où les 10 seraient réunis, avant le début des conflits. Il y aurait des tensions, bien sûr, mais c'était avant tout un moment de joie, car seul la noblesse était assemblée, et le petit peuple, dont elle faisait partie, n'était pas autorisé à entrer, sauf ordre des joueurs. Tout en parlant, Amarië avait mis Louise en sous vêtements et avait ouvert une porte. Désormais, elle avait disparue dans une petite pièce. Louise en profita pour regarder autour d'elle. Elle se trouvait dans une vaste pièce, une chambre, comme semblait l'indiquer l'immense lit à baldaquin. Tapissé de rouge, elle était assez sombre. Plusieurs portes menaient vers d'autres pièces. Louise en ouvrit une. C'était un dressing, de la taille de son appartement. Il y avait là des centaines de tenues différentes, certaines protégées sous des housses, d'autre à découvert. La jeune fille eut l'impression de rêver. Elle allait s'enfoncer plus avant dans cette pièce magique, quand Amarië l'interpela.
« Si sa majesté veut bien, il serait préférable que nous nous occupions de sa toilette avant de la vêtir ». Louise se sentit comme une petite fille que l'on rappelle à l'ordre. Elle abandonna la garde robe à contre cœur, et s'approcha de sa servante.
Elle pénétra dans une salle de bain d'autrefois, digne d'un livre de conte. Une baignoire et un lavabo en porcelaine, une petit meuble de bois, des seaux d'eau brûlante, et une odeur de rose... Elle se dévêtit rapidement, gênée par la présence muette d'Amarië dans son dos, et entra dans la baignoire. La belle Malorne versa les sceaux, lentement, et Louise s'enfonça dans l'eau. La chaleur la soulagea de ses doutes et la libéra de son angoisse. Elle se retrouva dans un état de semi conscience, sentant les mains d'Amarië lavé sa peau, avec une douceur incroyable. Plus rien ne l'atteignait. Elle n'avait plus conscience du temps, plus envie de rien que d'être là, dans ce bain aux odeurs florales. Elle avait fermé ses yeux. Elle s'endormait à moitié. Elle rêvassait paisiblement...
« Majesté ? Je suis désolée, mais il faut vraiment que nous commencions à vous préparer... »
La voix d'Amarië avait résonné dans un coin de la tête de Louise, qui ouvrit ses yeux à regret. Elle s'extirpa de l'eau et s'enroula dans le linge moelleux que lui tendait la servante. Elle se frictionna elle-même, refusant l'aide proposée. Puis, elle voulut remettre ses sous-vêtements, les chercha des yeux, mais ne les trouva pas. Amarië lui tendit une tunique de coton fin, puis sans attendre de réaction, la lui passa par dessus la tête, et l'en vêtit. Louise se sentait nue. Elle ne dit rien, pourtant, et suivie la belle Amarië dans la chambre.
Sur le lit avait été posé un justaucorps blanc en coton. Lorsque sa servante disparût dans la garde robe, Louise se précipita dessus, retira la tunique et l'enfila à la place. Elle se sentit plus à l'aise, mais elle n'avait pas remit la tunique quand Amarië revint. Elle se sentit à nouveau comme un enfant prit en flagrant délit et rougit. La servante ne dit rien, lui fit remettre sa tunique par dessus, puis, elle la fit pivoter vers un miroir en pied. Avec un sourire qui éclaira son visage, elle s'exclama alors :
« Je crois que nous allons pouvoir commencer ! »
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The Game : Let's play for real
ParanormalIls sont dix. Louise, July, Emylou, Bianca et Svetlana, les filles, et puis Timéo, Ismaël, Kilian, William et Marcus, les garçons. Ils ont entre 16 et 21 ans. Ils vivent des existences tranquilles, sans rien de bien particulier pour la plupart. Et...