Emylou se pencha vers Idril.
« Et maintenant, je vais où ?
- Tu suis la foule, tu entres, et tu attends qu'on t'appelle. Et à ce moment...
- Je m'approche du crieur, et je me débrouille pour retrouver rapidement Ismaël, histoire de ne pas avoir l'air trop idiote.
- Tu vois, tu gères déjà parfaitement ton rôle. Je te laisse majesté, je ne préfère pas entrer. Galweg et moi ne sommes pas très bien vu par les bourgeois...
- Il faudra que tu m'expliques ça, un de ces jours.
- Hum hum »
Idril avait déjà fait demi-tour et retournait vers le château où elle servait. Sans sa nouvelle alliée, Emylou se sentit totalement démunie. La robe qu'elle était obligée de porter l'incommodait. Elle n'aurait pas été gênée par ce vêtement sublime, si elle n'avait dû rentrer dans ce foutu château bondé de vieux nobles aux regards pervers.
Emylou retrouva son « masque » avec un plaisir brutal. Personne ne la verrait avoir peur, personne ne devinerait sa gêne. La tête haute, elle se mit en marche et fendit la foule. Sur son passage, les gens s'écartaient, murmuraient. Elle remarqua qu'elle était la seule en blanc et bleu...
« Et merde... pensa t-elle. Foutues fringues. Tout est prévu pour qu'on nous remarque dès notre entrée. »
Elle franchit les dernières marches, les deux immenses portes, débouchant dans un hall plus grand que toutes les pièces qu'elle avait eu l'occasion de voir. Il faisait la taille d'une maison. Elle en devinait à peine le fond. La foule se pressait pour la laisser passer, et Emylou se sentait mal... La colère montait en elle. Qui étaient ces gens pour la juger ainsi ? Qu'ils aillent au diable, eux et leur Cérémonie !
Une main lui attrappa le bras, elle se retourna brusquement, la main levée pour frapper le malotru qui avait osé la toucher. Elle s'arrêta à quelques centimètres du visage de la rouquine dont elle ne savait toujours pas le nom.
« Je ne sais pas comment tu t'appelles, mais actuellement, si je ne reste pas avec quelqu'un que je connais vaguement, je vais m'évanouir... avoua la gamine. Je peux profiter de ta compagnie pour garder un minimum de prestance ? Je m'appelle Louise. »
Emylou regarda cette ado. Elle ne lui donnait pas plus de 16 ans. Ce Gawen, il lui volait plus encore qu'aux autres. Elle devait être la plus jeune de tous. Elle regardait l'écossaise avec les yeux d'un lapin devant les phares d'une voiture. La panique et l'espoir se battaient en elle. Il n'y avait aucune raison de se méfier, bien au contraire.
« Emylou, pour te servir. Je crois qu'on a intérêt à se serrer les coudes jusqu'à retrouver nos comparses, toutes les deux. Dieu lui-même ne sait pas comment va tourner cette comédie lugubre. Lâche mon bras, redresse-toi, et marche à côté de moi sans les regarder. Ferme ton visage pour paraître plus forte, et ne te déconcentre pas. Reste avec moi. »
Louise s'exécuta du mieux qu'elle pu. Sa présence rassura un peu Emylou. Elle avait un but à présent : retrouver le blondinet et Ismaël, protéger la petite, et avoir l'air puissante pour elles deux. Elles reprirent la marche, ne sachant pas vers où ni quoi. Derrière elles, la foule se refermait, bruissante de mille murmures intrigués. Emylou regarda Louise. Ses cheveux attaché en une cascade d'anglaises flambaient à la lumière du soir et des lustres. Elle était vêtue d'une robe blanche à motifs floraux bleu clair. Elle était à peine maquillée, les lèvres rosies et les yeux légèrement soulignés par le noir de son mascara. Elle portait pour couronne un serre-tête de perles blanches, rappelant adroitement son collier et sa ceinture. Elle était ravissante.
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The Game : Let's play for real
ÜbernatürlichesIls sont dix. Louise, July, Emylou, Bianca et Svetlana, les filles, et puis Timéo, Ismaël, Kilian, William et Marcus, les garçons. Ils ont entre 16 et 21 ans. Ils vivent des existences tranquilles, sans rien de bien particulier pour la plupart. Et...